Que ton Règne vienne
Évolution du libellé :
- Latin : Adveniat regnum tuum;
- Avant 1966 : Que votre règne arrive,
- Actuel : Que ton règne vienne,
Le Règne de Dieu fait-il référence au "Royaume de Dieu ?", au "Royaume des Cieux ?" Pour St Augustin, dans ses "Confessions" et d'autres œuvres, cette demande concerne la venue du Royaume de Dieu non seulement à la fin des temps, mais aussi dans notre vie quotidienne, à travers la conversion personnelle et la justice sociale. Ce Règne est donc extérieur et intérieur, contemporain et à venir toute à la fois. Et cette pensée recouvre celle de nombreux théologiens.
Pour Maria Valtorta cette apparente diversité recouvre une unité qu’elle explique longuement dans ses commentaires de l’Apocalypse Ce commentaire, d’une grande profondeur théologique, est étonnant quand on songe que Maria Valtorta n'avait aucune formation théologique hormis les visions et dictées qu'elle reçut.
Le Royaume de Dieu[modifier | modifier le wikicode]
(Extraits des commentaires de Maria Valtorta sur l'Apocalypse[1]. Les intertitres, rajoutés, n'engagent pas l'éditeur).Le Christ instaure le Royaume de Dieu en nous et sur terreDe ses premières paroles comme Maître à ses dernières au Cénacle et au sanhédrin, au Prétoire et sur le Golgotha, puis de celles-ci à celles qui précédèrent l’Ascension, Jésus ne cessa de témoigner du Père et du Royaume des Cieux.
Le Royaume de Dieu, le Royaume du Christ : ce sont là deux royaumes qui n’en font qu’un, puisque le Christ ne fait qu’un avec Dieu et que Dieu a donné au Christ, et par lui toutes les choses qui ont été faites par lui, après que l’Éternel les eut déjà toutes vues en son Fils unique, qui est sagesse infinie, origine comme Dieu, fin comme Dieu, et cause, en tant qu’Homme-Dieu, de la création, de la divinisation et de la rédemption de l’homme. Ces deux royaumes n'en font qu’un, parce que le Royaume du Christ en nous, nous confère la possession du Royaume de Dieu.
Lorsque le Christ dit au Père : "Que ton règne vienne" comme fondateur, Roi des rois, Fils et héritier éternel de tous les biens éternels du Père, il l’instaure sur la terre et l’établit en nous. Il ne fait qu’un de son Royaume et de celui de son Père, il les unit en reliant au Royaume des Cieux celui de la Terre, comme par un pont mystique qui est sa longue croix d’Homme parmi les hommes qui ne le comprennent pas, et de Martyr à cause des hommes et pour le bien des hommes. À ce Royaume de Dieu, il donne pour palais royal l’Église, pour statuts les lois de l’Église, et pour roi lui-même, qui en est le Chef et le Pontife éternel. Comme tout roi il y institue ses ministres et le définit clairement comme "l’anticipation" du Royaume éternel. Enfin, il donne à l’Église le nom de "nouvelle Jérusalem terrestre" qui, à la fin des temps, sera transportée et transformée dans la "Jérusalem céleste″, lieu de bonheur éternel pour les ressuscités, qui y mèneront une vie connue de Dieu seul[2].
Ce Royaume est visible et invisible
Ce Royaume de Dieu en nous est visible par l’intermédiaire de l’Église, mais aussi invisible. Il ressemble à son Fondateur qui, en tant qu’homme, fut et demeure un Roi visible et, en tant que Dieu, un Roi invisible puisqu’il est pur Esprit. On croit en lui par pure foi, car nul œil ni aucun autre sens humain n’a jamais vu Dieu avant qu’il ne s’incarne, pas plus que la première et la troisième Personne de la Trinité; mais on les reconnaît dans les œuvres qu’elles ont accomplies ou accomplissent encore.
Tout comme l’homme, ce Royaume a donc été fait à l’image et à la ressemblance de son Fondateur : or celui-ci est vraiment et parfaitement homme - et comme tel le prototype visible des hommes tels que le Père les avait créés en les contemplant dans son Verbe éternel et dans son Verbe incarné -, mais aussi vraiment et parfaitement Dieu - et comme tel pur Esprit, dont la nature divine spirituelle est invisible, mais vivant sans possibilité de début et de fin, puisqu’il est le "Vivant"-. Tel est le Royaume de Dieu, représenté sur terre par l’Église, société visible et vivante sans possibilité de fin depuis qu’elle fut constituée par le Vivant. Tel est le Royaume de Dieu en nous, invisible puisque spirituel, vivant dans sa partie spirituelle et vivant depuis sa création, à condition que l’homme ne détruise pas le Royaume de Dieu en lui par le péché et la persévérance dans le péché, tuant ainsi jusqu'à la Vie dans son âme.
