L’Abbé René Laurentin et Maria Valtorta
L’Abbé Laurentin, devenu prélat de Benoît XVI en 2009, est l'auteur de 160 ouvrages notamment sur la mariologie mais aussi les apparitions mariales dans le monde, domaine dans lequel il s'est spécialisé. Il eut plusieurs fois l'occasion d'émettre un avis sur le cas Valtorta:
Dans La vie de Marie d'après les révélations des mystiques[1]
Au terme de cette étude comparative de quatre ans sur la vie de Marie telle que révélée à huit mystiques, dont quatre principales (Marie d'Ágreda, A. C. Emmerich, M. Valtorta, T. Neumann), l'Abbé Laurentin regrette le titre de L'Évangile tel qu'il m'a été révélé qui semble prétendre l'équivaloir à l'Évangile canonique, mais note la singularité des visions de Maria Valtorta et ne trouve rien de contraire à l'Évangile.
- Maria Valtorta émerge du lot des vies révélées : "Maria Valtorta a mené une vie sainte, un don victimal qui force l'estime. Parmi les "vies révélées", elle se recommande aux nombreux titres ci-dessous : elle contient un minimum de merveilleux marginal en conformité avec la sobriété de l'Évangile […] Ce qu'elle dit est convergent et en conformité constante avec l'Evangile. C'est d'autant plus frappant qu'elle raconte tant et tant d'épisodes marginaux ignorés par ailleurs. […] Elle est la mieux accordée avec les innombrables découvertes de l'exégèse actuelle (p. 42-43)."
- Le soutien de Pie XII : "À cela s'ajoutent l'ampleur et l'importance des ralliements divers à cette vie. Pie XII, aussi autorisé qu'exigeant dans sa foi, son discernement et sa prudence pontificale, avait grande estime pour cette vie qu'il avait lu et dont il suspendit, jusqu'au début du pontificat suivant (28 octobre 1958), la mise à l'Index par le Saint-Office (16 décembre 1959), un an après sa mort. Pie XII n'a pas pris de position officielle, il a seulement confié son discernement privé : "Publiez l’œuvre tel quel. Il n’y a pas lieu de donner une opinion quant à son origine, qu’elle soit extraordinaire ou non. Ceux qui liront comprendront" conseilla-t-il" (p. 43)."
- L'Évangile n'est aucunement contredit, infirmé ou faussé par ces récits étonnants :"Du point de vue historique, on ne peut ni prouver, ni exclure que ces précisions éclairantes ou remarquables puissent être considérées comme une révélation ou une addition légitime à l'histoire évangélique. De toute façon, ils n'apportent rien de nouveau sur la doctrine du Christ. Sur ce point les voyantes se fondent intégralement et seulement sur l'Évangile. Mais que penser de l'historicité des nombreux épisodes neufs que M. Valtorta raconte en marge de l'Évangile [...] Rien ne permet de les confirmer, mais rien ne permet de les exclure, car l'Évangile n'est aucunement contredit, infirmé ou faussé par ces récits étonnants. (conclusion commune, p. 252)."
