Miracles, prodiges et signes

    De Wiki Maria Valtorta
    "Il guérissait les malades", d'après James Tissot (1836-1902), Musée de Brooklyn

    Selon le témoignage de Pierre au jour de la Pentecôte[1], Jésus est celui par qui Dieu a accompli "des miracles, des prodiges et des signes". Ce sont les œuvres de Dieu (en grec "erga") qu'il accomplit par son Fils à qui il est unit au point d'être mutuellement l'un dans l'autre. Ce sont ces œuvres miraculeuses qui témoignent de cette unité[2].

    • Les miracles (en grec "dunameis") sont des "actes ou des manifestations de puissance". Ce sont donc des faits que l'on peut constater.
    • Les signes (en grec "semeion"):sont le sens qu'ils prennent dans le plan de Salut de Dieu. Au cours des miracles rapportés par Jean, Jésus insiste sur ce terme.
    • Les prodiges (en grec "terata") sont l'illustration de leur caractère inaccessible aux lois usuelles des hommes mais accessibles à leur Créateur. Cependant, tous les prodiges ne sont pas œuvres de Dieu. Moïse changea son bâton en serpent à la demande de Pharaon qui exigeait un prodige, mais ses magiciens en firent autant[3].

    Tous ses aspects se retrouve réunis dans les œuvres de Dieu. Ainsi quand Jésus marche sur les eaux[4], il accomplit un acte (miracle) stupéfiant (prodige) symbole (signe) prophétique de sa victoire sur le Mal. Cette unicité du miracle est explicitée par Jésus lui-même lors de l'épisode du Pain du Ciel qui suit la seconde multiplication des pains. Jésus reproche à la foule de le suivre non pour le signe qu'il vient de donner, mais pour le prodige de la multiplication des pains. Les interlocuteurs lui demandent alors comment contribuer aux œuvres de Dieu, et Jésus les définit : "L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé." La foi est donc fondamentalement liée au miracle[5].

    Le miracle est lié au Dieu Créateur

    Dieu est l'auteur de la Création, réalisée par Jésus, Verbe de Dieu : "Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu[6]." Toutes les lois de la Création lui sont donc accessibles et inhérentes à sa nature : "C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui[7]." Le pouvoir du miracle est constituant de sa divinité et s'Il les réalise c'est pour concrétiser, par des signes, sa mission Rédemptrice auprès des hommes[2].

    Qui associe, par la foi, l'homme

    Le miracle est accessible à celui "qui croit en Jésus" et le fait "en son nom[8]" animé d'une foi profonde[9] en son intercession. L'Homme est donc participant aux œuvres de Dieu comme le proclame le psalmiste : "À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu'est-ce que l'Homme pour que tu penses à lui, le fils d'un homme, que tu en prennes souci ? Tu l'as voulu un peu moindre qu'un dieu, le couronnant de gloire et d'honneur ; tu l'établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds[10]."

    C'est pourquoi l'Homme peut, en retour, louer son Créateur : "Je reconnais devant toi le prodige, l'être étonnant que je suis : étonnantes sont tes œuvres toute mon âme le sait[11]."

    Cependant le pouvoir de Dieu n'a qu'une seule limite : le libre-arbitre de l'Homme et son pouvoir irrévocable de choisir la vie ou la mort[12].

    Dans Maria Valtorta[modifier | modifier le wikicode]

