Élise de Jérusalem

    De Wiki Maria Valtorta

    Judéenne d'Ophel, le quartier populaire de Jérusalem. Elle a la soixantaine. Sa fille unique, Annalia, la première des vierges consacrées, phtisique, est condamnée à court terme. Elle n'a que quinze ans. Jean, l'apprenant, intercède auprès de Jésus qui la guérira.

    Jean explique à Jésus :
    "J'ai parlé (...) aussi à une pauvre femme de l'âge de ma mère, qui pleurait dans un groupe de femmes sur le pas d'une porte. Je lui ai demandé : "Pourquoi pleures-tu ?". Elle m'a dit : "Le médecin m'a déclaré : 'Ta fille est phtisique. Résigne-toi. Elle mourra au début d'octobre'. Je n'ai qu'elle. Elle est belle, bonne, elle a quinze ans. Elle devait se marier au printemps, et au lieu du coffre de noces, je dois préparer sa tombe".

    Je lui ai dit : "Je connais un Médecin qui peut te la guérir, si tu as de la foi". "Plus personne peut la guérir. Trois médecins l'ont vue. Elle crache déjà du sang". "Le mien" ai-je dit "n'est pas un médecin comme les tiens. Il ne soigne pas avec des remèdes. Mais par sa puissance C'est le Messie...". Une petite vieille, alors, lui a dit : "Oh ! crois Élise ! Je connais un aveugle qui a recouvré la vue grâce à Lui !" Et la mère, alors, est passée de la méfiance à l'espoir et elle t'attend..."[1]
    Miraculée, sa fille renonce à se marier avec son fiancé Samuel. Élise en souffre et accepte mal une deuxième nouvelle : le souhait d'Annalia de devenir la première vierge consacrée à la suite de Jésus :
    "...la vieille mère d'Annalia, vieillie par la souffrance plus que par l'âge, s'approche à son tour, et elle salue toute courbée par le respect et l'accablement. (...)

    (Jésus) écoute la mère de la jeune fille qui, en pleurant, Lui parle de l'inconstance du fiancé qui a choisi un prétexte pour se libérer de tout lien. (...) : "Il désire en effet un autre mariage, mais ce sera ma fille qui paraîtra coupable et le monde se moquera d'elle. Occupe-t-en, ô Seigneur (...)"[2] 
    Pour ce qui est de parler, je parlerai. Mais tu devrais remercier Dieu qui délie un lien humain, dont il est clair qu'il ne méritait pas la confiance. L'homme est inconstant et injuste envers Dieu et envers sa femme..." (...)
    Rappelle-toi, femme, que Dieu Lui-même ne peut violenter la liberté de l'homme et sa volonté. Eux, Samuel et ta fille, ont le droit de suivre ce qu'ils pensent être bien pour eux. Annalia en a spécialement le droit..." (...)

    Ne pleure pas, ô mère ! Quitte ta maison et viens avec nous, aujourd'hui. Viens ! Là dehors il y a ma Mère et les autres mères héroïques qui ont donné leurs fils au Seigneur. Joins-toi à elles..."[3]
    Annalia dit à sa mère :
    "La réponse est que depuis un an ta fille appartient à Dieu, et que son vœu est perpétuel, pour la durée de la vie."      

    "Oh ! misérable que je suis ! Quelle mère est plus malheureuse que moi ?!"                    

    Marie laisse la main de la jeune fille pour embrasser la femme et lui dire doucement : "Ne pèche pas par ta pensée et tes paroles. Ce n'est pas un malheur que de donner à Dieu un fils, mais c'est une gloire bien grande. Tu m'as dit un jour que tu souffrais de n'avoir eu qu'une fille car tu aurais aimé avoir un garçon consacré au Seigneur. Ce n'est pas un garçon, mais un ange que tu as, un ange qui précédera le Sauveur dans son triomphe. Et tu veux te dire malheureuse ? (...)"[4]

    Mais une épreuve bien plus pénible attend Élise : Annalia sait que Jésus va mourir d'une terrible façon. Pressentant ne pas pouvoir supporter le martyre du Messie, elle lui a demandé une grâce : de mourir avant lui.[5] Selon son désir, elle voit le triomphe de Jésus entrant à Jérusalem le Dimanche des rameaux[6] et meurt immédiatement après.[7] C'est seulement quelques jours avant sa terrible Passion.

    La nuit de la mort d'Annalia, Jésus apprend la nouvelle à la Vierge Marie :
    "Elle est morte par la joie d'aimer (...) d'une joie surnaturelle".
    Tous deux vont consoler la malheureuse mère :
    "Les pleurs de la mère semblent ne pas pouvoir finir. C'est entre des sanglots rauques qu'elle parle à Marie. La mère parle à la Mère. Jésus, debout contre un mur, se tait...  
    (...) "Je ne l'ai plus ! Elle est morte ! Elle est morte ! Tu ne sais pas ce que c'est que de perdre une fille ! Moi, j'ai deux fois goûté cette douleur. Car déjà je la pleurais morte quand ton Fils l'a guérie. Mais maintenant (...) Je l'ai perdue ! Perdue ! Elle est déjà dans la tombe, mon enfant ! Sais-tu ce que c'est que de voir agoniser un enfant ? Savoir qu'il doit mourir ? Le voir mort quand on le croyait guéri et fort ?"


