Gamaliel et le signe attendu

    De Wiki Maria Valtorta

    Au mois de Nissan 3769 (9 après J.-C.)[1] Jésus a atteint l’âge de sa majorité légale (12 ans). Quelques jours avant la Pâque, profitant du pèlerinage d'obligation et conformément aux prescriptions légales, Joseph présente son fils aux docteurs de la loi pour son examen de majorité (EMV 40.2/7).

    Quelques jours plus tard, échappant à la surveillance de ses parents, Jésus se retrouve devant les docteurs d'Israël. Maria Valtorta rapporte la scène évoquée par Luc 2,41-47 en détaillant le contexte, les participants et les dialogues[2]

    Parmi les "docteurs" il y a un groupe à la tête duquel se trouve un certain Gamaliel avec un autre, âgé et presque aveugle, que soutient Gamaliel au cours de la discussion. Celui-là, je l'entends appeler Hillel[3] (je mets l'H parce que je vois qu'il y a une aspiration au début du nom), il semble le maître ou le parent de Gamaliel[4] parce que ce dernier le traite avec confiance et respect en même temps. Le groupe de Gamaliel a des vues plus larges, alors qu'un autre groupe, et c'est le plus nombreux, est dirigé par un certain Chammaï (Shammaï)[5] et est caractérisé par une intransigeance haineuse et rétrograde que l'Évangile met si bien en lumière.
    Le Christ au milieu des docteurs, Vassili Polenow, 1896

    La prophétie du signe

    Le jeune Jésus intervient en contredisant Shammaï et donnant raison à Gamaliel et, citations bibliques à l'appui, démontre pourquoi le Messie annoncé est déjà né, ce que conteste Shammaï. Il conclue son débat par une prophétie qui frappera Gamaliel et dont il attendra la réalisation comme confirmation que Jésus est le Messie:
    "Attendez-Moi à mon heure. Ces pierres entendront de nouveau ma voix et frémiront à ma dernière parole. Bienheureux ceux qui, en cette voix, auront écouté Dieu et croiront en Lui par son entremise. À ceux-là le Christ donnera son Royaume dont votre égoïsme rêve qu'il sera tout humain alors qu'il est céleste"[6].

    Évolution de l'état d'esprit de Gamaliel

    Ce parcours d'un juste démontre, à sa façon, l'enseignement de Jésus selon lequel "personne ne pose une pièce d’étoffe neuve sur un vieux vêtement, car le morceau ajouté tire sur le vêtement, et la déchirure s’agrandit. Et on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, les outres éclatent, le vin se répand, et les outres sont perdues. Mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le tout se conserve.[7]"

