Saint-Office, relevé de décisions, (17/02/1949)
Ce relevé de décisions sur l'œuvre de Maria Valtorta en cours de publication par les Servites de Marie, concerne trois niveaux décisionnels : le bureau de la censure qui émet 5 propositions pour la stopper et la condamner (14 février), les dirigeants du Saint-Office qui les approuvent (16 février) et le Saint-Père qui n'en retient que 4 (17 février).
Traduction française[modifier | modifier le wikicode]
La traduction française a été faite par Alexis Maillard dans son livre accessible en ligne : Maria Valtorta Le Dossier du Vatican. Nous reproduisons ici les extraits que nous commentons dans différents articles du wiki Maria Valtorta.
14 février 1949 : les consulteurs[1][modifier | modifier le wikicode]
L'objet : "À propos du livre "Parole de Vie Éternelle" c’est à dire l’Évangile de Jésus-Christ de la pseudo-voyante Maria Valtorta de Viareggio[2]".
Les participants (les consulteurs) :
- Morano[3],
- Luigi Traglia[4],
- Aloïs Hudal[5],
- Mariano Cordovani op,
- Oorr[6],
- Franz Hürth sj[7],
- Liburdi[8],
- Creusen[9],
- Parente[10],
- Sebastien Tromp sj[11],
- Grendel[12],
- Bigazzi[13],
- Dalpiaz[14]
Relevé des décisions :
1) Obliger les Pères Servites de Marie de consigner au Saint Office tous les manuscrits et toutes leurs copies.
2) Que soit publiée l’interdiction de la publication de l’œuvre parce que l’Autorité Ecclésiastique y a trouvé des erreurs et qu’il n’y rien de surnaturel dans ces visions.
3) Interdire au père Berti et aux autres religieux [Servites de Marie] tout contact avec la voyante.
4) Dire à l’évêque de mettre la voyante sous la direction spirituelle d’un prêtre prudent et pieux.
5) Obliger les promoteurs de cette affaire à restituer les sommes d’argent déjà collectées, tout en laissant à l'Ordre (qui a laissé ses membres s'embarquer dans cette affaire) le soin de couvrir les éventuelles pertes financières.
16 février 1949 : Le Saint Office[modifier | modifier le wikicode]
Les Éminences Révérendissimes ont décidé : dans le même sens que l'avis des Consulteurs.
17 février 1949 : Le Pape Pie XII[modifier | modifier le wikicode]
Sa Sainteté [le pape Pie XII], en approuvant les décisions, a jugé excessive ou superflue la publication d'une notification, qui cependant pourrait être faite si ceux dont il est question n'obéissaient pas. À l'occasion, il pourra être répondu aux personnes qui posent des questions que la publication du livre a été interdite par le Saint-Office en raison d'erreurs, etc.
Valeur de cette décision[modifier | modifier le wikicode]
Pour Alexis Maillard (p. 48), ces cinq décisions, qui sanctionnent l'œuvre et la personne de Maria Valtorta, auraient reçues l'approbation du Souverain-Pontife, le même qui, un an auparavant recevait les Servites de Marie et les encourageaient à poursuivre la publication par la recherche d'un imprimatur d'usage.
Quatre éléments principaux contredisent son hypothèse d'un revirement du Saint-Père :
- Le Saint-Père ne retient que quatre décisions et exclut comme "excessive ou superflue" la publication d'une notification, acte officiel du Saint-Siège, actant "l’interdiction de la publication de l’œuvre parce que l’Autorité Ecclésiastique y a trouvé des erreurs et qu’il n’y rien de surnaturel dans ces visions" (point 2 du relevé de décisions)[15].
- En 1950, un an après, Pie XII confirme qu'il pensait l'œuvre de Maria Valtorta déjà publiée.
- En 1952, le rapport au Saint-Office du Père Augustin Bea recommande de ne pas publier l'œuvre. La décision n'avait donc pas pu être prise. Ce qui invalide de ce fait, la légitimité de l'entretien de Mgr Giovanni Pepe du 22 février 1949 demandant au Père Berti de ne pas publier l'œuvre en plus que de remettre les manuscrits. Cela explique aussi que l'article de l'Osservatore romano de 1960 commentant à la mise à l'Index se réfère imprécisément et de façon inaccoutumée à "des souvenirs d’il y a environ une dizaine d’années". C'est donc à tort que l'on traduit ce flou par "1949" et confirme que la décision du Saint-Office de 1959 ne se référait qu'à son propre avis non validé par le Saint-Père à l'époque, comme de droit.
