Anachronismes
Dans plusieurs épisodes le récit de Maria Valtorta énonce des connaissances en décalage avec les connaissances contemporaines. Ces anachronismes peuvent être une anticipation sur les découvertes, soit une volonté de se faire comprendre, soit l'interprétation de Maria Valtorta ou du traducteur.
Faux anachronismes[modifier | modifier le wikicode]
- Citation biblique. En EMV 40.6, Jésus cite le "quatrième livre des Rois, chapitre XXII, verset 10". Il n'existe que deux Livres des Rois. Mais Jésus ne commet aucun anachronisme : dans la Septante, une version grecque de "l'Ancien Testament" en cours au temps de Jésus, il y avait bien quatre Livres des Rois (ou des Règnes). Le passage cité se retrouve donc dans notre Bible en 2 Rois 22,10.
- Figuier d'Inde. Maria Valtorta mentionne par sept fois cette plante emblématique des paysages méditerranéens. On oppose que les cactus viennent du Mexique, importé par Christophe Colomb. Mais cette plante était connue des grecs de l'Antiquité.
- Galien, En EMV 129.2, Jésus cite des sentences attribuées à un écrivain romain Galien (Galeno en italien). Mais Claude Galien (Claudius Galienus) ne vécut que plus tard, de l’an 129 à l’an 216. Il s’agirait donc d’un anachronisme grossier. Cette objection de taille a pesé sur l'Œuvre de Maria Valtorta pendant plus de 40 ans, jusqu'à ce que le professeur Fernando La Greca publie son étude universitaire justifiant que cette mention était en fait une connaissance rare.
- Pyramides d'Égypte. Une seule pyramide décrite. Travaux de Jean-François Lavère.
Utilisation d'un vocabulaire moderne[modifier | modifier le wikicode]
Pour justifier l'usage d'un nom contemporain, Jésus explique la localisation d'Antioche de Syrie où il envoie se réfugier deux disciples poursuivis :
"J'avais, pour donner une indication aux lecteurs, indiqué le lieu de l'emprisonnement de Jean par les noms maintenant en usage. On en a fait objection . Voici que maintenant je précise : "Bithynie et Mysie" pour ceux qui veulent les noms anciens. Mais cet Évangile est pour les simples et les petits, pas pour les docteurs pour lesquels, en majorité, il est inacceptable et inutile. Les simples et les petits comprendront mieux "Anatolie" que "Bithynie ou Mysie". (EMV 312.14)
- Les mois de l'année. Lors de la fête des Tentes (Soukkot), un personnage s'exclame : "Un beau mois d’octobre, comme on en voit rarement !" (EMV 3.2). Mais le mois d'octobre n'existait pas. La fête des Tentes se déroulait cette année là le 24 Tishri 3740 (Lundi 1 octobre -22). Maria Valtorta le sait mais ne corrige pas. Elle note simplement sur une copie dactylographiée : "Parfois les noms sont exprimés en italien pour que le lecteur comprenne mieux."
- Chrétiens. En EMV 157.2, Jésus dit : "on dira un seul nom qui les réunira sous un signe unique : chrétiens". L'origine "officielle" du mot "christiani" est mentionnée dans Actes 11,26. L'usage en remonterait à l'an 42 ou 43, à Antioche de Syrie. Mais rien n'interdit de penser que Jésus Lui-même ait évoqué ce terme à ses disciples, comme cela apparaît à maintes reprises dans l'œuvre. Ce terme se réfère au Messie. Le terme Chrétiens est plusieurs fois employé dans l'Œuvre : en EMV 44.11 | EMV 280.5 | EMV 362.3 | EMV 596.17 | EMV 618.5
- Catholique, catholicisme. EN EMV 44.5, Jésus décrit la fin des temps et son règne universel : "Ne vous imaginez pas que la Charité puisse être injuste, que seulement parce que beaucoup n'auront pas appartenu à Israël ou au Christ, tout en pratiquant la vertu dans la religion qu'ils suivent, convaincus que c'est la vraie, ils doivent rester éternellement sans récompense. Après la fin du monde, il ne survivra pas d'autre vertu que la Charité, c'est-à-dire l'Union avec le Créateur de toutes les créatures qui auront vécu avec justice". l'adjectif grec katholikos signifie universel. On les retrouve en EMV 475.4 mais il s'agit d'une remarque de Maria sur notre époque. La langue grecque était très usitée à l'époque de Jésus comme le démontre notamment le panneau cloué au-dessus de sa Croix (Jean 19,20).