    • EMV 85.4 : Gamaliel : "Nous avons déjà Jean Baptiste et, selon l'enseignement des scribes, il faut au moins cent ans d'intervalle entre lui et le Messie pour préparer le peuple à la venue du Roi. Moi, je dis qu'il en faut moins, a-t-il ajouté, car les temps sont désormais accomplis". Et il a dit enfin : "Cependant, je ne peux admettre que le Messie se manifeste ainsi. Un jour, j'ai cru qu'était commencée la manifestation du Messie parce que sa première lueur avait été vraiment un éclair céleste[2]. Mais après... un grand silence s'est fait et je pense que je me suis trompé".
    • EMV 114.8/9: Jésus : ""Quelles paroles as-tu entendues ? Qui les prononçait ?" - Gamaliel : "C'était quelqu'un qui sortait de l'enfance... mais Dieu resplendissait sur son visage innocent et charmant... Il y a dix-neuf ans que j'y pense et que je garde ce souvenir ...et je cherche à entendre de nouveau cette voix... qui disait des paroles de sagesse... Quelle est la partie du monde qui l'accueille ? Moi, je pense: ...que c'était Dieu. Sous l'apparence d'un enfant pour ne pas effrayer l'homme. Comme un éclair qui en sillonnant le ciel apparaît rapide à l'orient et au couchant, au nord et au midi; Lui, le Divin, sous son apparence de miséricordieuse bonté, avec la voix et le visage d'un enfant et une pensée divine, il parcourt la terre pour dire aux hommes : "C'est Moi". Telle est ma pensée... Quand reviendra-t-il en Israël ? ...Quand ? Et je pense: quand Israël sera un autel pour son pied divin; et mon cœur gémit en voyant l'abjection d'Israël : jamais. Oh ! dure réponse ! Et elle est vraie ! La Sainteté peut-Elle descendre en la personne de son Messie tant que l'abomination est en nous ?"       
    • EMV 160.4: Jésus : – "Quelqu’un en qui tu crois t’a dit : “Les pierres frémiront à mes dernières paroles” Pourquoi donc attendre les dernières paroles du Messie ? N’éprouveras-tu pas de remords de ne pas avoir voulu me suivre plus tôt ? Les dernières… ! Tristes paroles que celles d’un ami qui meurt et que nous sommes venus écouter trop tard. Or les miennes sont plus importantes que celles d’un ami." - Gamaliel : "Tu as raison. Mais je ne peux pas. J’attends ce signe pour croire."
    • EMV 354.4: "Alors, pour Gamaliel, celui-ci est le Christ? C'est ce qu'il dit? Si le rabbi Gamaliel l'affirme, la question est tranchée. C'est lui le Christ !" - Hermas : "Il ne dit pas cela. Il n'arrive pas encore à le croire, pour son malheur. Mais il assure que le Christ est sur la terre car il lui a parlé, il y a plusieurs années, ainsi que le sage Hillel. Et il attend le signe que le Christ lui a promis pour le reconnaître".
    • EMV 364.8: Après le don du Notre-Père : Joseph d'Arimathie : "Eh bien, Gamaliel ? Cela ne te paraît, ne te paraît pas encore, une parole du Seigneur ?" - Gamaliel : "Joseph, il m'a été dit : "Ces pierres frémiront au son de mes paroles". - Étienne avec impétuosité: "Accomplis le prodige, Seigneur ! Commande, et elles s'ébranleront ! Que croule l'édifice, mais que s'élèvent dans les cœurs les murs de la Foi en Toi, ce serait un grand don ! Fais-le pour mon maître !"  - Un groupe de rabbins furieux : "Blasphémateur !" - Gamaliel "Non. Mon disciple parle en disant une parole inspirée. Mais nous nous ne pouvons l'accepter parce que l'Ange de Dieu ne nous a pas encore purifiés du passé".
    • EMV 478.10: Simon d'Alphée : "Étienne a dit que le rabbi (Gamaliel), ayant appris ce qui est arrivé chez Chouza (Kouza) (tentative de couronnement de Jésus comme roi), s'est écrié : "Mon esprit tressaille en se demandant si Lui peut être vraiment ce qu'il dit. Mais toute question serait morte avant de se former dans mon esprit, et pour toujours, s'il avait consenti à cette chose. L'Enfant, que j'ai entendu, a dit que l'esclavage comme la royauté ne seront pas ce que nous croyons, en comprenant mal les prophètes, c'est-à-dire matérielles, mais de l'esprit, grâce au Christ, Rédempteur de la Faute et Fondateur du Royaume de Dieu dans les esprits. Je me rappelle ces paroles, et c'est sur elles que je juge le Rabbi. Si, en le jugeant, je le trouvais au-dessous de cette hauteur, je le repousserais comme un pécheur et un menteur. Et j'ai tremblé de voir se dissoudre dans le néant l'espérance que cet Enfant m'a donnée" - Joseph d'Alphée : "Oui, mais en attendant, il ne l'appelle pas le Messie".