    1. Le miracle est union à Dieu[modifier | modifier le wikicode]

    1.1 - L'obéissance à la Loi est déjà l'union à Dieu.
    "Jean m'a raconté le miracle que tu as fait à Cana., dit André à Jésus.. Nous espérions tant que tu en fasses un à Capharnaüm... Et Toi tu nous a dit que tu ne faisais pas de miracle sans avoir auparavant accompli la Loi. Pourquoi alors, à Cana ? Pourquoi là et pas dans ta patrie ? " - "Toute obéissance à la Loi est union à Dieu et donc accroissement de notre pouvoir. Le miracle est la preuve de l'union à Dieu, de la présence bienveillante de Dieu et de son accord avec nous. C'est pour cela que j'ai voulu remplir mon devoir d'israélite avant de commencer la série des prodiges." - "Mais tu n'étais pas tenu à observer la Loi." - "Pourquoi ? Comme Fils de Dieu, non. Mais comme Fils de la Loi, si (EMV 54.7)."
    1.2 - Le miracle ne s'enseigne pas, il s'obtient. À Judas qui lui demande : "Et est-ce que tu nous enseigneras aussi à faire des miracles, cette année ?", Jésus répond :  
    "Le miracle ne s'enseigne pas. Ce n'est pas un jeu d'amuseurs. Le miracle vient de Dieu, l'obtient qui est en grâce près de Dieu. Si vous apprenez à être bons, vous aurez la grâce et obtiendrez le miracle (EMV 149.3)."
    1.3 - Le miracle est toujours la preuve de la présence de Dieu. C'est le scandale à Magdala: deux amants de Marie-Madeleine se sont entretués. Le moribond, poignardé au cœur est un père de famille. Jésus le fait ramener chez lui et le guérit par pitié pour la douleur de son épouse et de ses enfants. La mère de l'égaré veut le sermonner.
    "Femme, tais-toi. Montre la même miséricorde dont tu as profité. Ta maison est sanctifiée par le miracle[13] qui est toujours une preuve de la présence de Dieu. C'est pour cela que je n'ai pu l'accomplir dans la maison du péché. Toi, au moins, garde ta maison telle, même si lui ne le sait pas. Soignez-le, maintenant. Il est juste qu'il souffre quelque peu. Sois bonne, femme. Et toi. Et vous, les petits. Adieu."
    1.4 - On ne peut confondre le prodige qui vient de Dieu avec celui qui vient du Démon. Jésus vient de délivré un possédé, mais les pharisiens viennent semer la terreur chez le miraculé : Jésus l'a délivré d'un démon, mais celui qui va le remplacer sera plus terrible. Le miraculé, complètement effrayé, court après Jésus pour lui demander son premier état. Jésus avertit l foule de ce méfier du levain des pharisiens et avertit : tout ce qu'ils font dans l'ombre sera connu au grand jour[14]. Puis il rassure le miraculé :
    Il y a une manière sûre pour savoir si un prodige vient de Dieu ou du démon. Et c'est ce que l'âme éprouve. Si le fait extraordinaire vient de Dieu, il verse dans l'âme la paix, La paix et une joie pleine de majesté. S'il vient d'un démon, c'est le trouble et la souffrance qui viennent avec ce prodige. Et c'est aussi des paroles de Dieu que viennent la paix et la joie, alors que de celles d'un démon, que ce soit un démon esprit ou un démon homme, viennent le trouble et la souffrance. Et c'est aussi du voisinage de Dieu que viennent la paix et la joie, alors que du voisinage des esprits ou des hommes mauvais viennent le trouble et la souffrance (EMV 421.4).

    2. On ne demande pas à Dieu des miracles à des fins humaines[modifier | modifier le wikicode]

    2.1 - Le dévoiement du miracle amène à l'orgueil. Commentant pour Maria Valtorta la tentation au désert, Jésus dit :
    "Le miracle, flamme du Ciel, ne se prête pas à se faire cercle d’osier pour qu’on s’en fasse une couronne... Et on ne tente pas Dieu en Lui demandant des miracles à des fins humaines. C’est cela que voulait Satan. Le motif présenté était un prétexte; la vérité était : “Glorifie-toi d’être le Messie“, pour m’amener à l’autre concupiscence, celle de l’orgueil (EMV 80.9)."
    2.2 - Le miracle peut être invisible et obtenu par une invisible prière. Dina vient d'avoir sa troisième fille. Philippe son mari est déçu de ne pas avoir de garçon et devient blessant et cruel. Jésus, de manière invisible, guérit son cœur en évoquant un fils qu'il aura. Plus tard, les apôtres questionnent Jésus à propos d'un de ses commentaires sur le rapport de la femme à la prière:
    "La prière, c'est la conversation du cœur avec Dieu et elle devrait être l'état habituel de l'homme. La femme, à cause de sa vie plus retirée que la nôtre et par ses facultés affectives plus fortes que les nôtres, est portée plus que nous à cette conversation avec Dieu. En elle, elle trouve le réconfort pour ses douleurs, le soulagement pour ses fatigues, qui ne sont pas seulement celles du ménage et des enfantements, mais aussi celles de nous supporter, nous les hommes, elle trouve ce qui essuie les pleurs et ramène un sourire au cœur. Car elle sait parler avec Dieu, et le saura plus encore dans l'avenir. Les hommes seront les géants de l'enseignement, les femmes seront toujours celles qui, par leurs prières, soutiennent les géants et même le monde, car beaucoup de malheurs seront évités grâce à leurs prières et beaucoup de châtiments évités. Elles feront donc le miracle, invisible la plupart du temps et connu de Dieu seul, mais non irréel pour autant."  