- Purgatoire. En EMV 272.4, on interroge Jésus sur sa foi dans le "Purgatoire". Le mot purgatoire n'était pas employé tel quel à l'époque de Jésus, mais le concept existait comme l'évoque 2 Maccabées 12,39-45. L'Évangile y fait référence dans la parabole de Lazare et du mauvais riche (Luc 16,19-31). Benoît XVI (Spe Salvi § 45) confirme qu'il ne s'agit pas de l'enfer. Paul parle de la purification par le feu (1 corinthiens 3,11-15). Dans le judaïsme on peut approcher la notion de Purgatoire, de celle du Shéol, lieu d’attente pour les morts, distinct de la Géhenne qui se rapprocherait de l’Enfer. En tout état de cause, les termes de Paradis, Enfer, Purgatoire, n’existent pas dans le Judaïsme au point que les sadducéens, au temps de Jésus, ne croyaient pas à l’au-delà.
- Parenté. En EMV 323.5, le vieux Philippe qualifie Tolmaï de mon fils, alors qu’il est son grand-père, le père de son père Joseph. Les juifs appelaient leurs petits-enfants fils ou fille, de même qu’on disait père et mère pour les grands-parents ; on employait pour les cousins et les beaux-frères ou belles-sœurs le terme de frères ou sœurs. On ne parlait pas d’oncle et de tante (comme en EMV 100.12). Dans l’œuvre de Maria Valtorta, les degrés de parenté sont exprimés parfois comme à l’époque de Jésus, et parfois comme de nos jours (en particulier "tante" en EMV 95.5/6).
- Jours de la semaine. En EMV 591.6, Jésus dit à Judas : "le soir du Jeudi l'Agneau doit être livré". Ce nom n'existait pas. Le jeudi était le jour 5 (Yom Chamishi), mais son emploi est plus compréhensible dans le contexte de la Semaine Sainte (Jeudi Saint, Vendredi Saint, ...).
- kilomètres. En EMV 335.12, l'hydropique de Luc 14,1-24 dit qu'il a parcouru des kilomètres pour trouver Jésus. La première traduction a traduit le terme chilometri par milles.
- Eucharistie. En EMV 612.1, en parlant des reliques de la Sainte Cène, Marie d'Alphée parle de la coupe et du pain ayant servis à l'Eucharistie, ce terme, qui signifie action de grâce est très connu des Chrétiens. C'est dans le même contexte qu'on le trouve en EMV 615.9 | EMV 629.7 | EMV 635.15)
- Transsubstantiation. En EMV 354, Jésus affirme qu'il peut se transsubstantier par amour pour les hommes, et en EMV 635, qu'il a transubsstantié le pain et le vin en son corps et son sang. Dans l'histoire de l’Église, l'usage du terme transsubstantiation est majoritairement utilisé au Moyen-Âge. Cependant, en araméen, il existe trois mots pouvant être traduits par "substance", un premier signifiant "essence"[1], un autre signifiant "bien matériel"[2], et le dernier signifiant "personne"[3]. Ainsi, les contemporains de Jésus possédaient dans leur langue des concepts permettant d'exprimer et de comprendre ce qu'est la transsubstantiation.
- séminaires. En EMV 629.11, Jésus évoque l'avenir : "Au cours des siècles, il y aura des séminaires, et dans ceux‑ci des lévites. Il en sortira des prêtres". Ceci est dit lors de l'apparition aux apôtres en présence de Thomas (Jean 20,26-29). Jésus les enseigne sur la dignité du sacerdoce et sur les futurs prêtres.
- Évidemment, les termes modernes utilisés dans les expressions personnelles de Maria Valtorta ne sont pas anachroniques, comme ceux annotés en EMV 419.5 et EMV 531.20.
Termes techniques inadaptés[modifier | modifier le wikicode]
- Outils du charpentier. En EMV 37.2, Maria Valtorta parle d'un tournevis. Terme anachronique. Elle le répète en EMV 42.2 et rajoute "me semble-t-il". En effet elle n'est pas spécialiste des outils du menuisier, même s'ils n'avaient pas beaucoup changés depuis l'Antiquité. Elle utilise les références qu'elle connaît. L'outil qui ressemble à un tournevis est probablement un ciseau à bois, une gouge ou un bédane. D'autres descriptifs d'outils ou de procédés de la menuiserie se trouvent en EMV 306.1.
Initiatives du traducteur[modifier | modifier le wikicode]
- Acculturations malencontreuses. Dans la première traduction (1985), Félix Sauvage, employait le mot "jockey" à la place du mot original "aurige". De même "usine" à la place "d'atelier". Dans un bon sentiment, il voulait rendre plus sensible au lecteur moderne les visions de Maria Valtorta, mais cette initiative en desservait l'authenticité.
Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ "Essence" dans le dictionnaire du "Compréhensive Aramaic Lexicon" (page en anglais)
- ↑ "Bien matériel" dans le dictionnaire "Compréhensive Aramaic Lexicon" (page en anglais)
- ↑ "Personne" dans le dictionnaire "Compréhensive Aramaic Lexicon" (page en anglais)