Évêques d'Aquino-Sora-Pontecorvo et Maria Valtorta
Le diocèse de Sora, où se trouve le siège épiscopal, concerne Maria Valtorta pour deux raisons :
- Sa circonscription comprend Isola-del-Liri où se trouvent le Centro editoriale valtortiano qui édite les ouvrages de Maria Valtorta et la Fondation Héritière de Maria Valtorta (Fondazione Erede di Maria Valtorta) qui gère son patrimoine matériel et spirituel.
- En tant que diocèse de l'éditeur, les évêques du lieu furent sollicités dès 1948 pour accorder l'imprimatur (autorisation de publier) à "Paroles de Vie Éternelle", première appellation de l'ouvrage connu aujourd'hui comme L'Évangile tel qu'il m'a été révélé.
Le diocèse de Sora n'eut qu'à s'occuper de l'imprimatur de l'œuvre mais non pas de la cause de béatification de Maria Valtorta. Celle-ci relève du diocèse où a vécu et où est morte Maria Valtorta : Viareggio. Cette ville dépend des archevêques de Lucques (Lucca).
Le diocèse d'Aquino-Cassino-Sora-Pontecorvo
Issu d'un regroupement d'anciens diocèses, il est situé dans la province de Frosinone et dans la région de Latium. Le Latium est la région de Rome qui se trouve à environ 100 km à l'ouest. Sora, de taille modeste (25.000 hbt) est cependant la plus peuplée des villes du diocèse si on excepte Cassino.
Le diocèse est connu pour quelques grandes figures du Christianisme :
- St Thomas d'Aquin, le Docteur Angélique né dans le diocèse d'Aquino au château de Roccasecca.
- St Benoît, Patron de l'Europe et grande figure du monachisme (Règle de St Benoît), dont l'Abbaye millénaire se situe dans le diocèse de Cassino mais en dehors de sa juridiction.
- Ste Scholastique, sœur jumelle de St Benoît de Nursie. Elle fonda le premier monastère féminin qui adopta les règles bénédictines.
D'autres figures de la société civile illustrent ce territoire : Cicéron[1] et Vittorio de Sica, par exemple.[2]
L'éditeur de Maria Valtorta
C’est Pie XII qui, le 25 octobre 1948, avait fait demander par son secrétaire particulier, Mgr Montini, futur Paul VI, que l’imprimatur soit confirmé par un évêque italien pour éviter les réactions de "certains prélats hostiles"[3]
Mgr Montini suggéra aux Servites de Marie, Mgr Michele Fontevecchia, évêque d’Aquino-Sora, diocèse où se trouvait les Éditions Michele Pisani (actuellement le Centro editoriale valtortiano), spécialisée alors dans les éditions religieuses.
L'imprimatur
Pie XII avait donné l'avis qu'on sollicitait de lui sur l'œuvre de Maria Valtorta. Il encourageait sa publication en laissant la question d'une origine, divine ou pas, à la liberté du lecteur. Telle est la loi de l'Église qui ne cautionne pas l'origine divine des révélations privées, même reconnues, mais qui en autorise (ou pas) la lecture (ou la dévotion) prudente. Pie XII demanda à ce qu'on procède à la délivrance de l'imprimatur d'usage, non qu'il avait des doutes, mais parce qu'elles sont les procédures de l'Église dont il est le gardien.
L'imprimatur (qu'il soit imprimé) indique que l'œuvre a été autorisée à la publication par "l'ordinaire du diocèse", ou une autre autorité ecclésiastique. Il garantit qu'elle ne contient aucun élément contraire à la foi ou la morale catholique.
Pour cela, l'autorisation est précédée d'une lecture approfondie aboutissant à un Nihil obstat (rien ne s'y oppose). Cette appréciation signifie que la publication est exempte d'erreur doctrinale et n'est pas contraire à la morale catholique. Elle est délivrée par une personne qualifiée.
Même si l'avis du Pape valait, de par sa fonction, la double autorisation[4], il en fallait la formalisation que Mgr Constantino Barneschi accorda très rapidement. Le Saint-Office proteste : il faut un évêque italien. Le pape demande donc à ce qu'on s'exécute. Ce qui fut fait.
Mgr Michele Fontevecchia
Mgr Michele Fontevecchia se proposa d’accorder l’imprimatur[5] et soumis l'étude de l'œuvre à son compatriote et ami : Mgr Ugo Emilio Lattanzi, un théologien renommé, Doyen de la faculté pontificale du Latran. Dans son attestation de 1952, il déclare n'avoir rien trouvé qui s'oppose à la publication, même si certaines positions l'interroge. Il en détecte l'origine préternaturelle sans se prononcer plus avant. Les fioritures des descriptifs le dérange, mais il conclut que l'œuvre de Maria Valtorta "pourra amener plus d’une âme indifférente à se désaltérer à la source d’eau vive: à l’Ecriture sainte[6]".