    "Toi aussi, aujourd'hui, tu as fait un miracle invisible et pourtant réel, n'est-ce pas, Maître ?" demande le Thaddée.

    "Oui, frère."          

    "Il était préférable de le faire visible" observe Philippe.      

    "Voulais-tu que je change la petite en garçon ?  Le miracle, en réalité, est une altération des choses qui sont fixées, un désordre bénéfique par conséquent, que Dieu accorde pour consentir à la prière de l'homme, pour lui montrer qu'Il l'aime ou le persuader qu'Il est Celui qui est. Mais étant donné que Dieu est ordre, Il ne viole pas l'ordre exagérément. La fillette est née femme et elle reste femme (EMV 262.10)."   
    2.3 - La foi précède le miracle. À Gamla les habitants utilisent des vétérans romains comme garde-chiourme de forçats qu'ils utilisent pour la construction de leurs remparts. Les coups de fouet pleuvent sur le dos des affamés. Jésus intervient auprès d'un garde surpris et contrarié. Des habitants présentent Jésus : "C'est le Rabbi de Galilée. Celui qui commande aux maladies, aux vents, aux eaux et aux démons et change les pierres en pain, et rien ne Lui résiste."
    "Fais un miracle et je croirai."  défie le garde-chiourme.  "On ne demande pas des miracles pour croire, répond Jésus. On demande la foi pour croire et obtenir ainsi le miracle. La foi et la pitié pour le prochain (EMV 455.9)."
    2.4 Le miracle est généralement le fruit de la sainteté, mais aussi, parfois, d'une âme vendue aux Ténèbres. Judas, de plus en plus rebelle, prétend devant les autres apôtres stupéfaits, avoir fait des miracles à son initiative (EMV 528.5). Les apôtres s'en inquiètent auprès de Jésus. Une occasion se présente à eux :
    "Maître, dit Matthieu, les paroles d'Élise me rappellent une question que certains nous ont posée aujourd'hui en route. Ils demandaient, car il s'était produit un fait dans un village, si le miracle est toujours preuve de sainteté. Je leur disais que oui, mais eux disaient que non. En effet dans ce village, aux confins de la Samarie, celui qui avait fait des choses extraordinaires n'était certainement pas un juste. Je les ai fait taire en disant que l'homme juge toujours mal et que celui dont ils disaient qu'il n'était pas juste, l'était, peut-être plus qu'eux. Toi, qu'en dis-tu ?"  

    "Je dis que vous avez tous raison, chacun de son côté. Toi en disant que le miracle est toujours une preuve de sainteté : généralement il en est ainsi, et encore en disant qu'il ne faut pas juger pour ne pas se tromper. Mais eux aussi avaient raison de soupçonner d'autres sources pour ce que l'homme avait fait d'extraordinaire."

    "Quelles sources ?" demande l'Iscariote.      

    "Des sources ténébreuses. Il y a des créatures déjà adoratrices de Satan, car elles ont le culte de l'orgueil, qui pour s'imposer aux autres se vendent elles-mêmes au Ténébreux, afin de l'avoir pour ami" lui répond Jésus.

    "Mais est-ce possible ? N'est-ce pas une légende des pays païens que l'homme puisse faire des contrats avec le démon ou des esprits infernaux ?" demande Jean stupéfait.    

