Sintica (Syntica)
"Qu'est-ce qui remue là-bas, dans ces buissons ?" dit Jésus en dressant la tête et en regardant devant vers un enchevêtrement de ronces et d'autres plantes (...) Mais le bruit augmente et il sort de là un visage humain, de femme. Elle regarde et voit tous ces hommes (...) elle s'enfuit en poussant un cri.Elle connaît Jésus : il avait parlé aux galériens.[2]Mais la femme revient en arrière parce que, de Césarée déjà très proche, s'avance un char romain. La femme est comme un rat dans un piège. Elle ne sait où aller car Jésus et les siens sont maintenant près du buisson qui lui servait de refuge et elle ne peut y retourner, et elle ne veut pas aller vers le char… Dans les premières brumes du soir, (...) on voit qu'elle est jeune et gracieuse, bien qu'échevelée et avec des vêtements déchirés.
"Femme ! Viens ici !" commande impérieusement Jésus. La femme tend les bras en suppliant: "Ne me fais pas de mal !"
"Viens ici, Qui es-tu ? Je ne vais pas te faire de mal" Jésus lui parle si doucement qu'il la persuade.La femme s'avance, courbée, et elle se jette par terre en disant : "Qui que tu sois, aie pitié. Tue-moi, mais ne me livre pas au maître. Je suis une esclave fugitive..." (...)
"Je suis grecque. L'esclave grecque de... Oh ! pitié ! Cachez-moi ! Le char va arriver..."
Ils forment tous un groupe autour de la malheureuse qui se pelotonne par terre. Le vêtement déchiré par les ronces laisse voir les épaules sillonnées de coups et marquées de griffures. Le char passe sans qu'aucun de ses occupants ne manifeste de l'intérêt pour le groupe arrêté près de la haie.
"Ils sont allés plus loin. Parle. Si nous le pouvons, nous allons t'aider" dit Jésus en mettant la pointe des doigts sur sa chevelure défaite. "Je suis Syntica, l'esclave grecque d'un noble romain de la suite du Proconsul."[1]
Caractère et aspect[modifier | modifier le wikicode]
Maria Valtorta dit d'elle qu'elle n'est pas une authentique beauté : Elle a le corps plus harmonieux que le visage."Mais c'est le regard qui attire l'attention, poursuit-elle : un regard intelligent, ouvert, profond, qui semble aspirer le monde, en faire le tri, retenir ce qui est bon, utile, saint, et repousser ce qui est mauvais. S'il est vrai que le regard permet de connaître une personne, je dis que Sintica est une femme d'un jugement sûr, aux pensées fermes et honnête."[3]
Parcours apostolique[modifier | modifier le wikicode]
Elle devient disciple. Sa culture et son intelligence la dotent de dispositions exceptionnelles :"Elle vaut cent disciples pour la sainteté et son aptitude à comprendre le surnaturel" dit d'elle la Vierge Marie qui l’instruit.[4]Sa culture et sa hauteur de vue transparaissent lorsqu'elle décrit son itinéraire de foi devant les apôtres[5], puis dans une lettre qu'elle écrit d'Antioche de Syrie où elle a dû s'exiler.[6]
En effet, Judas a secrètement dénoncé au Sanhédrin les parias de la suite de Jésus : elle, une esclave en fuite, Jean d'Endor, un galérien aussi en fuite devenu disciple, et Hermastée le disciple philistin non circoncis.[7]
Elle était hébergée, discrètement, avec Jean d'Endor chez Marie à Nazareth. Elle a le cœur déchiré :"C'était trop beau de vivre ici !..." un sanglot qu'elle retient, brise la voix de Syntica. Mais elle se reprend pour soutenir le courage de Jean."(...)Mais elle fait de son mieux pour rassurer Jean :
"Je crois que Syntica désire être seule pour pleurer (...)
En effet la grecque pleure maintenant sans bruit, pendant qu'elle rassemble les livres de Jean. Et Marziam les caresse à tour de rôle, avec une grande envie de pleurer lui aussi. Mais Syntica sort, chargée de rouleaux, et Marie la suit (...)"[8]
"Eh bien ? N'a-t-il pas dit que là où deux sont réunis en son nom, il est au milieu d'eux ?[9]Jean, lui qui détestait toutes les femmes, sauf la Vierge Marie, suite à la trahison de son épouse, s'est pris d'une véritable affection pour elle :
Je ne me suis pas révoltée contre un esclavage despotique autrement que quand on a voulu l'exercer sur mon âme. Et je devrais maintenant me révolter contre ce doux esclavage d'amour qui ne blesse pas, mais élève notre âme et nous confère le titre et la réalité d'être ses serviteurs ?
