Union hypostatique
L’hypostase désignait dans la philosophie antique, la réalité fondamentale et intime des choses et des êtres. Elle se distingue de la nature d’une chose qui indique ce qu’elle est (quoi) mais pas qui elle est. L’adoption de ce terme a permis d’affirmer clairement que Jésus-Christ est une seule personne (une hypostase) qui possède deux natures distinctes (divine et humaine), sans les mélanger ni les séparer.
Signification théologique[modifier | modifier le wikicode]
L’union hypostatique, définie par les premiers conciles œcuméniques[1] garantit que le Christ peut être à la fois pleinement Dieu (pour sauver l’humanité) et pleinement homme (pour s’identifier à nous). Elle protège le mystère de la Rédemption tel que formulé par le Credo : "Il est né du Père avant tous les siècles, et est devenu homme". Cette notion est très présente dans l’œuvre de Maria Valtorta : il est à la fois le Sauveur Dieu et le frère humain que nous pouvons connaître et imiter.
Bien que le terme ὑπόστασις (hupostasis) soit déjà en usage au temps de Jésus[2], il n’est employé dans le sens que lui donne la théologie chrétienne que par Marie Valtorta[3].
Dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé"[modifier | modifier le wikicode]
Textes principaux[modifier | modifier le wikicode]
- EMV 324.3 (Jésus, le Verbe incarné).
- EMV 567.17 (Tu as insulté le Verbe incarné qui t'as beaucoup aimé).
- EMV 630.21 (Commentaires du Notre Père).
- EMV 634.11 (Je suis un homme véritable, mais je suis aussi vrai Dieu).
Synthèse d'ensemble[modifier | modifier le wikicode]
Ces quatre textes de Maria Valtorta offrent une catéchèse vivante sur le mystère de l’union hypostatique, tel qu’il a été défini au concile de Chalcédoine (451). Celui-ci affirmait que Jésus-Christ est une seule personne en deux natures, pleinement homme et pleinement Dieu, sans confusion ni séparation[4].
- Dans le premier texte (EMV 324.3), à travers le témoignage de Jacques d’Alphée, l’accent est mis sur la foi confessante : Jésus est bien né d’une femme, et donc véritablement homme, mais son vrai Père est le Très-Haut. Sa divinité est proclamée comme une avec celle du Père et de l’Esprit. Cette confession fonde la foi chrétienne et répond aux objections du monde qui voudrait réduire Jésus à un homme quelconque.
- Le second texte (EMV 567.17), adressé à Judas, illustre de manière concrète la coexistence des deux natures : limité dans le temps et l’espace en tant qu’homme, Jésus reste omniprésent et tout-puissant en tant que Dieu[5]. Ici, l’union hypostatique apparaît comme une vérité dramatique, qui engage personnellement Judas : refuser le Christ, c’est refuser Dieu lui-même.
- Dans le troisième texte (EMV 630.21), le Ressuscité commente la prière du Notre Père et manifeste à la fois sa préexistence éternelle comme Verbe divin et sa fraternité humaine avec ses disciples, devenus ses cadets. L’union hypostatique s’éclaire alors dans sa dimension de communion : le Christ, premier-né, ouvre aux croyants l’accès à la relation filiale avec le Père. L’Eucharistie, où Jésus se donne en nourriture et en boisson, devient le signe et le moyen de cette participation.
- Enfin, le quatrième texte (EMV 634.11), où Jésus ressuscité parle de ses apparitions multiples, révèle la plénitude de l’union hypostatique dans la gloire. L’humanité du Christ est toujours réelle et tangible — un corps véritable, chaud et solide — mais désormais transfigurée par la divinité, libérée des limites de l’espace et du temps. L’humanité glorifiée participe pleinement à la puissance divine, sans cesser d’être humaine.
Ainsi, ces quatre passages composent un itinéraire : de l’Incarnation confessée à la tension vécue des deux natures, puis à la fraternité filiale qui introduit les croyants dans la communion trinitaire, jusqu’à la glorification où l’humanité du Christ resplendit de la puissance divine. Ils ne se contentent pas de répéter un dogme : ils en déploient la vérité sous forme d’expérience spirituelle et existentielle.
En ce sens, les écrits de Valtorta apparaissent comme une illustration mystique de la définition de Chalcédoine : ils montrent comment l’union hypostatique, loin d’être une formule abstraite, est le cœur même du mystère chrétien, qui interpelle, console, nourrit et sauve.