    "C'est possible. Pas comme on le raconte dans les légendes païennes, pas avec de l'argent ou des contrats matériels, mais en adhérant au Mal, mais en choisissant, en se donnant soi-même au Mal afin d'avoir une heure de triomphe quelconque. En vérité je vous dis que ceux qui se vendent au Maudit, pour arriver à leur but, sont plus nombreux qu'on ne croit."        

    "Et ils réussissent ? Ils ont vraiment ce qu'ils demandent ?" demande André.        

    "Pas toujours et pas tout. Mais ils ont quelque chose (EMV 529.5)."   
    2.5 - Le miracle ne peut être accordé là où il n'y a pas la foi. Jésus à bien reçu l'appel au secours des sœurs de Lazare mourant. Mais il tarde à revenir à Béthanie, quand brusquement il se décide selon Jean 11,6-16. Les apôtres veulent l'en empêcher : il y va de sa vie !
    "Laissez-moi donc faire, et faire du bien tant que je suis libre de le faire. L'heure viendra où je ne pourrai remuer un doigt ni dire une parole pour opérer le miracle. Le monde sera vide de ma force. Heure redoutable de châtiment pour l'homme. Pas pour Moi. Pour l'homme qui n'aura pas voulu m'aimer.  Heure qui se répétera, par la volonté de l'homme qui aura repoussé la Divinité jusqu'à faire de lui-même un sans Dieu, un disciple de Satan et de son fils maudit. Heure qui viendra quand sera proche la fin de ce monde. La non-foi devenue maîtresse souveraine rendra nulle ma puissance de miracle. Ce n'est pas que je puisse la perdre, mais c'est que le miracle ne peut être accordé là où il n'y a pas de foi ni de désir de l'obtenir, là où on ferait du miracle un objet de mépris et un instrument au service du mal, en se servant du bien obtenu pour faire un plus grand mal. Maintenant je puis encore faire le miracle, et le faire pour donner gloire à Dieu (EMV 247.5)."
    2.6 - Les deux exigences dans la demande de miracle. À propos de la résurrection de Lazare, Jésus commente à Maria Valtorta :
    Il y a deux formes d'exigence dans la demande du miracle. À l'une Dieu se soumet avec amour. À l'autre, Il tourne le dos avec indignation. La première est celle qui demande, comme j'ai enseigné à demander[15], sans défiance et sans découragement, et qui ne pense pas que Dieu ne puisse pas l’écouter parce que Dieu est bon, et que celui qui est bon exauce, parce que Dieu est puissant et peut tout. Cela c'est de l'amour et Dieu exauce celui qui aime. L'autre forme, c'est l'exigence des révoltés qui veulent que Dieu soit leur serviteur et se plie à leurs méchancetés et leur donne ce qu'eux ne Lui donnent pas: l'amour et l'obéissance. Cette forme est une offense que Dieu punit par le refus de ses grâces (EMV 548.23)."

    3. Le miracle sert au Salut[modifier | modifier le wikicode]

    3.1 - Le miracle est une récompense, un aiguillon ou une semonce.
    "Pour les bons, le miracle est une juste récompense. Pour les moins bons, c'est pour les amener à une bonté véritable. Pour les mauvais, aussi parfois, c'est pour les secouer, pour les persuader que j'existe et que Dieu est avec Moi. Le miracle est un don et ce don est pour les bons. Mais Celui qui est Miséricorde et qui voit combien les hommes sont lourds et que seul un événement prodigieux peut les secouer, y recourt aussi pour pouvoir dire : "J'ai tout fait pour vous, et cela n'a servi à rien. Dites-moi donc vous-mêmes, ce que je dois faire de plus (EMV 88.4)."  
    3.2 - Le miracle n'est profitable qu'à celui qui chemine vers la foi. Jésus sauve de la morsure mortelle d'un serpent, le petit-fils d'Eli, un pharisien hostile, reconnaissant le temps de l'émotion. Jésus procède comme le ferait un médecin, ce qui interroge les apôtres.
    "Pourquoi, Maître, ne pas avoir accompli un miracle éclatant ? Tu aurais dû ordonner au venin de quitter l’enfant, tu aurais dû te montrer Dieu. Au lieu de cela tu as sucé le venin comme l’aurait fait le premier venu."      

