Lazare de Béthanie

    De Wiki Maria Valtorta
    Dessin de Lazare par Lorenzo Ferri selon les indications de Maria Valtorta. Source : fonds documentaire de la Fondation Héritière de Maria Valtorta.

    Lazare est un homme de la haute société juive, fils d'un syrien, Théophile, gouverneur local de la Province et d'Euchérie, une judéenne de lignée royale. Cela explique la protection dont lui et ses propriétés, bénéficient de la part des autorités romaines.

    Car Lazare, par héritage, est "puissamment riche. Une bonne partie de la ville (de Jérusalem) lui appartient ainsi que beaucoup de terres de Palestine." Il possède notamment :        

    • le Cénacle,        
    • une propriété à Jérusalem hors les murs, près du Cédron[1],        
    • le Gethsémani, à l'extérieur de la ville, sur le Mont des Oliviers,  
    • un riche palais à Jérusalem, gardé par Lévi, qu'il déserte tant que dure l'inconduite de sa sœur, Marie de Magdala,        
    • Béthanie où il se réfugie auprès de son autre sœur Marthe,    
    • des propriétés à Antioche de Syrie[2], bases futures d'une communauté chrétienne florissante[3],    
    • des vergers près de Gaza; une propriété aux confins de la Samarie, La Belle Eau, premier refuge de Jésus face à l'hostilité de ses ennemis.      

    Cette énumération montre combien nombre de propriétés de Lazare servent d'appui à l'évangélisation.        

    Comment Jésus "qui n'a même pas une pierre pour reposer sa tête"[4]-[5] peut-il avoir un ami aussi riche et puissant ? Jésus s'en explique :      
    "… Lazare est une exception parmi les riches. Lazare est arrivé à cette vertu qu'il est très difficile de trouver sur la terre et encore plus difficile à pratiquer pour l' enseigner à autrui. La vertu de la liberté à l'égard des richesses".[6]   

    Caractère et aspect[modifier | modifier le wikicode]

    Lazare est "Affable, distingué et plein d'assurance comme tous les hommes de grande naissance …" la petite trentaine, environ 1,65 m, il n'a rien d'imposant :
    "Toujours maigre et pâle, avec des cheveux courts, peu épais et sans boucles, rasé jusqu'au menton, seulement habillé de lin très blanc".[7]        
    Quand Simon le Zélote, l'apôtre de Béthanie, lui présente son voisin Lazare, Jésus découvre un personnage très cultivé, lisant beaucoup aussi à cause de sa maladie, empreint de la culture hellénisante détestée par les dirigeants d'Israël : "Celui qui initie son fils dans la science des grecs ressemble à celui qui élève des porcs" dit le Talmud (Bara Kama f 82 b).

    Jésus vérifie que ces lectures ne l'éloignent pas de Dieu, ni de sa loi, et ne troublent pas son âme. Constatant qu'il n'a pas "le ferment du mal et de la gangrène spirituelle", il encourage au contraire Lazare dans ces lectures profanes qui lui serviront à "connaître le monde païen."[8]
    Cette remarque sur les païens, qui semble anodine, est à rapprocher de la tradition qui fait de Lazare l'évangélisateur de la ville grecque de Massalia (Marseille).

    Jésus reconnaît sa bonté et l'en remercie : Lazare à racheté de façon anonyme la maison de son ami Simon, sans discuter le prix[9], pour que les apôtres et Jésus soient hébergés près de chez lui quand ils viennent dans sa région. De plus, à cause des demandes exorbitantes de Doras, il a aussi doublé la somme normale pour lui racheter son serviteur esclave Jonas[10]. Il s'est arrangé pour ne pas prendre sur l'avoir de Simon pour lui donner le plaisir d'aider beaucoup Jésus et ses pauvres. Il voulait agir en secret, "Oh ! ne le dis pas ! J'avais cru si bien faire d'agir ainsi et en secret." Mais Jésus qui "lis dans les cœurs" le sait.[11]

    A cette occasion, Jésus souligne l'humilité de Lazare et la valeur de sa prière de demande de grâces spirituelles (et non pas seulement des bienfaits matériels ou physiques, comme par exemple sa guérison) :
    "Veux-tu que je te dise pourquoi la bonté que tu as déjà naturellement se teinte d'une perfection surnaturelle ? C'est parce que tu demandes un don surnaturel : tu demandes le salut d'une âme en même temps que ta sainteté et celle de Marthe.     