Commentaires de l'éditeur ou de Maria Valtorta[modifier | modifier le wikicode]
- EMV 68.1 (Maria Valtorta ajoute sur une copie dactylographiée : Là aussi ressortent les deux natures unies en une seule personne : Dieu et Homme.)
- EMV 207.11 (Discours sur la réalité charnelle de Jésus. "Il n’est pas question pour autant, note Maria Valtorta sur une copie dactylographiée, de nier l’union hypostatique par laquelle le Verbe, étant réellement dans la chair du Fils de Dieu et de Marie, n’a pas cessé de faire un avec le Père et donc avec l’Amour ; il n’a pas cessé d’être le Saint des saints, car il l’était par sa nature divine et il l’était dans sa nature humaine, par grâce et par volonté très parfaites.").
- EMV 342.5: "Dieu qui se sépare de Dieu pour sauver la créature coupable". Expression que Maria Valtorta justifie par cette note sur une copie dactylographiée :"Bien qu’il ne fasse qu’un avec le Père, le Verbe n’était plus dans le Père comme avant l’Incarnation." De même, le texte d’EMV 381.2 fait la distinction entre le Verbe du Père qui est au Ciel et le Fils de l’homme.
- EMV 346.5 "Je serai de nouveau Dieu au Ciel, c’est-à-dire non plus Dieu sur terre (Fils resté uni au Père), mais Dieu au Ciel (Fils revenu dans le Père), comme cela est expliqué en note en EMV 342.5. Cette expression est semblable à celle de Jean 16,28 : "Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde, et maintenant je quitte le monde et je vais au Père" ; c’est conforme à la formulation du Credo : "Descendu du Ciel… monté au Ciel, il siège à la droite du Père."
- EMV 474.2/3 Maria Valtorta, anéantie dans la contemplation de l'Homme-Dieu, exprime le concept suivant: la divinité, toujours unie hypostatiquement à Jésus Homme, n’était pas à tout instant sensible à l’Homme Rédempteur, qui devait aller jusqu’à faire l’expérience de cette douleur.
Éclairage pour d'autres expressions[modifier | modifier le wikicode]
- EMV 62.2 ("j'ai l'habitude de sortir souvent de bonne heure, pour élever mon esprit et m'unir au Père").
- EMV 62.4 (" si le monde entier venait à Moi pour m'écouter [...] je ne regretterai pas même le Ciel où j'étais dans le Père !...).
- EMV 123.5 ("C’est pour cette âme aussi que j’ai pris chair et que j’ai quitté le Ciel").
- EMV 126.1 ("non pas à moi, mais à Celui qui m’a envoyé").
- EMV 126.10 ("Béni sois-tu, Messie, notre vengeur !" - "Non, pas Moi. Dieu, le Seigneur Éternel").
- EMV 128.2 ("Pitié ! Toi seul, tu peux..." - "Pas Moi. Dieu".).
- EMV 129.3 ("Elève ton âme. C'est au Ciel qu'est Dieu. Adore-le et va à lui.")
- EMV 249.4 ("cette plénitude d'amour dont je l'aime maintenant que je le vois fidèle au Seigneur" - "À Lui-même, tu veux dire." - "Au Seigneur. Maintenant il est le Messie du Seigneur et il doit être fidèle au Seigneur".)
- EMV 254.3 ("je me demande aussi pourquoi ils existent. Ils sont peut-être nécessaires ?" - "Cela, il faudrait le demander à Celui qui les a faits").
- EMV 272.2 ("À Dieu. À Lui toute gloire et louange. Je suis son Messie et je suis le premier à le louer et à le glorifier. Le premier à Lui obéir").
- EMV 287.6 ("À Dieu, pas à son Serviteur").
- EMV 298.6 ("Non pas de moi, mais du Père").
- EMV 317.3/5 (Colloque de Jésus avec son Père pour le salut de Judas. L'humanité et la divinité de Jésus. Notes de Maria Valtorta).
- EMV 399.4 ("ce Jésus qui a laissé le Père pour venir vous sauver et qui laissera la vie pour vous donner le Salut").
- EMV 452.11 ("Vous souffrez ? Dieu aussi [...] Savez-vous jusqu'à quel point ? En souffrant de se séparer de Lui-même et en s'efforçant pour connaître l'être humain avec toutes les misères que l'humanité porte avec elle [...] Voilà ce que souffre Dieu, descendu pour vous sauver. Voilà ce que souffre Dieu en haut des Cieux, en se permettant à Lui-même de le souffrir."