    Judas n’est pas très content. Il aurait voulu quelque chose de sensationnel. Mais d’autres sont du même avis : "Tu devais écraser cet ennemi de toute ta puissance. Tu as entendu, hein ? Son venin est aussitôt réapparu… "   

    "Peu importe le venin. Observez plutôt que, si j’avais agi comme vous l’auriez souhaité, il aurait dit que Béelzéboul m’aidait. Dans son âme en ruines, il peut encore admettre mon pouvoir de médecin. Pas davantage. Le miracle amène à la foi ceux qui sont déjà sur cette route. Mais chez ceux qui n’ont pas d’humilité – la foi prouve toujours l’existence de l’humilité dans une âme –, le miracle les pousse au blasphème. Par conséquent, mieux vaut éviter ce risque en recourant à des procédés apparemment humains (EMV 161.5)."     
    3.3 - Le miracle manifeste la bonté de Dieu. En syro-Phénicie un berger désaltère Jésus du lait de ses brebis. Il est connu de réputation. Le berger lui demande un miracle sur ses brebis.
    "Je te remercie du lait que tu m'as donné. Que veux-tu de moi ?

    — Tu es le Nazaréen, n'est-ce pas ? Celui qui fait des miracles ?  

    — Je suis celui qui prêche le salut éternel. Je suis le Chemin pour aller au vrai Dieu, la Vérité qui se donne, la Vie qui vous vivifie. Je ne suis pas un sorcier qui fait des prodiges. Eux sont les manifestations de ma bonté et de votre faiblesse, qui a besoin de preuves pour croire. Mais qu'attends-tu de moi ? (EMV 330.5)"
    3. 4 - Le miracle accroit la bonté, mais peut précipiter la déchéance. Le temps de la Passion approchant, Jésus prépare ses apôtres à la séparation. Il continuera à les conseiller.
    Jude Thaddée demande : "Ne pourrais-tu pas le faire pour tous dès maintenant ? Je veux dire : pour ceux qui doutent, pour les coupables, pour les renégats. Peut-être un miracle..."      

    "Non, frère. Le miracle fait beaucoup de bien, le miracle de cette espèce spécialement, quand il est donné au temps et au lieu voulus à des personnes qui ne sont pas malicieusement coupables. Donné à des personnes malicieusement coupables, il augmente leur culpabilité car il augmente leur orgueil. Le don de Dieu, ils le prennent pour une faiblesse de Dieu qui les supplie, eux les orgueilleux, de Lui permettre de les aimer. Le don de Dieu, ils le prennent pour le fruit de leurs grands mérites. Ils se disent : "Dieu s'humilie avec moi, parce que je suis saint".