Tu as peur de demain, parce que tu souffres ? Moi, je travaillerai pour toi. Tu as peur de rester seul ? Mais moi, je ne te quitterai jamais. Sois-en certain. Je n'ai pas d'autre but dans ma vie que d'aimer Dieu et le prochain. Tu es le prochain que Dieu me confie. Pense si tu me seras cher !"[10]
"... les autres femmes, les disciples bonnes, affectueuses, patientes sous leur fardeau de chagrin (...), (une femme) toute pensée et toute rectitude comme Syntica, m'ont réconcilié avec la femme. Syntica, je te l'avoue, est celle que je préfère. Son affinité d'esprit me la rend chère, et son affinité de condition : elle esclave, moi galérien, me permettent d'avoir pour elle la confiance que la différence des autres m'interdit.Elle est un repos pour moi, Syntica. Je ne saurais te dire avec précision ce quelle est pour moi et comment je la vois. Moi, qui suis vieux par rapport à elle, je la vois comme une fille, la fille sage et studieuse que j'avais désiré avoir...
Moi, malade qu'elle soigne avec tant d'affection, moi, homme triste et solitaire qui ai pleuré et regretté ma mère pendant toute ma vie, et cherché la femme-mère dans toutes les femmes sans la trouver, voilà que je vois en elle la réalité du rêve que j'avais songé, et sur ma tête lasse et mon âme qui va à la rencontre de la mort, je sens descendre la rosée d'une affection maternelle…"
"Tu vois qu'en sentant en Syntica une âme de fille et de mère, je sens en elle la perfection de la femme et, à cause d'elle, je pardonne tout le mal qui m'est venu de la femme..." (...)[11]
Elle doit donc se réfugier avec Jean d'Endor à Antioche de Syrie, dans une des maisons que Lazare possède.
Ils y fondent une communauté chrétienne. Jean devient précepteur. Sintica utilise ses dons en broderie et un onguent aux pouvoirs miraculeux que la Vierge Marie lui a confié.[12]-[13]-[14]
Épuisé et malade, il meurt rapidement au début de juin 29, en recevant en esprit la visite de Jésus, comme Il le lui avait promis. Sintica écrit à Jésus et aux apôtres sur sa mort douloureuse en martyr[15] :"... Jean est mort en juste, et pour dire la vérité sur ses souffrances, je devrais dire en martyr."Après la mort de Jean d'Endor, elle trouve refuge dans la maison de Zénon le grec. Son apostolat devient encore plus actif, comme le rapporte Lazare de retour d'un voyage dans ses propriétés :" Je l'ai assisté avec toute la pitié qu'une femme peut avoir, avec tout le respect que l'on a pour un héros, avec tout l'amour que l'on a pour un frère, mais cela n'a pas empêché une souffrance telle que moi, non par ennui ou par lassitude, mais par compassion, je priais l'Eternel de l'appeler à la paix. Lui disait : 'À la liberté'." (...)
"Seigneur... cet homme est mort, il est 'finalement sorti de la prison et entré dans la liberté' comme il le disait avec son filet de voix des derniers jours, et avec un regard embrasé par l'extase en me serrant la main et en me dévoilant par ses paroles le Paradis. Cet homme est mort en m'enseignant à vivre, à pardonner, à croire, à aimer. Il est mort en me préparant au dernier temps de ta vie."[16]
"Elle a une petite école très fréquentée par des fillettes de toutes provenances. Mais le soir, elle prend avec elle quelque pauvre fillette de sang mêlé et n'appartenant donc à aucune religion, et elle les instruit sur Toi, dit-il à Jésus.Elle reçoit à Antioche la visite de Jésus ressuscité. Elle se préparait à revenir en Galilée pour avoir le cœur net au sujet des bruits contradictoires sur la Résurrection de Jésus et pour consoler Marie, après son retour auprès du Père (Ascension) :
Je lui ai dit : "Pourquoi ne te fais-tu pas prosélyte ? Cela t'aiderait beaucoup".
Elle m'a répondu : "Parce que je ne veux pas me consacrer à ceux d'Israël, mais aux autels vides qui attendent un Dieu. Je les prépare à recevoir mon Seigneur. Puis, une fois son Règne établi, j'irai dans ma Patrie, et sous le ciel de l'Hellade, je consumerai ma vie à préparer les cœurs aux maîtres. C'est mon rêve. Mais si je meurs auparavant de maladie ou par la persécution, je m'en irai également heureuse, car ce sera signe que j'ai accompli mon travail et qu'il appelle à Lui sa servante qui l'a aimé dès la première rencontre."[17]
"C’est Moi. Ne crains pas. Je me suis montré à plusieurs pour les confirmer dans la foi. Je me montre aussi à toi, disciple obéissante et fidèle. Je suis ressuscité. Tu vois ? Je n’ai plus de douleur. Pourquoi pleures-tu ?"La femme, devant la beauté du Glorifié, ne trouve pas les mots... Jésus lui sourit pour l’encourager (...)
