Gamala (Gamla)

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    Gamlā était située en Décapole selon Maria Valtorta. Elle dispose d'une homonyme dans la Tétrarchie de Philippe avec laquelle on la confond. La Décapole était une ligue de dix villes, dont Hippos et Gadara. Elle était de langue grecque. Ces villes qui tiraient leur richesse principalement du commerce, tenaient aussi une position stratégique, ce qui justifie les deux grands épisodes rapportés par Maria Valtorta.

    Localisation[modifier | modifier le wikicode]

    • גמלא (Gamlā) en hébreu et Γάμαλα (Gamala) en grec. Son nom signifie le chameau par analogie avec le promontoire où la ville est bâtie, "cette petite montagne si abrupte et si sauvage, bossue et impertinente".
    • 32° 43’ 14’’ N / 35° 40’ 88’’ E ? /
    • +250m.
    • À ne pas confondre avec Gamala de Judée, lieu de résidence habituel de Gamaliel, ni avec son homonyme historique près de Giscala sur le Golan.

    Ce qu'en dit Maria Valtorta[modifier | modifier le wikicode]

    Croquis de localisation de Gamala dessiné par Maria Valtorta. Sous-titré en français.

    Maria Valtorta situe Gamala entre Hippos et Gadara, (comme cela figure sur plusieurs cartes anciennes), à 4 km au sud-est de Kefar Haruv. Elle en donne sur son manuscrit un croquis précis.

    Jeudi 16 mars 28[modifier | modifier le wikicode]

    Au cours de la deuxième année de vie publique, Jésus et les apôtres traversent le lac de Tibériade en Décapole. En route pour Gamala, ils traversent un troupeau de porc, chose possible en Décapole païenne, mais une horreur pour les apôtres. L'endroit est sauvage et ils arrivent en vue de Gamala.

    Ici, au contraire, ce sont des bois de chênes très grands sous lesquels l'herbe est douce et d'un vert émeraude. Au-delà de cette bande boisée, la montagne remonte après un vallon, en formant un mamelon abrupt et rocailleux sur lequel s'incrustent les maisons construites sur des terrasses rocheuses. Je crois que la montagne ne fait qu'un avec les constructions, offrant ses cavernes pour l'habitat, mélange de cité troglodyte et de ville ordinaire. Elle est caractéristique avec cette montée en terrasses grâce à laquelle le toit des maisons inférieures est au niveau de l'entrée du rez-de-chaussée des maisons du plateau qui est au-dessus. Sur les côtés où la montagne est plus abrupte, abrupte au point d'interdire toute construction, il y a des cavernes, des excavations profondes et des sentiers rapides qui descendent vers la vallée. A la saison des pluies, ces sentiers doivent devenir autant de bizarres petits torrents. Des blocs de toutes sortes, entraînés dans la vallée par les eaux forment un piédestal chaotique à cette petite montagne si abrupte et si sauvage, bossue et impertinente comme un hobereau qui veut à tout prix qu'on le respecte (EMV 186.3).

    C'est de ces cavernes que surgissent les possédés d'où Jésus expulse les démons (Marc,1-20).

    Mercredi 8 août 29[modifier | modifier le wikicode]

    Seize mois après, Jésus revient à Gamlā et pénètre cette fois dans la ville.

    "Ils marchent rapidement, délaissant bientôt le bois sous lequel ils ont dormi, pour un chemin caillouteux situé au-delà d’un vallon qui prend du relief au fur et à mesure qu’il se rapproche du mont bizarre sur lequel est perchée Gamla. De trois côtés, à l’est, au nord et à l’ouest, on ne voit que des pentes raides. La ville est reliée au reste de la région par une route directe unique allant du sud au nord, tracée entre deux vallées rocheuses et sauvages qui la séparent des campagnes de l’orient et des bois de chênes de l’occident [...] À mesure que Gamla se rapproche et que la route monte, on voit des fossés fortifiés qui entourent le mont comme autant d’anneaux qui protègent ses flancs. Il ne doit pas être facile de creuser ces fossés, surtout à certains endroits presque en surplomb. Et pourtant des hommes nombreux travaillent à remettre en état des fortifications déjà existantes ou à en préparer d’autres, et portent sur leurs épaules nues des cubes de pierre qui font se courber les malheureux et laissent sur leurs dos des traces sanglantes [...] [La ville] ressemble davantage à un immense château-fort, une suite de forteresses, tant les maisons à demi-murées, à demi-creusées dans la montagne, présentent cet aspect. (EMV 455.7-16)

    Points remarquables[modifier | modifier le wikicode]

    Dictionnaire géographique de l'Evangile, d'après Maria Valtorta - Jean-François Lavère.