- En 1956, 1957 et 1958, en contradiction avec la logique d'une interdiction ou condamnation formelle, les premiers tomes sont publiés sans aucune intervention du Saint-Office pourtant au courant du fait[16]. La sanction n'interviendra qu'après la mort de Pie XII.
Toutes les autres décisions visant les Servites (décisions 2 et 5) et l'accompagnement de Maria Valtorta (décisions 3 et 4), eurent cependant leurs effets. Maria Valtorta souffrit beaucoup de cette mesure de rétorsion qui n'arrêta nullement les communications du Ciel, mais en même temps elle fut soulagé de l'arrêt d'une publication sauvage de l'œuvre que les Servites avaient entrepris avec des vues humaines[17]. La publication put reprendre sur des bases neuves avec le P. Berti et le soutien de la maison d'édition Pisani.
Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Consulteur : expert théologien ou juriste.
- ↑ Le libellé de l'objet manifeste bien qu'il s'agit pas d'évaluer une œuvre et son auteure, déjà condamnées par le rapport du 2 février 1949 de Giovanni Pepe, mais de statuer sur les modalités d'arrêt de sa publication alors en cours, dans la suite de l'audience papale du 26 février 1948.
- ↑ Mgr Francesco Morano (1972-1968). Il était d'esprit scientifique et versé dans les questions juridiques (voir sa notice sur cathopedia).
- ↑ Mgr Luigi Traglia (1895-1977). Il fut nommé cardinal par la suite.
- ↑ Selon Wikipédia "Alois Hudal, né à Graz, le 31 mai 1885 et mort à Rome, le 13 mai 1963 est un évêque catholique autrichien, surtout connu pour avoir jusqu'au bout défendu une synthèse entre catholicisme et national-socialisme et pour avoir facilité la fuite de plusieurs criminels nazis vers l'Amérique du Sud, parmi lesquels Adolf Eichmann, Klaus Barbie, ou Joseph Mengele."
- ↑ Peut-être Mgr Joseph M. Corr (1900-1983).
- ↑ Franz Hürth (1880-1963). C'était, semble-t-il, un conseiller écouté de Pie XI et de Pie XII. À cette époque il était concentré sur l'analyse des travaux du Père Theillard de Chardin (source, p. 20). Ses travaux furent condamnés par le Saint-Office en 1955 et 1962. Ils sont cependant cités aujourd'hui par Benoît XVI et le Pape François dans son encyclique Laudato Si.
- ↑ P. Teofilo Liburdi, O.F.M.
- ↑ Joseph Creusen (1880-1960), jésuite belge. C'était un grand canoniste et un saint prêtre" selon ses proches.
- ↑ Mgr Pietro Parente (1891-1986). Théologien éminent, il évolua, durant le concile Vatican II, de positions conservatrices à des position plus progressistes, notamment sur la collégialité des évêques. Il fut ultérieurement nomme cardinal et devint secrétaire de la toute nouvelle Congrégation pour la doctrine de la Foi, sous Paul VI, de 1965 à 1967.
- ↑ Sebastiaan Peter Cornelis Tromp (1889-1975). Théologien de talent, il fut un collaborateur du cardinal Ottaviani durant le Concile et occupa le poste de secrétaire de la commission théologique. Cependant ses documents préparatoires, trop corsetés, furent rejetés par plusieurs théologiens comme Karl Rahner, Josef Ratzinger, Hans Küng, ...
- ↑ Joseph Grendel, jésuite
- ↑ Mgr Cristoforo Bigazzi (1879-1971), un dominicain. C'était un "commissaire". Le Commissaire du Saint-Office était un official majeur de la Congrégation, toujours un Dominicain, traditionnellement issu de la province de Lombardie de l'Ordre des Prêcheurs, en vertu d'un privilège accordé par le Pape Pie V Il avait la responsabilité de mener les enquêtes judiciaires dans les affaires pénales qui devaient être jugées par la Congrégation en tant que tribunal.
- ↑ Mgr Virgilio Dalpiaz.
- ↑ Cf. F.M. DEBROISE Commentaires de "Maria Valtorta, Dossier du Vatican" d'Alexis Maillard (pp.7-8).
- ↑ L'article de l'Osservatore romano commentant la mise à l'Index, pointe des éléments du premier volume édité en 1956.
- ↑ Idem, "Les vues humaines sur l’œuvre de Dieu" pp. 8-9.