    ... Tu n'as pas entendu mes paroles. Mais j'ai dit[12] : "Quand vous faites le bien, faites-le en secret, et le Père vous en récompensera grandement". Tu as agi par une naturelle impulsion vers l'humilité. Et, en vérité, je te dis que le Père te prépare une récompense que tu ne peux pas même imaginer."    

    "La rédemption de Marie ? ..."
    "C'est ça, et plus, plus encore."[13] 

    Parcours[modifier | modifier le wikicode]

    Douleur pour l'égarement de sa soeur[modifier | modifier le wikicode]

    Si Lazare appartient à la haute-société, il en est écarté : c'est un sang-mêlé juif-syrien, protégé des envahisseurs romains, frère de celle qui fut d'abord la très scandaleuse Marie de Magdala.
    "Il est ton ami Lazare ? s'étonne un sanhédriste (le cruel Doras) auprès de Jésus. "Mais tu ne dois pas ! Ne sais-tu pas qu’il est anathème parce que sa sœur Marie est prostituée ?"[14]

    Il s'agit plutôt pour Marie Madeleine d'une vie dissolue : Elle brûle sa vie en compagnie d'amants successifs. Mais à cause de son inconduite, Lazare perd tous ses amis, sauf une poignée de fidèles : Joseph d'Arimathie, Nicodème, Simon le zélote, son voisin.[15]  

    Sa maladie et sa mort[modifier | modifier le wikicode]

    Les tourments causés par l'inconduite de sa sœur s'ajoutent aux ennuis de santé de Lazare. Sa maladie, une gangrène, continue sa progression inexorable. Les jambes de Lazare se putréfient en dégageant une odeur nauséabonde que tente de supporter courageusement sa sœur Marthe qui le soigne (aidée par Marie après sa conversion). Maria Valtorta souligne que ses plaies sont particulièrement "effrayantes et répugnantes".[16]

    D’abord révolté par l’idée de mourir, il en vient à comprendre le sens du sacrifice et à le désirer.[17] Jésus lui dit à ce sujet :
    "Fais davantage, mon ami. C'est déjà beaucoup de se résigner et de supporter la douleur. Mais, toi, donne-lui une valeur plus grande."        

    "Laquelle, mon Seigneur ?"       "Offre-la pour la rédemption des hommes."
    "Je suis un pauvre homme, moi aussi, Maître. Je ne puis aspirer à être un rédempteur."       

    "Tu le dis, mais tu es dans l'erreur. Dieu s'est fait Homme pour aider les hommes. Mais les hommes peuvent aider Dieu. Les œuvres des justes seront unies aux miennes à l'heure de la Rédemption. (...)

    Se sauver soi-même ? C'est peu. C'est un "minimum" de sainteté. Il est beau de sauver, de se donner pour sauver, de pousser l'amour jusqu'à se rendre un brasier d'immolation pour sauver. Alors l'amour est parfait. Et très grande sera la sainteté de celui qui est généreux." 

    "Comme c'est beau, tout cela, n'est-ce pas, mes sœurs ?" dit Lazare avec un sourire de rêve sur son fin visage".[18]  
    Mais les souffrances et les mortifications servent à la conversion tant attendue de Marie de Magdala. Elle demande à Jésus si c'est elle (et sa conversion) qui coûtent ces souffrances à son frère  :
    Jésus, sincère jusqu'au bout, dit : "Certainement que oui ! (...) Mais cela ne doit pas te donner une angoisse qui t'alourdisse, mais au contraire le désir de devenir parfaite à cause de ce que tu as coûté. Et réjouis-toi ! Réjouis-toi car, pour t'avoir, Lazare t'a arrachée au démon..."
    "...pour (cela), il a mérité de Dieu une future récompense grâce à laquelle parleront de lui les nations et les anges. (...)"[19]

    Malgré la supplication de Marthe et de Marie, Jésus semble impuissant à sauver son ami de la mort : Lazare meurt au terme d'une terrible agonie.[20] "Seigneur, il sent" dit Marthe à Jésus revenu trop tard à Béthanie : Lazare est mort depuis 4 jours et demi.[21] Sa mort déplace le "Tout Jérusalem"[22], ce qu'expliquent la richesse et la puissance du défunt.

