Benoît XVI et Maria Valtorta
On ne connaît officiellement que ses positions sur Maria Valtorta en tant que Préfet de la Congrégation pour la foi.
En 1985, quatre ans après sa nomination, il eut à se prononcer sur Maria Valtorta à la demande du cardinal Siri, celui-là même qui en 1956 aurait volontiers examiné pour imprimatur la vie de Jésus de Maria Valtorta s’il n’avait pas été empêché de le faire par le Saint-Office. La réponse du Préfet de la congrégation pouvait se résumer ainsi : prudence avec l’œuvre de Maria Valtorta, car il craignait l’impact de cette vie de Jésus sur les lecteurs « naïfs ». Manifestement, il ne connaissait pas encore l’historique du dossier.
Mais au début des années 90’, il put mieux connaître Maria Valtorta par l’un des périodiques qu’il lisait volontiers : l’Homme Nouveau, dirigé alors par Marcel Clément. L’abbé André Richard y publiait régulièrement des articles sur la mystique. Marcel Clément reçut un jour une lettre du cardinal Ratzinger : il voulait vérifier quelques points sur la théologie du mariage qui lui semblait janséniste dans Maria Valtorta. Marcel Clément réunit alors la rédaction pour demander de suspendre tous les articles sur Maria Valtorta dans l’attente de l’examen. Un an après, le Préfet remerciait l’Homme Nouveau pour son obéissance et déclarait que, vérifications faites, rien ne s’opposait à la poursuite des publications. La correspondance est actuellement en train d’être recherchée dans les archives, mais des collaborateurs directs ont témoigné de l’exactitude des faits[1].
Cela explique le changement d’attitude du futur Benoît XVI : Dans Pro e contro Maria Valtorta[2], Emilio Pisani rapporte que le 30 juin 1992, il eut l’occasion de se rendre au Palais du Saint-Office où un prélat de la Secrétairerie d’État lui aurait signalé que « Là-haut » on avait changé d’avis sur Maria Valtorta et que sa vie de Jésus pouvait être considérée « comme un bon livre ». Ce qui enclencha la lettre de la conférence des évêques d’Italie que certains estiment être une condamnation, mais qui est la simple traduction pastorale et "diplomatique" de l’attitude à avoir envers les révélations privées. Pie XII, en d’autres termes, avait fait de même (voir ci-dessus).
Cela explique aussi la lettre de Mgr Danylak qui, le 13 février 2002, mentionne, dans son imprimatur, que le cardinal Ratzinger « en lettres privées, a reconnu que ce travail est exempt d'erreurs de doctrine ou de morale ».
Cela explique enfin l’attitude qu’eut le cardinal Ratzinger une fois devenu pape :
- Les cérémonies du cinquantième anniversaire de la mort de Maria Valtorta (15 octobre 2011) se sont déroulées sous la présidence de Mgr Pier Giacomo De Nicolò, ancien nonce apostolique. La commémoration a eu lieu à la Santissima Annunziata de Florence où Maria Valtorta est enterrée, un haut lieu des Servites de Marie.
- Dans la dernière année de son pontificat, il béatifie coup sur coup, deux défenseurs affichés de Maria Valtorta : Mère Maria Inès du Très Saint-Sacrement (1904 –1981), fondatrice des Missionnaires clarisses du Très saint Sacrement. Elle avait demandé qu'un exemplaire de l'Évangile tel qu'il m'a été révélé figure dans chacune des maisons qu'elle avait fondé, puis le 29 septembre 2012, le Père Gabriele Allegra, bibliste traducteur de la Bible en chinois, ouvertement favorable à Maria Valtorta dont il confirmait l’inspiration divine.
Il entreprit enfin la béatification de Mgr Luigi Novarese que le Pape François a achevée. Ce prélat connaissait Maria Valtorta qu’il rencontra et sa vie de Jésus qu’il appréciait pour en avoir entendu parler à la Secrétairerie d’État de Pie XII, par son ami, Mgr Carinci.
Notes et références
- ↑ Voir le témoignage de Geneviève Esquier en toute fin d’article. Journaliste aujourd’hui à Marie de Nazareth, elle était à l’époque à l’Homme Nouveau et fut témoin des faits rapportés.
- ↑ Pro e contro Maria Valtorta {it}, 7 ème edition, page 280/281.