    Discours sur la vraie protection et la Miséricorde[modifier | modifier le wikicode]

    Gamala fut le lieu de refuge, le temps d'une nuit, de Simon le zélote, alors activiste recherché (EMV 455.3).

    Jésus y découvre un vaste chantier de construction des remparts. Une troupe d'esclaves s'affère sous la férule de gardes-chiourme romains. C'est l'occasion d'un enseignement qu'écoutent la population encore frappée par l'épisode des démons expulsés dans le troupeau de porcs. Jésus fait venir un repas pour les esclaves affamés et tous l'écoutent :

    "Ici, en vérité, on s’apprête humainement, par des forces humaines et des moyens humains, et même inhumains, à se défendre et à se préparer à l’attaque, oublieux des paroles du prophète[1] qui enseigne à son peuple comment se défendre des malheurs humains par des moyens spirituels, les plus efficaces. Il crie : "Consolez-vous… consolez Jérusalem : son esclavage est fini, son iniquité est expiée, car elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour tous ses péchés." Et après la promesse, il précise comment faire pour la traduire dans la réalité : "Préparez les chemins du Seigneur, redressez dans la solitude les sentiers de Dieu. Toute vallée sera comblée, toute montagne abaissée, les voies tortueuses seront redressées, les escarpées deviendront planes[2]. Alors apparaîtra la gloire du Seigneur, et tous les hommes, sans exception, la verront, car la bouche du Seigneur a parlé.[3]" Ces mots furent repris par l’homme de Dieu, Jean-Baptiste, et seule la mort les a éteints sur ses lèvres. Voilà la véritable défense contre les malheurs de l’homme. Elle ne consiste pas à lever les armes contre les armes, ce n’est pas non plus la défense contre l’attaque, ni l’orgueil, ni la férocité. Ce sont les armes surnaturelles (EMV 455.11).

    Et il poursuit, en parlant des esclaves :

    "Le prophète dit encore : "Tout homme est comme l’herbe et toute sa gloire comme la fleur des champs. L’herbe sèche, la fleur tombe dès que la touche le souffle du Seigneur[4]". Je veux que vous regardiez aujourd’hui avec pitié ces hommes que, jusqu’à hier, vous aviez considérés comme des machines astreintes au travail par vous. Aujourd’hui que je les ai placés, frères parmi les frères, pauvres au milieu de vous qui êtes riches et heureux, vous les voyez pour ce qu’ils sont : des hommes. Le mépris et l’indifférence ont disparu de beaucoup de cœurs et la pitié y est entrée. Mais allez plus au fond, au-delà de leur chair accablée. Ils ont une âme, une pensée, des sentiments, tout comme vous. Autrefois, ils ont été comme vous : en bonne santé, libres, heureux. Puis ce n’a plus été le cas, car si la vie de l’homme est comme l’herbe qui sèche, son bien-être est encore plus fragile. Ceux qui aujourd’hui sont en bonne santé peuvent demain être malades ; ceux qui aujourd’hui sont libres peuvent demain être esclaves ; ceux qui aujourd’hui sont heureux peuvent demain être malheureux.(EMV 456.2)

    Personnages[modifier | modifier le wikicode]

    Marc de Josias, le possédé de Gérasa – Démétrius de Sidon, l’autre possédé – Titus et Publius Corfinius, les gardes-chiourmes.

    Points en débat[modifier | modifier le wikicode]

    Quelle Gamala ?[modifier | modifier le wikicode]

    Les très nombreux détails fournis par Maria Valtorta (comme la vallée orientée nord-sud) paraissent compatibles avec les coordonnées indiquées en tête de cet article, au sud-est du lac de Tibériade et non au nord-est comme la Gamala historique du Tétrarque. En particulier l’affirmation que "Gamala est, dirai-je, indépendante de la Tétrarchie de Philippe et de la Tétrarchie d'Hérode, et parce qu'il paraît impossible à divers apôtres que les Romains s'occupent de faire construire chez les autres des fortifications qui demain pourraient servir contre eux (EMV 455.8)". Maria Valtorta, dans une vision ultérieure de Tarichée, situe bien cette Gamala au sud-est du lac (EMV 633.3). D'ailleurs, dans la Tétrarchie de Philippe, c'était la loi juive qui régnait et elle classe les porcs dans les animaux impurs. Toutefois les descriptions de la ville, de ses fortifications et de son destin de destruction, telles que fournies par la voyante, semblent également compatibles avec les fouilles archéologiques qui ont débuté en 1967 sur des vestiges situés 15 km plus au nord, (à 10 km à l'est de Bethsaïde (coordonnées 32° 54' 20 N / 35° 44' 10 E ). Cet emplacement correspond à la Gamala "historique" décrite par Flavius Josèphe, sur "un pic très difficile[5]". En octobre 68, après un siège de sept mois, cette ville du Golan fut conquise par Vespasien. Il ne survécut que deux filles, tandis que 4000 combattants furent tués et 5000 se précipitèrent du haut de leurs rochers, ce qui valut à Gamala son surnom de "Massada du nord". Qu'en fut-il de la Gamala de la Décapole, celle dont nous parlons ? Les fouilles dans cet endroit escarpé et boisé, livreront peut-être un jour la clé du mystère.