- EMV 479.2 (Dialogue de Jean de Zébédée et de Marie: "mais si Lui retourne au Père, nous devons nous en réjouir. Personne ne pourra plus Lui faire de mal". Et elle a gémi : "Oh ! mais avant !").
- EMV 487.9 (Prière sacerdotale de Jésus: "Père, mon Père ! Je te l'ai dit au commencement des jours : "Me voici pour faire ta Volonté").
- EMV 517.2 (Dans son humanité, Jésus est blessé par les trahisons, les conjurations, les rancœurs, les refus).
- EMV 534.8 ("Dites dans vos pays que la Lumière est dans le monde et qu'ils viennent à la Lumière. Dites que la Sagesse a quitté les Cieux afin de se faire pain pour les hommes").
- EMV 600.21 (" j’ai quitté le Père pour venir à elle et devenir Jésus dans son sein sans tache. Pourtant, c’est de l’Inviolée que je suis venu dans l’extase lumineuse de ma nativité ; et c’est de son amour, devenu lait, que je me suis nourri ; je suis fait de pureté et d’amour, car Marie m’a nourri de sa virginité, fécondée par l’Amour parfait qui vit au Ciel").
- EMV 618.5 ("Je ne suis plus séparé du Père. Tu ne seras plus séparée du Fils. Et ayant le Fils, tu as notre Trinité. Ciel vivant, tu porteras sur la Terre la Trinité parmi les hommes et tu sanctifieras l’Église, toi, Reine du Sacerdoce et Mère des Chrétiens").
- EMV 632.34 ("si le Rabbi de Nazareth a fini sa mission, l’Emmanuel continue la sienne jusqu’à la fin des siècles pour tous ceux qui ont foi, espérance et charité au Dieu Un et Trin dont le Verbe incarné est une Personne qui, à cause du divin amour, a quitté le Ciel pour venir enseigner, souffrir et mourir pour donner la Vie aux hommes").
- EMV 637.6 ("De même que j’ai quitté le Ciel pour demeurer dans le sein de Marie, j’ai choisi, au moment de quitter la terre, le sein de Marie pour ciboire") |
- EMV 642.9 ("Lui devait mourir, et mourir avec son Humanité très Sainte").
Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Concile d'Éphèse 431, puis formulé par le concile de Chalcédoine (451) et confirmé par les Conciles ultérieurs (Constantinople II‑III, Constantinople V).
- ↑ Dans la Septante (Sagesse 16,21), hupostasis désigne la réalité divine qui soutient le monde. Philon d’Alexandrie (20 av. J.-C. – 50 ap. J.-C.), un juif hellénisé, utilise hupostasis pour décrire : 1 - Les idées divines (influencé par Platon) comme des réalités substantielles. 2 - La présence de Dieu dans le monde, par exemple dans De Opificio Mundi (La Création du monde), où il parle de la hupostasis comme substance intelligible derrière la matière. 3 - L’existence concrète des êtres, par opposition à leur apparence. "La hupostasis des choses créées est comme l’ombre de la réalité divine." (Philon, De Somniis, I, 75) . la fin du Ier siècle av. J.-C. et au début du Ier siècle ap. J.-C., le terme commence à être repris par les premiers auteurs chrétiens (comme l’auteur de l’Épître aux Hébreux, vers 60–90 ap. J.-C.), qui s’appuient sur son usage dans la Septante et chez Philon pour exprimer l’idée d’une réalité divine sous-jacente (Hébreux 1,3 : "Le Fils est le rayonnement de sa gloire et l’expression de sa hupostasis").
- ↑ Exemple EMV 474.3 ou dans les notes qu’elle rédige.
- ↑ Le concile enseigne que Jésus-Christ est "un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, parfait en divinité et parfait en humanité, vrai Dieu et vrai homme, consubstantiel au Père selon la divinité et consubstantiel à nous selon l’humanité, semblable à nous en tout, hormis le péché. Engendré du Père avant tous les siècles selon la divinité, et, dans les derniers jours, né de la Vierge Marie, Mère de Dieu, selon l’humanité. Un seul et même Christ, Fils, Seigneur, unique engendré, reconnu en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation."
- ↑ Cf. Colossiens 2,9: "En lui, dans son propre corps, habite toute la plénitude de la divinité."