    (Marie) "Élise ! Élise ! Ne dis pas cela... La douleur te rend aveugle et sourde... Élise, tu ne connais pas ma souffrance. Et tu ne connais pas la mer profonde que deviendra ma souffrance. Tu l'as vue tranquille et belle se raidir dans la paix. Dans tes bras.
    Moi... Moi cela fait plus de six lustres[8] que je contemple mon Fils, et par-delà la peau lisse et pure que je contemple et caresse, je vois les plaies de l'Homme des douleurs que deviendra mon Fils (...)
    sais-tu ce que c'est de voir, pendant tant d'années, cette vision, pour une mère ? Mon Fils ! Le voilà. Il est déjà vêtu de rouge comme s'il sortait d'un bain de sang. Et bientôt, dans peu de temps (...) je le verrai revêtu de la pourpre de son Sang innocent, de ce Sang que je Lui ai donné. Et si tu as reçu sur ton cœur ta fille, sais-tu quelle sera ma douleur de voir mourir mon Fils comme un malfaiteur sur le bois ? Regarde-le, le Sauveur de tous ! (...)"

    Élise a cessé de pleurer devant la révélation. Elle fixe Marie, au pâle visage de martyre mouillé de larmes silencieuses, regarde Jésus qui la regarde avec pitié... (...) "Ma Mère a raison de le dire. Mais bientôt tu diras ce que je t'ai envoyé dire ce matin : "Vraiment sa mort a été une grâce de Dieu". Crois-le, femme. L'horreur attend ce lieu.  
    Et viendra un jour où les mères frappées comme toi diront : "Louange à Dieu qui a épargné ces jours à nos enfants". Et les mères qui n'auront pas été frappées crieront au Ciel : "Pourquoi, ô Dieu, n'as-tu pas tué nos fils avant cette heure ?" Crois-le, femme. Crois à mes paroles."  
    (...)"Adieu, Élise. Je m'en vais..."  Jésus la regarde... Caresse sa tête chenue. Il lui dit : "Tu me verras encore." 
    "Quand ?"  "D'ici huit nuits."     

    (Marie) "Mon Fils, si tu le permets, je voudrais rester encore avec cette mère. La douleur est un flot qui revient après que s'est éloigné Celui qui donne la paix... Je rentrerai à l'heure de prime. Je n'ai pas peur d'aller seule, tu le sais. Et tu sais que je passerai à travers toute une armée ennemie pour réconforter un frère en Dieu."[9]
    Jésus Ressuscité vient aussi consoler huit nuits plus tard, comme promis, la mère éprouvée et torturée par le doute. Il l'assure du bonheur de sa fille au Ciel :
    "La mère d'Annalia, pleure désespérément dans sa maison (...)

    "Pourquoi pleures-tu, Élise ?" 
    "Tu as entendu hier soir ces hommes  ? Lui n'était rien. Un pouvoir magique mais pas divin. Et moi qui me résignais à la mort de ma fille en pensant qu'elle était aimée de Dieu, en paix... Il me l'avait dit !..." (...) "J'ai combattu leurs paroles, parce que leurs paroles étaient la mort de mon espérance, de ma paix." 

    "Lève la tête, Elise, et regarde qui est devant toi !"         

    La femme lève (...) son visage défiguré par les pleurs, et elle voit... Elle (...) se frotte les yeux, ouvre la bouche sur un cri qui veut monter mais que la stupeur étrangle dans la gorge.        

    "C’est Moi, le Seigneur. Touche ma main, baise-la. Tu m’as sacrifié ta fille, tu le mérites. Et retrouve, sur cette main, le baiser spirituel de ton enfant. Elle est au Ciel, et elle est bienheureuse. Tu parleras de cela aux disciples, et de ce jour.”      

    La femme est tellement fascinée qu’elle n’ose pas faire le geste, et c’est Jésus Lui-même qui presse sur ses lèvres la pointe de ses doigts.         

    "Oh ! tu es vraiment ressuscité !!! Je suis heureuse ! Heureuse ! Bénis sois-tu de m’avoir consolée !"          

    Elle se penche pour Lui baiser les pieds. Elle le fait et reste ainsi. La lumière surnaturelle enveloppe le Christ dans sa splendeur et la pièce est vide de Lui. Mais la mère a le cœur plein d’une certitude inébranlable."[10]

    Son nom

    Élise, comme Élisée (Èlisha), veut dire "Dieu est Salut". Référence historique : le grand prophète Élisée.

    Où en parle-t-on dans l'œuvre ?

    EMV 85

    EMV 199

    EMV 368 EMV 370 EMV 371

    EMV 509 EMV 590 EMV 592

    EMV 632

    Notes et références

    1. EMV 85.6
    2. En Israël, les fiancés étaient considérés comme des époux. Dans le cas présent, Samuel ayant rompu les fiançailles, Annalia est considérée comme répudiée et ne peut plus se marier avec un autre homme.
    3. EMV 368.1-4
    4. EMV 368.4
    5. EMV 156.6
    6. EMV 590.16
    7. EMV 590.16-18
    8. Un lustre est une période de cinq années.
    9. EMV 592.6-10
    10. EMV 632.1-3, I