De son côté Mgr Fontevecchia s'intéressait à l'œuvre qu'il se faisait lire car lui-même devenait aveugle. Il aurait donc accordé tout naturellement l'imprimatur[5] si cette décision lui fut "arrachée des mains" selon ce que rapporte Maria Valtorta à Mgr Carinci :"Le 21 novembre 1948, alors que j'ignorais encore que le Saint-Office s'était chargé de l'affaire, l'arrachant des mains et au jugement de Son Excellence l'Evêque de Sora et de son Réviseur Monseigneur Lattanzi, il (Jésus) dit : "qu'à son tour, il enlèverait ce à quoi tenaient le plus ceux qui ne le servaient pas et qu'un jour viendrait où moi et tout le monde connaîtrions les actions de beaucoup"[7]."
Cette phrase de Jésus, que Maria Valtorta note sans en comprendre la portée, peut être interprétée comme une prophétie sur la mise à l'Index future suivie, en 1966, de son abolition en droit et en conséquence.
En reconstituant le scénario des évènements, on sait[8] que le Saint-Office protesta contre l'imprimatur donné dans le courant de l'été 1948 à l'œuvre de Maria Valtorta par Mgr Constantino Barneschi. Que le 25 octobre 1948 Pie XII fait demander à l'ordre des Servites de Marie de confier l'imprimatur à un évêque italien pour éviter les réactions de "certains prélats hostiles". Mgr M. Fontevecchia est contacté favorablement. Il semble que lui et Mgr Lattanzi se soient mis rapidement au travail, la demande venait en effet du sommet de l'Église. Cette issue inattendue au renvoi sine die qu'ils pensaient avoir fait, n'a pas plu au Saint-Office : le 29 novembre 1948, ils somment (par téléphone) les Servites de Marie de cesser d'agir pour l'œuvre sous peine de sanctions. Á ce que rapporte Maria Valtorta à Mgr Carinci, ils avaient déjà intimé l'ordre à Mgr Fontevecchia d'en faire de même. Pourtant l'implication de cet évêque, parfaitement compétent, était parfaitement canonique et venait d'une demande du plus haut de l'Église.
Maria Valtorta, qui est pourtant l'auteure, ignore ce qui se trame dans son dos. Elle ne l'apprendra qu'au mercredi des cendres, le 23 février 1949. Mais le Ciel, lui, n'ignore rien :."Un avertissement (celui de Jésus donné le 21 novembre 1948) qui fut répété le 18 février 1949 et le 22 février, alors que j'ignorais encore la sanction était déjà prononcée. Un avertissement donné de manière de plus en plus explicite et énergique, faisant un parallèle entre ceux qui, en Hongrie, violaient le droits de l'Église en condamnant le Primat et en persécutant les fidèles et ceux qui ont foulé aux pieds les désirs de Dieu en bloquant l'Œuvre et en m'affligeant par leur manière d'agir. Et encore, sur le même sujet, le 25 février, qualifiant l'action accomplie de "péché contre le Saint-Esprit"[7]".
La cécité progressive finit par empêcher Mgr Fontevecchia d'exercer son ministère. Avant d'avoir atteint la limite d'âge, il se retira peu de temps après ces évènements, le 19 avril 1952, il avait 66 ans. Ce fut son coadjuteur qui le remplaça.
Mgr Biagio Musto
Même chose pour son successeur Mgr Biagio Musto qui confia ultérieurement avoir voulu accorder lui aussi l’imprimatur mais avoir fait l’objet, lui aussi, de pressions[9]. Par qui ? C’est le suivant qui va l’écrire.
Notes et références
- ↑ Né à Arpino. C'était un brillant orateur et homme politique du temps de Jules César et d'Auguste.
- ↑ Né à Sora, il un acteur prolifique des années 50/60 (135 rôles) autant que réalisateur (32 films dont le voleur de bicyclette et la Ciociara).
- ↑ Lettere a Madre Teresa Maria, Vol. 2, 11 novembre 1948, page 160.
- ↑ Voir l'avis du cardinal Edouard Gagnon sur ce point.
- ↑ 5,0 et 5,1 Lettres à Mère Teresa, Tome 2, 16 décembre 1948, p. 172.
- ↑ Déclaration de Mgr U.E. Lattanzi.
- ↑ 7,0 et 7,1 Lettere a Carinci, lettre du 24 août 1950.
- ↑ Pour toutes ces dates, voir l'historique de la tentative de destruction de l'œuvre par le Saint-Office.
- ↑ Marta Diciotti, una vita con Maria Valtorta, page 388.