    C'est la ruine complète, alors. La ruine d'un Marc de Josias, par exemple, et d'autres avec lui... Malheur, malheur à qui prend ce chemin satanique. Le don de Dieu se change en lui en poison de Satan.  C'est l'épreuve la plus grande et la plus assurée du degré d'élévation et de volonté sainte dans un homme, que d'être gratifié de dons extraordinaires. Très souvent l'homme en est enivré humainement, et de spirituel il devient toute humanité, et puis il descend et devient démoniaque (EMV 369.4)."
    3.5. - Le miracle est puissance du Dieu Créateur qui se heurte au libre-arbitre de l'Homme. En syro-Phénicie, Jésus est abordé par une femme de Sidon, éplorée. Son fils aîné est aveugle : sous les paupières, il n'y a rien. Dans une prière muette, les pouces sur les deux orbites de l'enfant, Jésus prie son Père. "Vois ! Je le veux ! Et loue le Seigneur !". Dans les orbites vides, il y a maintenant deux yeux bleu-foncé magnifiques. "Voici ton fils qui sera ton honneur et ta paix. Montre-le à ton mari et il reviendra à ton amour," La femme éclate en sanglots : son mari la traite comme une femme répudiée car elle n'a eu que des filles et un garçon aveugle avant de devenir stérile. Son dernier espoir était en Jésus.
    "Va ! Dis à Daniel, ton mari, que Celui qui a créé les mondes, a donné deux claires étoiles pour pupilles au petit consacré au Seigneur. Car Dieu est fidèle à ses promesses et Il a juré que celui qui croit en Lui verra toutes sortes de prodiges. Qu'il soit maintenant fidèle au serment qu'il a fait et qu'il ne commette pas de péché d'adultère. Dis cela à Daniel. Va ! Sois heureuse. Je te bénis toi et cet enfant et avec toi, ceux qui te sont chers (EMV 473.6)."
    Et plus loin, Jésus commente à Maria Valtorta.
    "Pour ceux qui ont foi en Lui, Dieu dépasse toujours les demandes de ses enfants et Il leur donne encore davantage. Crois-le cela et croyez-le tous. La femme qui était venue de Sidon pour me trouver, avec les deux épées enfoncées dans le secret de son cœur, n'osa me dire le nom que de l'une. C'est qu'il est plus pénible de dévoiler certaines souffrances intimes que de dire : "Je suis malade". Mais je lui donne aussi le second miracle. Aux yeux du monde, il aura semblé et il semblera toujours qu'il est beaucoup plus facile de rétablir la concorde entre deux époux séparés par un motif qui désormais est surmonté, - et heureusement, - que de donner deux pupilles à deux yeux qui sont nés sans les avoir. Mais non, il n'en est pas ainsi.  Pour Celui qui est le Seigneur et le Créateur, faire deux pupilles est une chose très simple comme de rendre à un cadavre le souffle de la vie. Le Maître de la Vie et de la Mort, le Maître de tout ce qui existe dans la Création, ne manque certainement pas de souffle vital pour l'infuser de nouveau aux morts et de deux gouttes de liquide humoral pour un œil desséché. Il suffit qu'il le veuille pour le pouvoir. Car cela dépend de sa seule volonté. Mais quand il s'agit de concorde entre les hommes, il faut la "volonté" des hommes unie au désir de Dieu (EMV 473.7)."

    4. Le miracle est lumière pour les yeux obscurcis[modifier | modifier le wikicode]

    4.1 - Il y a des saints qui ne font pas de miracles et des mages qui font des prodiges. À un banquet, Félix, un pharisien hostile, tente de piéger Jésus.
    "Qu'il explique alors, celui-ci (Jésus), pourquoi Aaron n'a pas fait de miracles et que Moïse en a fait." crie bruyamment Félix.      

    Jésus répond sans tarder :      

    "C'est que Moïse devait s'imposer à la masse lourde et peu éclairée, et même opposée, des Israélites et arriver à avoir de l'ascendant sur eux, de manière à les plier à la volonté de Dieu. L'homme est l'éternel sauvage et l'éternel enfant. Il est frappé par tout ce qui sort de l'ordinaire. Le miracle c'est ça : une lumière que l'on agite devant des pupilles obscurcies c'est un bruit près des oreilles bouchées. Il réveille. Il appelle l'attention. Il fait dire : "Dieu est là".        

    "Tu le dis, à ton avantage." réplique Félix.  

    "À mon avantage ? Et qu'est-ce que cela me donne de plus quand je fais un miracle ? Puis-je paraître plus grand si je me mets un brin d'herbe sous le pied ? Le rapport est le même entre le miracle et la sainteté. Il y a des saints qui n'ont jamais fait de miracles. Il y a des mages et des nécromanciens qui mettent en œuvre des forces obscures pour en faire, c'est-à-dire qu'ils font des choses surhumaines mais qui ne sont pas saintes, et ils sont, eux, des démons. Je serai Moi-même, même si je ne fais plus de miracle (EMV 114.7)."
    4.2 - Le miracle, comme le signe sacramentel, rend tangible la grâce. Jésus a pris avec lui Jacques d'Alphée, une des colonnes de l'Église future[16] et premier évêque de Jérusalem. Il lui communique ses instructions sur l’Église et les sacrements. "Que sont ces choses ? " demande Jacques.
    "Ce sont des moyens surnaturels et spirituels, appliqués aussi avec des moyens matériels, employés pour persuader les hommes que le prêtre fait réellement quelque chose. Tu vois que l'homme s'il ne voit pas ne croit pas.  Il a toujours besoin de quelque chose qui lui dise qu'il y a quelque chose. Pour ce motif, quand je fais des miracles, j'impose les mains, ou je mouille avec de la salive, ou je donne une bouchée de pain trempé. Je pourrais faire un miracle par ma seule pensée. Mais crois-tu qu'alors les gens diraient : "Dieu a fait le miracle" ? Ils diraient : "Il est guéri parce que c'était le moment de guérir". Et ils en attribueraient le mérite au médecin, aux remèdes, à la résistance physique du malade. Ce sera la même chose pour les sacrements : des formes du culte pour administrer la Grâce, ou la rendre, ou la fortifier chez les fidèles. Jean, par exemple, se servait de l'immersion dans l'eau pour représenter la purification des péchés. En réalité, plus que l'eau qui lavait les membres, était utile la mortification de se reconnaître impur pour les péchés commis (EMV 259.3).