"J'ai pleuré sur ton martyre. J’ai cru, avant même qu’on ne m’en parle, à ta résurrection. Et j’ai continué de croire quand il en est venu d’autres dirent que ce n’était pas vrai. Mais je voulais aller en Galilée (...)
"C’était de la pitié. Je dirai ta pensée à ma Mère. Mais n’y va pas. Reste où tu es et continue à travailler pour Moi. Maintenant plus qu’avant. Tes frères, les disciples, ont besoin du travail de tous pour pouvoir propager ma doctrine. Tu m’as vu. Marie est confiée à Jean (...)
Syntica a un grand désir de l’embrasser, mais elle n’ose pas. Jésus lui dit : "Viens."
Et elle ose se traîner à genoux près de Jésus et elle va Lui baiser les pieds, mais elle voit les deux plaies et n’ose pas. Elle prend un coin du vêtement et le baise en pleurant et murmure : "Que t’ont-ils fait !"
"Et Jean-Félix ?"
La femme reste dans l’acte d’adoration, à genoux, le visage levé, les mains un peu tendues, des larmes sur le visage, un sourire sur la bouche..."[18]
"Il est heureux. Il ne se rappelle plus que l’amour et il vit en lui. Paix à toi, Syntica." Il disparaît.
Son nom[modifier | modifier le wikicode]
Sintica (Syntiché) signifie "qui a de la chance, qui est favorisé par la fortune".
En savoir plus sur ce personnage[modifier | modifier le wikicode]
Sainte Syntykhé est fêtée le 22 juillet.
Elle est mentionnée dans la lettre de saint Paul aux Philippiens comme une chrétienne de premier rang. Il l'incite à se mettre d'accord avec Évodie (Félicité) sur un sujet dont on ignore la teneur.[19] Il témoigne que toutes deux ont lutté avec lui pour l'annonce de l'Évangile.
Le rappel que Paul fait de leur concorde réciproque, dit Benoît XVI, laisse entendre que les deux femmes assuraient une fonction importante au sein de cette communauté.[20]
La lettre aux Philippiens, est l'une des plus affectueuses et des plus tendres de saint Paul. Elle a été écrite soit à Éphèse en 56, soit à Rome en 63 (Bible Osty, notes introductives).
On suppose que Paul a fait la connaissance de Synthykhé lors de son séjour à Antioche de Syrie, en 43/44. La troisième métropole de l'empire connaissait déjà une communauté chrétienne florissante quand ils arrivent.[21] Elle prit un essor considérable avec Paul et Barnabé.
Synthykhé aurait donc suivi Paul lors des voyages missionnaires de l'apôtre dans la Grèce dont elle était originaire. Retour mentionné par Maria Valtorta.[22]
De même le descriptif de son rôle est conforme aux dires des hagiographes : selon eux sainte Synthykhé donna l'hospitalité aux premiers disciples. En favorisant leurs prédications, elle disposa un grand nombre de personnes à recevoir le baptême de la main de saint Paul.
Elle mourut à Philippes en 78, dans une vieillesse avancée. Son corps reposerait à Philippes, en Macédoine.[23]
Où en parle-t-on dans l'œuvre ?[modifier | modifier le wikicode]
EMV 154
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EMV 515 EMV 566 EMV 579 EMV 596 EMV 598
EMV 632
Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ EMV 254.4
- ↑ EMV 154.1-6
- ↑ EMV 282.3
- ↑ EMV 303.5
- ↑ EMV 283.1-5
- ↑ EMV 461.13-19 et 21-22
- ↑ EMV 282.2
- ↑ EMV 312.10-11
- ↑ EMV 278.2
- ↑ EMV 312.10
- ↑ EMV 321.5
- ↑ EMV 366.9
- ↑ EMV 320.4
- ↑ EMV 321.2
- ↑ EMV 461.13-19 et 21-22
- ↑ EMV 461.16
- ↑ EMV 566.23
- ↑ EMV 632.29 XIV
- ↑ Philippiens 4,2-4
- ↑ Benoît XVI, Audience du 14 février 2007.
- ↑ Cf. Actes 11,20-26.
- ↑ EMV 566.23
- ↑ Rapporté par l'Abbé Stéphane Maistre dans La Grande Christologie, 1874, volume 2, page 350-351.