    L'Église confiée à Marie : la contestation du Saint-Office[modifier | modifier le wikicode]

    C'est à Gamala, au cours d'un entretien matinal, que Jésus confie son Église à Marie :

    Dès maintenant je te les (les apôtres) confie, ma Mère. Souviens-toi de ces paroles : je te les confie. Je te donne mon héritage. Je n'ai rien sur la Terre qu'une Mère et elle je l'offre à Dieu : Hostie avec l'Hostie ; et mon Église, et elle je la confie à toi. Sois pour elle une Nourrice. Il y a peu de temps, je pensais aux nombreux hommes en lesquels, au cours des siècles, revivrait l'homme de Kérioth (Judas) avec toutes ses tares. Et je pensais que quelqu'un qui ne serait pas Jésus le repousserait, cet être taré. Mais Moi, je ne le repousserai pas. Je suis Jésus. Toi, pendant le temps que tu resteras sur la terre, venant après Pierre dans la hiérarchie ecclésiastique, lui Chef et toi fidèle, mais la première avant tous comme Mère de l'Église puisque tu m'as enfanté Moi, Chef de ce Corps mystique, toi ne repousse pas les nombreux Judas, mais secours-les et apprends à Pierre, aux frères, à Jean, Jacques, Simon, Philippe, Barthélemy, André, Thomas et Matthieu à ne pas repousser mais à secourir. Défends-moi dans ceux qui me suivent, et défends-moi contre ceux qui voudront disperser et démembrer l'Église naissante (EMV 455.5).

    Cette affirmation est l’une des quatre critiques théologiques portées par les censeurs lors de la mise à l’Index. Dans l'Osservatore romano du 6 janvier1960, ils l’exposent ainsi : "Pour finir, signalons une autre affirmation étrange et imprécise, dans laquelle on dit de la Madone : "Toi, pendant le temps que tu resteras sur Terre, tu seconderas Pierre comme hiérarchie ecclésiastique. (Les italiques sont de nous. N.d.R.)". La phrase italienne originale, dans Maria Valtorta, est : "Tu, nel tempo che resterai sulla Terra, seconda a Pietro come gerarchia ecclesiastica", traduite dans la nouvelle édition par "Toi, pendant le temps que tu resteras sur terre, sois soumise à Pierre pour ce qui tient à la hiérarchie ecclésiastique". On a du mal à reconnaître, dans l’interprétation des censeurs, le bien-fondé d’une telle critique, tant le texte devient limpide quand on lui rajoute la locution occultée : "lui comme Chef et toi comme fidèle". Il est donc impossible que les censeurs n’aient pas compris l’affirmation.

    Sur les aspects théologiques, il convient de se reporter au Catéchisme de l’Église catholique, § 963 à 972, sorti trente ans après la mise à l’Index de l'Œuvre. Il fait largement référence à la constitution dogmatique sur l’Église Lumen Gentium, chapitre 8, La bienheureuse Vierge Marie, mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l’Église. Ce texte fondamental a été promulgué quatre ans après la remarque des censeurs. Cela accrédite l’hypothèse que l’hostilité du Saint-Office envers le cas Maria Valtorta n’est pas étrangère aux tensions qui régnaient dans les couloirs du Concile entre le cardinal Ottaviani, chef du Saint-Office et le nouveau cardinal Bea, étoile montante du Concile et soutien de Maria Valtorta. Il est visé par cette pique de l’Osservatore romano : "malgré les personnalités illustres (dont l'incontestable bonne foi a été surprise) qui ont apporté leur appui à la publication, le Saint-Office a cru nécessaire de la mettre dans l'Index des Livres prohibés". Ce cardinal, taxé de naïveté, avait été le confesseur de Pie XII ! Cela accrédite aussi l’inspiration de Maria Valtorta qui ne pouvait formuler par elle-même le contenu d’une constitution dogmatique, sur un tel sujet.

    Pour aller plus loin[modifier | modifier le wikicode]

    Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

    1. Paroles qui se trouvent dans le chapitre 40 du livre d’Isaïe, selon la note indiquée par Maria Valtorta sur le manuscrit original.
    2. Isaïe 40,1-6.
    3. Isaïe 40,7.
    4. Isaïe 40,6-7.
    5. Flavius Josèphe, Guerres juives 4,5-6