    Mais le Sanhédrin est surtout venu pour jouir de l'impuissance manifeste de Jésus à sauver son ami. Pour eux, son "imposture" est démasquée. Certains demandent même à voir le corps pour être sûr qu'il n'y aura pas de supercherie.
    Cependant, c'est bien un corps en décomposition que Jésus ressuscitera publiquement[23] :
    "Lazare ! vient dehors !"[24]

    Sa Résurrection[modifier | modifier le wikicode]

    C'est le miracle le plus puissant des trois années de la vie publique de Jésus, en présence de nombreux temoins et personnalités, amies ou ennemies.

    Il prie le Père d'une voix très puissante en scandant les mots, puis semble en extase, et enfin crie extrêmement fort :
    "Lazare ! Viens dehors !" (...) Lazare avance.(...) Au soleil qui l'enveloppe, les bandes paraissent ça et là laisser couler la pourriture (...) il y a la pourriture qui s'est écoulée du nez, des oreilles, de la bouche. (...)"[25]
    Ses serviteurs le nettoient et ses sœurs crient de surprise en voyant ses jambes : les bandelettes ont reçu des écoulements purulents très abondants. Mais en dessous, les plaies de la gangrène sont totalement cicatrisées.
    Le sens de sa résurrection lui est donné plus tard par Jésus :
    - "Toi qui es nouvellement né, … Tu es un homme et tu es un enfant. Tu es homme pour l'âge, tu es enfant pour la pureté du cœur. Tu as sur les enfants l'avantage de connaître déjà le Bien et le Mal, et d'avoir déjà su choisir le Bien. Tu as été plongé dans les flammes allumées par l'amour. Tu dois être "amour", pour ne plus jamais connaître autre chose que l'étreinte amoureuse de Dieu."
    - "Et en agissant ainsi, j'accomplirai la mission pour laquelle tu m'as ressuscité ?"
    - "En agissant ainsi, tu l'accompliras."[26]
    Et aux yeux du monde :
    "...j'avais besoin de persuader par la résurrection d'une putréfaction déjà avancée les incrédules plus obstinés. Et mes apôtres aussi qui, destinés à porter ma Foi dans le monde, avaient besoin de posséder une foi soutenue par des miracles de première grandeur."[27]
    "Mais la puanteur du cadavre, la pourriture des bandelettes, le long séjour au tombeau, ne laissaient pas de doute."[28]

    Lazare, une fois ressuscité, se montre un peu partout et "jusqu'en Syrie". Il suscite partout curiosité et appréhension, mais manifeste en même temps publiquement la puissance de Jésus.[29]

    Le refuge pour les apôtres qui fuieront[modifier | modifier le wikicode]

    Après le dernier repas que Jésus prend à Béthanie[30], il prend à part Lazare, lui annonce sa Passion imminente et lui ordonne formellement de ne pas quitter Béthanie à l'heure de la tourmente qui s'approche. Il doit accueillir les apôtres désorientés :
    "... où iront-ils dans leur désarroi? Chez Lazare. … Rassemble-les. Rends leur courage. Dis-leur que je leur pardonne. Je te confie mon pardon pour eux. Ils n'auront pas de paix à cause de leur fuite. Dis-leur de ne pas tomber dans un plus grand péché en désespérant de mon pardon."[31]  

    Apparition de Jésus Ressuscité[modifier | modifier le wikicode]

    Il vient le remercier pour sa fidélité dans cette terrible épreuve de sa Passion. En effet, ne pas y assister pour respecter sa promesse faite à Jésus fut pire encore pour Lazare, qui ne pouvait qu'imaginer ses tortures sans pouvoir Le réconforter en étant au pied la Croix.

    Mais ses prières ont joué un grand rôle :
    "Ton esprit était au pied de ma Croix et était dans l’obscurité de mon Tombeau. Tu m’as appelé plus tôt, comme tous ceux qui m’ont totalement aimé, des profondeurs où j’étais (...)" 
    Jésus charge Lazare d'envoyer tout se suite les apôtres, qu'il a recueillis, à la maison de la Cène, ce qu'il fait en criant et en pleurant de joie :
     "Allez ! Allez ! Il veut vous voir ! Il vous aime ! Ne le craignez pas... Oh ! il est plus que jamais le Seigneur, la Bonté, l’Amour !" [32]