    Les miracles opérés par Jésus[modifier | modifier le wikicode]

    Spécificité des écrits de Maria Valtorta[modifier | modifier le wikicode]

    Alors qu'on estime à 37 les miracles différents rapportés par les Évangiles en 75 récits répartis entre les quatre évangélistes[17], l'œuvre de Maria Valtorta en dénombre 41, répartis en 80 récits. La différence s'explique par la prise en compte de la Résurrection du Seigneur (mais pas de l'Eucharistie, miracle inclassable dans une typologie) ainsi que des miracles similaires que l'exégèse regroupe, mais que Maria Valtorta différencie[18]. Ces 80 récits évangéliques viennent de Matthieu (24 récits), de Marc (24), de Luc (23) et de Jean (9). Jean ne rapporte ni la fondation de l'Eucharistie, ni la La Transfiguration du Seigneur auxquelles il assistait pourtant. Cet évangile, le dernier en date, complète les trois autres. Fascinés par la profondeur théologique et la singularité de cet ouvrage, certains ont voulu le dissocier du reste, l'attribuer à un autre disciple que le pêcheur de Galilée et broder sur que ce qu'il ne disait plus, dépouillé des trois autres composantes. Ce n'est pas le choix de Maria Valtorta qui ne trouve son authenticité que dans sa conformité à l'Écriture. Même les épisodes inédits qu'elle décrit, s'y rattachent.

    En effet, Maria Valtorta décrit 152 épisodes miraculeux dont les 41 miracles de l'Évangile, 111 épisodes sont donc inédits. Dans un épisode miraculeux, notamment les guérisons, il peut y avoir plusieurs bénéficiaires (parfois plusieurs dizaines) à l'identique des guérisons multiples évoquées en Matthieu 4,23, Marc 1,32-34 ou Luc 4,40.

    Tous les miracles ne sont pas décrits dans l'Évangile[modifier | modifier le wikicode]

    Pour répondre d'avance à la contestation soulevée par la narration, par Maria Valtorta, de faits inédits, Jésus renvoie ceux qu'il appelle "les docteurs de la chicane" aux paroles mêmes de l'Évangile :
    Jésus dit :[19]

    Quand je te dévoile les épisodes inconnus de ma vie publique, j'entends déjà le chœur des docteurs pointilleux qui dit : "Mais ce fait n'est pas mentionné dans les Évangiles. Comment peut-elle dire : "J'ai vu ceci ?". À eux, je réponds par les paroles des Évangiles.    

    "Et Jésus allait par toutes les villes et par tous les villages, les enseignant dans leurs synagogues, prêchant l'Évangile du Royaume et guérissant toutes les langueurs et les maladies" dit Mathieu[20].      

    Et encore : "Allez rapporter à Jean ce que vous voyez et entendez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, aux pauvres est annoncée la bonne nouvelle[21]".  

    Et encore : "Malheur à toi, Chorazeïn, malheur à toi, Bethsaïde, car si à Tyr et à Sidon étaient survenus les miracles faits au milieu de vous, depuis longtemps déjà, dans le cilice et la cendre, ils auraient fait pénitence... Et toi, Capharnaüm, tu seras peut-être exaltée jusqu'au ciel ? Tu descendras jusque dans l'enfer : car si à Sodome étaient survenus les miracles opérés chez toi, peut-être elle subsisterait encore[22]".    