    • EMV 487.10/11: Dialogue entre Gamaliel et Jésus : "Les pierres qui doivent frémir, sont peut-être celles de nos cœurs ?" - "Non, rabbi. Celles-ci (et dans un geste circulaire, il indique les murailles du Temple). Pourquoi le demandes-tu ?" - "Parce que mon cœur a frémi quand m'ont été rapportées tes paroles du banquet et tes réponses aux tentateurs. Je croyais que ce frémissement était le signe..." -  "Non, rabbi. C'est trop peu que le frémissement de ton cœur et celui de quelques autres pour être le signe qui ne laisse pas de doutes...
    • EMV 548.14/15: Brève rencontre à la résurrection de Lazare : "Tiens-toi prêt, ô rabbi. Le signe viendra bientôt. Je ne mens jamais."
    • EMV 549.9: (passage où, dans le dernier paragraphe, Gamaliel décrit son propre état d'âme). Dialogue de Gamaliel avec le Sanhédrin : "Mais alors pour toi il est le Messie ? ! Dis-le !" - "Ce n'est pas le Messie." - "Il ne l'est pas ? Mais alors, qu'est-il pour toi ? Un démon, non. Un ange, non. Le Messie, non,.." - "Il est Celui qui est." - "Tu délires ! Il est Dieu ? Il est Dieu pour toi, ce fou ?"  - "Il est Celui qui est. Dieu sait ce qu'il est. Nous voyons ses œuvres, Dieu voit aussi ses pensées. Mais il n'est pas le Messie car, pour nous, Messie veut dire Roi. Lui n'est pas, ne sera pas roi. Mais il est saint, et ses œuvres sont celles d'un saint. Et nous, nous ne pouvons pas lever la main sur l'Innocent, sans commettre un péché. Moi, je ne souscrirai pas au péché." "Mais par ces paroles tu l'as presque appelé l'Attendu !" - "C'est ce que j'ai dit. Tant qu'a duré la lumière du Très-Haut, je l'ai vu tel. Puis... quand m'a abandonné la main du Seigneur, élevé dans sa lumière, je suis redevenu homme, l'homme d'Israël, et les paroles n'ont plus été que des paroles auxquelles l'homme d'Israël, moi, vous, ceux d'avant nous et, que Dieu ne le permette pas, ceux d'après nous, donnent le sens de leur, de notre pensée, pas le sens qu'elles ont dans la Pensée éternelle qui les a dictées à son serviteur."  
    • EMV 560.5: Dites vraiment la vérité : à part la joie de votre cœur pour la résurrection de l'ami, n'auriez-vous pas préféré à celle-là que [... je fasse] crouler avec ma voix les pierres et les murs sur mes ennemis, comme les trompettes de Josué le firent pour les murs de Jéricho [...] Oui, vous auriez préféré cela parce que, bien que vous m'aimiez beaucoup, votre amour est encore impur et nourrit pour cela, en désirant ce qui n'est pas saint, votre pensée d'Israélites, votre vieille pensée, celle qui est chez Gamaliel comme chez le dernier d'Israël".
    • EMV 570.5: "N'es-tu pas Éléazar ben Parta ? Oui ? Alors il est certain que tu verras Gamaliel avant Moi. Dis-lui, en mon nom, qu'à lui aussi je donnerai, après vingt et un ans, la réponse qu'il attend. As-tu compris ? Rappelle-toi bien : à lui aussi, je donnerai après vingt et un ans, la réponse qu'il attend. Adieu."  
    • EMV 592.20 : "Le moment est venu où tous ces signes vont être donnés. Ceux qui ont été dits par les prophètes et marqués des symboles de notre histoire, et ceux que j'ai dits : le signe de Jonas; vous vous souvenez de ce jour à Cédés ? C'est le signe qu'attend Gamaliel".
    • EMV 602.5.7: Au soir du Jeudi saint : "Gamaliel, ce soir est à Bethphagé. Je le sais. Quand nous serons arrivés au Gethsémani tu iras trouver Gamaliel et tu (Simon le zélote) lui diras : "Sous peu tu auras le signe que tu attends depuis vingt et un ans". Rien d'autre. Et puis tu reviendras avec tes compagnons."
    • EMV 604.10: Dialogue furtif lors de l'arrestation de Jésus : "Qui es-tu ? Dis-le-moi." Et Jésus, doucement : "Lis les prophètes et tu auras la réponse. Le premier signe est chez eux. L'autre va venir."
    • EMV 609.28/30 (où il fait une très belle prière au pied de la Croix) : Gamaliel: "Chose terrible ! J'étais dans le Temple ! Le signe ! Le Temple tout ouvert ! Le rideau pourpre et jacinthe pend déchiré ! Le Saint des Saints est découvert ! Anathème sur nous !"  - Gamaliel : 'Le signe ! Le signe ! Dis-moi que tu me pardonnes ! Un gémissement, même un seul gémissement, pour me dire que tu m'entends et me pardonnes." - Gamaliel : "C'était Toi ! C'était Toi ! Nous ne pouvons plus être pardonnés. Nous avons demandé ton Sang sur nous. Et il crie vers le Ciel, et le Ciel nous maudit... Oh ! Mais tu étais la Miséricorde !... Je te dis, moi, qui suis le rabbi anéanti de Juda : "Ton Sang sur nous, par pitié". Asperge-nous avec lui ! Car lui seul peut nous obtenir le pardon..." - Gamaliel : "J'ai le signe demandé... Mais des siècles et des siècles de cécité spirituelle restent sur ma vue intérieure, et contre ma volonté de maintenant se dresse la voix de mon orgueilleuse pensée d'hier... Pitié pour moi ! Lumière du monde, dans les ténèbres qui ne t'ont pas compris, fais descendre un de tes rayons ! Je suis le vieux juif fidèle à ce qu'il croyait justice et qui était erreur. Maintenant je suis une lande brûlée, sans plus aucun des vieux arbres de la Foi antique, sans aucune semence ni tige de la Foi nouvelle. Je suis un désert aride. Opère le miracle de faire se dresser une fleur qui ait ton nom dans ce pauvre cœur de vieil Israélite entêté. Toi, Libérateur, pénètre dans ma pauvre pensée, prisonnière des formules. Isaïe le dit :"... il a payé pour les pécheurs et il a pris sur Lui les péchés des multitudes". Oh ! le mien aussi, Jésus de Nazareth..."