    Ascension du Christ[modifier | modifier le wikicode]

    Lors de l'Ascension, il est appelé au plus près de Jésus :
    "Toi, Lazare, mon ami. Toi, Joseph, et toi, Nicodème, pleins de pitié pour le Christ quand cela pouvait être un grand danger".[33]
    Avec les persécutions naissantes Lazare, comme la famille de Béthanie, s'expatrie :
    "On ne peut certainement pas se dire que Lazare, Marie et Marthe ont été des créatures craintives. Tu vois pourtant que, bien qu’avec une extrême douleur, ils se sont éloignés d’ici pour porter ailleurs la Parole divine qui ici aurait été étouffée par les juifs".[34]
    Ce qui corrobore la tradition de leur exil en Gaule (voir ci-dessous).

    Son nom[modifier | modifier le wikicode]

    Lazare est la forme grecque d'Éléazar [Èl'azar] qui signifie Dieu a secouru ou Dieu vient en aide. Référence historique : le fils d'Aaron qui devint grand prêtre comme lui à sa mort.

    Où en parle-t-on dans l'œuvre ?[modifier | modifier le wikicode]

    EMV 70 EMV 71 EMV 83 EMV 84 EMV 90
    EMV 104 EMV 109 EMV 112 EMV 113 EMV 114 EMV 116 EMV 117 EMV 121 EMV 133 EMV 135 EMV 136 EMV 172 EMV 174 EMV 198 EMV 199
    EMV 200 EMV 204 EMV 205 EMV 206 EMV 206 EMV 210 EMV 211 EMV 226 EMV 235 EMV 243 EMV 247 EMV 269 EMV 270 EMV 279 EMV 281 EMV 282 EMV 283
    EMV 302 EMV 311 EMV 313 EMV 319 EMV 322 EMV 323 EMV 334 EMV 338 EMV 365 EMV 372 EMV 375 EMV 376 EMV 378 EMV 393
    EMV 415 EMV 427 EMV 464 EMV 481 EMV 485 EMV 488
    EMV 519 EMV 527 EMV 536 EMV 540 EMV 541 EMV 542 EMV 543 EMV 544 EMV 545 EMV 546 EMV 547 EMV 548 EMV 548 EMV 549 EMV 550 EMV 551 EMV 554 EMV 559 EMV 560 EMV 562 EMV 566 EMV 572 EMV 578 EMV 581 EMV 582 EMV 584 EMV 585 EMV 586 EMV 587 EMV 590 EMV 592 EMV 593 EMV 594 EMV 596 EMV 598
    EMV 616 EMV 621 EMV 628 EMV 630 EMV 631 EMV 634 EMV 635 EMV 636 EMV 638 EMV 641 EMV 642 EMV 644 EMV 646 EMV 648 EMV 649

    En savoir plus sur ce personnage[modifier | modifier le wikicode]

    Extraits du Dictionnaire des personnages de l’Évangile, selon Maria Valtorta (Mgr René Laurentin, François-Michel Debroise, Jean-François Lavère, Éditions Salvator, 2012) :
    Plusieurs écrits attestent de l'exil de la famille de Lazare en Gaule Narbonnaise à la suite des persécutions naissantes et la nomination de Lazare comme évêque de Marseille où il meurt. Parmi eux : "La Légende Dorée" de Jacques de Voragine au XIIIème siècle, les Annales ecclésiastiques du cardinal C. Baronius à la fin du XVIème siècle, A.C. Emmerich au début du XIXème siècle, etc … Il faut parfois distinguer dans une littérature abondante, ce que la piété populaire a pu rajouter, en faits légendaires, aux récits de la tradition.    

    Épiphane (IVème siècle) écrit qu'il était de tradition de croire que Lazare avait 30 ans lorsqu'il fut ressuscité et qu'il vécut encore 30 ans après. Il serait donc mort en 60. L'Église le fête le 29 juillet. Sa tête est conservée dans l'antique cathédrale de la Major à Marseille    

    Jusqu'au IIIème siècle les autres évêchés reconnaissaient Marseille comme le lieu de la "première" Église des Gaules. Cette primauté du port de Marseille passa ensuite à Arles, puis à Lyon.        

    Saint Jérome de Stridon signale son tombeau à Béthanie, mais c'est sans doute celui de sa résurrection.

    Notes et références[modifier | modifier le wikicode]