    Et Marc : "...et le suivaient de grandes foules de la Galilée, de la Judée, de Jérusalem, de l'Idumée et d'au-delà du Jourdain. Même des environs de Tyr et de Sidon venaient à Lui, ayant entendu parler des choses qu'il faisait...[23]".        

    Et Luc : " Jésus allait par les villes et les villages prêchant et annonçant la Bonne Nouvelle et le Royaume de Dieu et avec Lui étaient les douze et quelques femmes qui avaient été délivrées des esprits malins et des infirmités[24]".          

    Et mon Jean : "Après cela, Jésus alla au-delà de la Mer de Galilée et une grande foule le suivait parce qu'elle voyait les prodiges opérés par Lui sur les infirmes[25]".    

    Et puisque Jean fut présent à tous les prodiges, quelle qu'en fût la nature, que j'ai accomplis en trois ans, le Préféré me donne un témoignage illimité : "C'est ce même disciple qui a vu ces choses et les a écrites. Nous savons que son témoignage est vrai. Il y a aussi d'autres choses faites par Jésus. Si on les écrivait une par une, je crois que le monde ne pourrait contenir les livres qu'il faudrait écrire[26]".    

    Et alors ? Que disent maintenant les docteurs de la chicane ?

    Typologie des miracles décrits dans l'œuvre[modifier | modifier le wikicode]

    • Une première catégorie de miracles démontre la puissance de Dieu sur la nature (les éléments, le règne végétal et animal).
    Elle comporte 10 miracles rapportés par l'Évangile et 24 épisodes miraculeux chez Maria Valtorta.
    • Une seconde démontre sa puissance sur les démons, ce sont les exorcismes.
    Il y en a 7 rapportés par l'Évangile et 11 au total dans Maria Valtorta.
    • Une troisième démontre sa puissance sur la mort, ce sont les résurrections.
    Il y en a 4 (dont celle du Seigneur) rapportés par l'Évangile comme par Maria Valtorta.
    Il y en a 20 rapportés par l'Évangile et 113 dans Maria Valtorta. Cette catégorie doit être complétée par la puissance de Dieu sur les cœurs. Simplement sous-entendus dans l'Évangile, il y en a 8 explicites dans Maria Valtorta.

    Cette typologie est détaillée dans un article spécifique : Tableaux des miracles dans l'œuvre de Maria Valtorta

    Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

    1. Actes 2,22.
    2. 2,0 et 2,1 Jean 10,37-38 | Jean 14,11-12 | CEC § 547-548.
    3. Exode 7,9-10.
    4. Matthieu 14,22-33 | Marc 6,45-52 | Jean 6,16-21.
    5. Cf. Jean 6,26-29.
    6. Jean 1,1.
    7. Jean 1,3.
    8. Jean 14,11-12.
    9. Cf. Matthieu 17,20 | Marc 11,23 | Luc 17,6 |
    10. Psaume 8,4-7.
    11. Psaume 138 (Hébreu 139) 14.
    12. Cf. Deutéronome 30,19.
    13. Jésus revient sur son attitude et la commente plus longuement en EMV 324.4/5.
    14. Cf. Luc 12,1-3.
    15. Matthieu 7,7Luc 11,9.
    16. Cf. Galates 2,9.
    17. Source Wikipédia.
    18. Exemple : le miracle du sourd-muet rapporté par Marc 7,31-37 (ouvre-toi !). Dans Maria Valtorta, ce sont deux miracles similaires rapportés avec quelques nuances en EMV 341.6 et en EMV 419.5.
    19. Les Cahiers de 1944, 20 août, p. 535-536.
    20. Matthieu 4, 23.
    21. Matthieu 11,5 - Luc 7,22.
    22. Matthieu 11,21-23.
    23. Marc 3,7-8.     
    24. Luc 8,1-2.
    25. Jean 6,1-2.
    26. Jean 21,24-25.