Marcus Gratus

    De Wiki Maria Valtorta

    Marcus Gratus est l'un des quatre légionnaires de faction aux portes de Jérusalem au lendemain de l'entrée triomphale de Jésus (dimanche des rameaux). Il fait sans doute partie de la garnison romaine qui cantonne à l'Antonia, cette forteresse qui domine le Temple. Il est minuit et Jésus veut entrer dans la ville pour y rejoindre sa mère.

    Le plus âgé des quatre soldats, sans doute un gradé, le laisse entrer malgré les consignes:
    "Vraiment l'ordre serait de ne pas laisser passer, mais tu passerais quand même. Celui qui force les portes de l'Hadès[1] peut bien forcer les portes d'une ville fermée. Et tu n'es pas homme à provoquer des soulèvements. La défense tombe pour Toi. Fais en sorte de n'être pas vu par les rondes à l'intérieur. Ouvre, Marcus Gratus. Et Toi, passe sans bruit. Nous sommes soldats et nous devons obéir..."   
    Vital, le plus jeune des quatre soldats, exprime son admiration pour Jésus. Marcus Gratus, "dans toute la force de l'âge" le moque: "Un dieu sur un âne ?". Et il argumente son athéisme:
    "Crois-moi : les dieux, c'est une fable. L'Olympe est vide, et la Terre n'en a pas [...] César lui-même ne croit pas aux dieux, et que n'y croient pas les pontifes[2], les augures[3], les aruspices[4], les arvales[5], les vestales[6], ni personne ? [...]  Pourquoi les rites ? Parce qu'ils plaisent au peuple et sont utiles aux prêtres et servent à César pour se faire obéir comme s'il était un dieu terrestre tenu par la main par les dieux de l'Olympe. Mais les premiers à ne pas y croire sont ceux que nous vénérons comme ministres des dieux. Je suis pyrrhonien[7]. J'ai fait le tour du monde. J'ai fait beaucoup d'expériences. Mes cheveux blanchissent aux tempes et ma pensée a mûri. J'ai comme règle personnelle trois principes : Aimer Rome, unique déesse et unique certitude, jusqu'au sacrifice de ma vie. Ne rien croire puisque tout est illusion de ce qui nous entoure, exceptée la Patrie sacrée et immortelle. Nous devons aussi douter de nous-mêmes car il n'est pas certain même que nous vivons. Les sens et la raison ne suffisent pas pour nous donner la certitude d'arriver à connaître la Vérité, et la vie et la mort ont la même valeur car nous ne savons pas ce que c'est que la vie et ce que c'est que la mort" dit-il en affectant un scepticisme philosophique d'un être supérieur."[8]
    Comme Vital maintient son désir d'écouter Jésus, Marcus Gratus le bouscule :
    "Qu'Esculape[9] te sauve ! Tu es malade ! C'est depuis peu que tu es monté à la ville de la vallée, et les fièvres surgissent facilement chez ceux qui font ce voyage et ne sont pas encore acclimatés à cette région. Tu délires. Viens. Il n'y a rien de tel que le vin chaud et les aromates pour faire sortir en sueur le venin de la fièvre jordanique..."
    Et il le pousse vers le corps de garde, mais Vital se dégage. Il attendra Jésus.

    Points remarquables

    Ce témoignage de Marcus Gratus fait partie des connaissances historiques remarquables de Maria Valtorta, mais illustre surtout le glissement du scepticisme des agnostiques à l'athéisme.

    Son nom

    Gratus signifie "reconnaissant". On en trouve un écho dans le mot "gratitude". Marcus Gratus n'en démontre aucune dans son discours.

    Où en parle-t-on dans l'œuvre ?

    EMV 592

    Notes et références

    1. Le lieu de séjour des morts. C'est une allusion à la résurrection de Lazare qui avait fait grand bruit et frappés les esprits.
    2. Les pontifes romains (de 3 à 5) étaient chargés du culte public et du calendrier religieux. L'autorité suprême était à la charge du Pontifex maximus.
    3. Les augures étaient chargés d'observer la volonté des dieux à travers de signes comme le vol des oiseaux. Ils consacraient temples et champs.
    4. Les (h)aruspices étaient des devins chargés de lire l'avenir dans les entrailles d'animaux notamment
    5. Les arvales étaient un collège de douze prêtres chargés d'un culte à Cérès. Il se célébrait à la pleine lune de mai et garantissait de bonnes récoltes.
    6. Les vestales étaient des vierges prêtresses consacrées à Vesta, déesse protectrice des foyers et de la Cité. Elles étaient chargées d'entretenir le feu sacré.
    7. Pyrrhon d'Elis (360–270 av. J.C.) : philosophe grec fondateur du scepticisme. Il était agnostique et s'abstenait de donner son opinion sur tout sujet. Il niait qu'une chose fût bonne ou mauvaise, vraie ou fausse en soi. Il doutait de l'existence de toute chose.
    8. EMV 592.2.
    9. Esculape : dieu de la médecine. Adoré primitivement à Epidaure. Un de ses symboles est le serpent enroulé sur un bâton. On le retrouve aujourd'hui dans le caducée des pharmaciens et des infirmiers.