Il faut conquérir ce Royaume
Ce Royaume doit être servi et conquis. Il doit être servi sur la terre et conquis dans l’au-delà, au fil des événements de la vie quotidienne. Par l’usage de la raison et jusqu’à la mort. Chaque année, mois, jour, heure et minute est service du sujet de Dieu, en faisant sa volonté, en obéissant à la Loi, en vivant en "enfant" et non en ennemi ou en animal qui préfère une vie de petite jouissance bestiale et transitoire à une vie menée de façon à lui mériter la joie céleste. Chaque année, mois, jour, heure et minute est l’occasion de conquérir le Royaume des Cieux.
"Mon Royaume n’est pas de ce monde", affirma plusieurs fois la Vérité incarnée à ses élus, à ses amis, et même à ceux qui la repoussaient et la détestaient par peur de perdre leur pauvre pouvoir. "Mon Royaume n’est pas de ce monde", témoigna le Christ lorsque, se rendant compte qu’on voulait le faire roi, il s’enfuit tout seul sur la montagne[3]. "Mon Royaume n’est pas de ce monde", répondit le Christ à Pilate qui l’interrogeait[4]. "Mon Royaume n’est pas de ce monde", dit-il encore une fois, la dernière, à ses apôtres, avant son Ascension. Et au sujet du moment de sa reconstruction, que ses élus espéraient encore humainement, il répondit : "Il ne vous appartient pas de connaître les temps et moments que le Père a fixés de sa seule autorité[5]".
Dans Maria Valtorta[modifier | modifier le wikicode]
En EMV 203.8, lors de la deuxième Pâque, Jésus fait le don du Notre Père aux onze apôtres, Judas s'étant absenté. Sur cette deuxième demande, Jésus annonce le triomphe ultime et l'union de l'Église, son Royaume, avec celui du Ciel, Royaume de Dieu."Que vienne ton Règne sur la terre comme au Ciel".En EMV 364.7, lors de la troisième Pâque, Jésus oriente son commentaire sur l'accueil de l'Evangile qu'il est venu annoncé, prémices de l'Église.Désirez de toutes vos forces cet avènement. Ce serait la joie sur la terre, s’il venait.
Le Règne de Dieu dans les cœurs, dans les familles, entre les citoyens, entre les nations. Souffrez, prenez de la peine, sacrifiez-vous pour ce Règne. Que la terre soit un miroir qui reflète en chacun la vie des Cieux. Il viendra. Un jour tout cela viendra. Des siècles et des siècles de larmes et de sang, d’erreurs, de persécutions, de brouillard traversé d’éclairs de lumière qu’irradiera le Phare mystique de mon Église - si elle est une barque qui ne sombrera pas, elle est aussi un rocher qui résistera aux vagues et elle tiendra bien haut la Lumière, ma Lumière, la Lumière de Dieu - tout cela précédera le moment où la terre possèdera le Royaume de Dieu. Ce sera alors comme le flamboiement d’un astre qui, après avoir atteint la perfection de son existence, se désagrège, fleur démesurée des jardins éthérés pour exhaler dans une rutilante palpitation son existence et son amour aux pieds de son Créateur. Mais cela viendra. Et ensuite, ce sera le Royaume parfait, bienheureux, éternel du Ciel."
Que vienne ton Règne en tout lieu de la terre où on te connaît et on t'aime, où encore on ne te connaît pas. Et qu'il vienne surtout pour ceux qui sont trois fois pécheurs, qui tout en te connaissant ne t'aiment pas dans tes œuvres et manifestations de Lumière, et qui cherchent à repousser et à étouffer la Lumière venue dans le monde parce que ce sont des âmes de ténèbres, qui préfèrent les œuvres de ténèbres et ne savent que vouloir étouffer la Lumière du monde et t'offenser Toi-même, car Tu es la Lumière très Sainte et le Père de toutes les lumières, en commençant par celle qui s'est faite Chair et Parole pour apporter ta Lumière à toutes les âmes de bonne volonté.En EMV 630.23, Jésus ressuscité confirme que par sa Passion, il nous a obtenu l'accès à la Grâce qui instaure le Royaume de Dieu en nous. Dans le commentaire de Maria Valtorta exposé plus haut, elle avait rapporté ce lien de causalité : "Le Royaume de Dieu en nous, [est] invisible puisque spirituel, vivant dans sa partie spirituelle et vivant depuis sa création, à condition que l’homme ne détruise pas le Royaume de Dieu en lui par le péché et la persévérance dans le péché, tuant ainsi jusqu'à la Vie dans son âme."
Le Royaume de Dieu en vous maintenant peut s’obtenir avec plus de facilité parce que je vous l’ai obtenu par ma mort. Je vous ai rachetés par ma douleur. Souvenez-vous-en. Et que personne ne piétine la Grâce parce qu’elle a coûté la vie et le Sang d’un DieuDans sa dictée du 7 juillet 1943, Jésus pose l'importance de cette deuxième demande du Notre Père car elle comporte en elle l'unicité du Royaume de Dieu: intérieur et extérieur, présent et à venir. Maria Valtorta, dans son commentaire, renchérissait : "Chaque année, mois, jour, heure et minute est l’occasion de conquérir le Royaume des Cieux."