    • EMV 644.5: Lazare évoque la conversion de Gamaliel frappé par le signe : "Oui. Le signe, le fameux signe qu’il attendait pour croire que Jésus était le Messie, l’a ébranlé. On ne peut nier que le signe ait été capable de briser même les têtes et les cœurs les plus durs à se rendre. Et Gamaliel, par ce signe très puissant, fut ébranlé, secoué, abattu plus que les maisons qui s’écroulèrent au jour de la Parascève alors qu’il semblait que le monde périssait en même temps que la Grande Victime. Le remords l’a déchiré plus que ne s’est déchiré le voile du Temple, le remords de n’avoir jamais compris Jésus pour ce qu’il était réellement. Le tombeau fermé de son esprit de vieil hébreu entêté s’est ouvert comme les tombeaux qui ont laissé apparaître les corps des justes, et il cherche maintenant, avec angoisse, la vérité, la lumière, le pardon, la vie. La nouvelle vie : celle que l’on ne peut avoir que par Jésus et en Jésus. Oh ! Il devra encore travailler beaucoup pour libérer totalement son vieux moi du maquis de son ancienne manière de penser ! Mais il y arrivera. Il cherche la paix, le pardon, la connaissance. Paix pour ses remords, et pardon pour son obstination. Et connaissance complète de Celui que, quand il pouvait le faire, il n’a pas voulu connaître complètement. Et il va chez Nicodème pour atteindre le but qu’il s’est désormais fixé."  
    • EMV 645.5.10: Gamaliel évoque auprès de Saul (Paul) adversaire acharné du Christ, sa rencontre avec le jeune Jésus : "J’ai eu le privilège d’entendre le Très-Haut parler par la bouche d’un enfant qui fut ensuite un homme juste, sage, puissant, saint, et qui fut mis à mort justement à cause de ces qualités. Les paroles qu’il a dites alors ont pu être confirmées par des faits arrivés plusieurs années après, à l’époque dite par Daniel... Malheureux que je suis de n’avoir pas compris avant ! D’avoir attendu le dernier terrible signe pour croire, pour comprendre ! Malheureux peuple d’Israël qui n’a pas compris alors et ne comprend pas, même maintenant ! La prophétie de Daniel et celle d’autres prophètes et de la Parole de Dieu continuent, et elles s’accompliront pour Israël entêté, aveugle, sourd, injuste, qui continue de persécuter le Messie dans ses serviteurs !"
    • EMV 647.2/5: Gamaliel, devenu vieux et aveugle, se tourne vers la Vierge Marie pour parfaire sa conversion : "Gamaliel, peux-tu croire que moi, qui suis le Siège de la Sagesse, la Pleine de Grâce qui, par la Sagesse qui en moi a pris Chair, et qu’étant par la Grâce qu’Il m’a donnée, pleine de la connaissance des choses surnaturelles, je puis te donner un bon conseil ?" - "Oh ! oui, je le crois ! C’est justement parce que je crois que tu es cela que je viens à toi pour avoir la lumière. Toi, Fille, Mère, Épouse de Dieu, qui certainement dès ta conception t’a comblée de ses lumières de Sagesse, tu ne peux que m’indiquer le chemin que je dois prendre pour avoir la paix, pour trouver la vérité, pour conquérir la vraie Vie. Je suis tellement conscient de mes erreurs, tellement écrasé par ma misère spirituelle, que j’ai besoin d’aide pour oser aller à Dieu."

    Notes et références

    1. Cf. Jean-François Lavère, Enquête sur la datation de la vie de Jésus, Chronologie et datation de la Vie de Jésus déduites du récit de Maria Valtorta.
    2. Elle est la seule des voyantes à rapporter aussi précisément les dialogues.
    3. Hillel l’Ancien : (-70 à + 10 environ) Docteur et président (Nassi) du Sanhédrin. Il fut le chef d’une école qui interprétait la Loi d’une manière libérale. Sa présence est cohérente. Il ne tardera pas à mourir si on en croit la date de sa mort.
    4. C'est son grand-père.
    5. Shammaï : Docteur pharisien, lui aussi du 1er siècle avant J.C. Rival de Hillel, son école se distinguait par une interprétation rigoriste de la Loi et des Traditions.
    6. EMV 41.9.
    7. Luc 9,16-17.