Dans le Dictionnaire des personnages de l'Évangile, selon Maria Valtorta
Intrigué par l'Œuvre de Maria Valtorta, Mgr Laurentin demande à entreprendre l'examen de son "charisme historique". Pour cela, il s'adjoint, en plus de François-Michel Debroise un troisième collaborateur : Jean-François Lavère et préconise l'étude sous forme de dictionnaire. En 2012, il publie un Dictionnaire des personnages de l'Évangile selon Maria Valtorta dans lequel il qualifie de "remarquables" les données historiques et spirituelles de Maria Valtorta mais rappelle son statut de révélation privée. :"Ces conclusions remarquables sur l'authenticité historique et spirituelle de Maria Valtorta, si riches et si nouvelles soient-elles, ne lui donnent pas le statut théologique des auteurs bibliques, ni celui d'interprète officiel de la Révélation. Mais elle se recommande à titre privé, sans proportion avec les autres "vies révélées" [...] Les très nombreux dialogues de Maria Valtorta monnaient la doctrine du Christ, mais n'y ajoutent rien. De même, les miracles, qu'elle est seule à rapporter, sont analogues aux guérisons de l'Évangile, mais n'y apportent aucunes modalités renforçant la divinité du Christ.C'est bien un complément historique de l'Évangile qui nous est proposé, mais il relève de notre jugement privé. [...] Elle tient donc une position honorable que nos travaux ont située, confirmée et valorisée mais qui ne l'élève pas au-delà des auteurs sérieux qui l'ont soutenue. Il paraît difficile de lui adresser des objections puisque ses affirmations sont toutes vraisemblables et souvent confirmées par l'érudition historique. Encore une fois, cela ne change pas son humble statut. Pie XII lui-même, ne s'est exprimé à son sujet, que de manière allusive et enveloppée : "Publiez l’œuvre tel quelle. Il n’y a pas lieu de donner une opinion quant à son origine, qu’elle soit extraordinaire ou non. Ceux qui liront comprendront".
Chacun jugera.
Ce livre conclut à neuf l'un des grands débats de notre temps. En 1992 La Conférence épiscopale italienne a seulement demandé à l’éditeur que toutes publications de l’œuvre de Maria Valtorta mentionnent clairement qu’il s’agit d’une œuvre privée et non de la Révélation publique . Rien n’a changé depuis 20 ans. Sa publication continue avec un accord tacite de l'Église. (p. 28-29)"
EN 2011, L'Abbé Laurentin a reçu longuement Jean-François Lavère en entretien au cours duquel il s'est enquis de ses travaux et, en conclusion, l'a encouragé à poursuivre :
R.L. : "Continuez donc vos études quotidiennes sur l’historicité de Maria Valtorta et publiez-les comme je vous le suggère, en notes commentées sur chaque détail chronologique, archéologique, historique,… que vous continuerez à trouver chaque jour."
Dans La Vierge des Derniers temps[2]
Après l'étude du "charisme historique" de Maria Valtorta, Mgr Laurentin demanda à ce qu'on étudie son "charisme théologique ou prophétique". Le champ était difficile à appréhender puisque son œuvre principale, L’Évangile tel qu’il m’a été révélé recouvrait 98,5% de l'Évangile canonique. L'opportunité survint de se concentrer sur le thème prophétique de la Vierge des Derniers temps qu'annonçait St Louis-Marie Grignion de Montfort et que Maria Valtorta actualise et l’explicite de façon surprenante dans ses "dictées", confortée par différentes autres mystiques. Il est noté notamment à propos de la pensée commune de Grignion de Montfort et de Maria Valtorta :"Dans les dictées qu’il confie à Maria Valtorta, Jésus fait écho à la prophétie de Grignion de Montfort qu’il ne cite cependant pas : "C’est dans la ferveur de Marie que réside le secret de la Rédemption finale." L’Esprit saint, commentant l’Apocalypse, confirme à Maria Valtorta : La Vierge Marie sera le précurseur de la seconde venue du Christ, comme le Baptiste fut celui de la première. Elle enfantera des enfants pour Dieu. L’Esprit saint date cet avènement : c’est maintenant l’heure de Marie. L’époque est donc contemporaine selon elle : non les années 1950 où cela fut écrit, mais les années deux mille où ces écrits se diffusent (p. 26)."
Notes et références
Source : Chrétiens Magazine, n° n°218 du 15 mars 2009, numéro spécial Maria Valtorta, page 7.
- ↑ René Laurentin, François-Michel Debroise, Presses de la Renaissance, 2011.
- ↑ René Laurentin, François-Michel Debroise - La Vierge des Derniers temps Une étape de la fin du monde, De Grignion de Montfort à Maria Valtorta, éd. Salvator, 2014