"Que ton Règne arrive". Cette invocation devrait être le battement du pendule de toute votre vie, et tout devrait graviter autour de cette invocation au bien. Car le Règne de Dieu dans les cœurs, et, à partir des cœurs, dans le monde, voudrait dire bien, paix et toute autre vertu. Scandez donc votre vie d’innombrables implorations pour l’avènement de ce Règne. Mais d’implorations vivantes, c’est-à-dire d’actions dans votre vie en appliquant votre sacrifice de chaque heure, car bien agir signifie sacrifier la nature à cette fin.Azarias (Livre d’Azarias, 2ème dimanche après la Pentecôte, page 163), pour sa part, avait rappelé cette mise en garde :
Les morts n'entrent pas dans le Royaume de Dieu. Le Royaume de Dieu commence dans l'esprit de l'homme sur la terre par l'union à Dieu, il se complète au ciel par la pleine possession de Dieu. Ici, sur la terre, Dieu est en vous et, au ciel, vous serez en Dieu. Mais Dieu n'entre pas dans la putréfaction de la mort, et la pourriture de la mort n'entre pas au Ciel. Comme dans la Jérusalem éternelle il n'y aura pas de temple « parce que son Temple, c'est le Seigneur » (cf. Apocalypse 21, 23-27) dans lequel nous serons tous .
Pour aller plus loin[modifier | modifier le wikicode]
- Notre Père
- Notre Père qui es aux Cieux
- Que ton Nom soit sanctifié
- Que ta Volonté soit faite sur la terre comme au Ciel
- Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour
- Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés
- Ne nous laisse pas entrer en tentation
- Mais délivre-nous du Mal
Dans le Catéchisme[modifier | modifier le wikicode]
II. Que ton Règne vienne§ 2817 Cette demande, c’est le " Marana Tha ", le cri de l’Esprit et de l’Epouse : " Viens, Seigneur Jésus " :
Quand bien même cette prière ne nous aurait pas fait un devoir de demander l’avènement de ce Règne, nous aurions de nous-mêmes poussé ce cri, en nous hâtant d’aller étreindre nos espérances. Les âmes des martyrs, sous l’autel, invoquent le Seigneur à grands cris : ‘Jusques à quand, Seigneur, tarderas-tu à demander compte de notre sang aux habitants de la terre ?’ (Ap 6, 10). Ils doivent en effet obtenir justice, à la fin des temps. Seigneur, hâte donc la venue de ton règne ! " (Tertullien, or. 5).
§ 2818 Dans la prière du Seigneur, il s’agit principalement de la venue finale du Règne de Dieu par le retour du Christ (cf. Tt 2, 13). Mais ce désir ne distrait pas l’Église de sa mission dans ce monde-ci, il l’y engage plutôt. Car depuis la Pentecôte, la venue du Règne est l’œuvre de l’Esprit du Seigneur " qui poursuit son œuvre dans le monde et achève toute sanctification " (MR, prière eucharistique IV).
§ 2819 " Le Règne de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint " (Rm 14, 17). Les derniers temps où nous sommes sont ceux de l’effusion de l’Esprit Saint. Dès lors est engagé un combat décisif entre " la chair " et l’Esprit (cf. Ga 5, 16-25) :
Seul un cœur pur peut dire avec assurance : ‘Que ton Règne vienne’. Il faut avoir été à l’école de Paul pour dire : ‘Que le péché ne règne donc plus dans notre corps mortel’ (Rm 6, 12). Celui qui se garde pur dans ses actions, ses pensées et ses paroles, peut dire à Dieu : ‘Que ton Règne vienne !’ (S. Cyrille de Jérusalem, catech. myst. 5, 13 : PG 33, 1120A).
§ 2820 Dans un discernement selon l’Esprit, les chrétiens doivent distinguer entre la croissance du Règne de Dieu et le progrès de la culture et de la société où ils sont engagés. Cette distinction n’est pas une séparation. La vocation de l’homme à la vie éternelle ne supprime pas mais renforce son devoir de mettre en pratique les énergies et les moyens reçus du Créateur pour servir en ce monde la justice et la paix (cf. GS 22 ; 32 ; 39 ; 45 ; EN 31).
§ 2821 Cette demande est portée et exaucée dans la prière de Jésus (cf. Jn 17, 17-20), présente et efficace dans l’Eucharistie ; elle porte son fruit dans la vie nouvelle selon les Béatitudes (cf. Mt 5, 13-16 ; 6, 24 ; 7, 12-13).
Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Les cahiers de 1945 à 1950, Commentaires de l’Apocalypse, page 550/551.
- ↑ Cf. Apocalypse 21,1-3.
- ↑ Cf. Jean 6,15 – EMV 464.10.
- ↑ Cf; Jean 18,36. - EMV 604.23.
- ↑ Cf. Actes 1,6-7 - EMV 638.11.