Mgr Mario Crovini et Maria Valtorta
Mgr Mario Crovini était substitut de la Suprême congrégation du Saint-Office et premier censeur de l'Église catholique. C'était donc un adjoint du cardinal Alfredo Ottaviani. Dans les années 1960, il eut à se mêler de deux cas particuliers : celui du Padre Pio et celui de Maria Valtorta.
Le cas du Padre Pio
En 1960, le Padre Pio était en butte aux manœuvres et aux persécutions de ses frères capucins. L'ordre était en faillite à la suite de mauvais placements financiers dans les années 1950, alors que Padre Pio voyait affluer les dons pour la fondation de son hôpital, La Casa Sollievo della Sofferenza. Pour s'approprier les fonds reçus on fit pression sur le Padre, faisant courir des calomnies, multipliant vexations et interdictions. On alla même jusqu'à poser des micros dans sa chambre, dans son confessionnal. On l'accusa de relations coupables. Le Saint-Office était à la croisée des opposants et des partisans du saint homme. En 1952 Mgr Giovanni Pepe, censeur des livres, mis à l'Index huit livres parlant du Padre Pio, ce qui lui valut son éviction puisqu'il l'avait fait sans l'aval de Pie XII.
Le 20 avril 1960, année où l'Oeuvre de Maria Valtorta fut mise à l'Index, le cardinal Ottaviani dépêcha à San Giovanni Rotondo, son adjoint, Mgr Mario Crovini qui innocenta le Padre Pio de toutes les charges qu'on lançait contre lui. Ceci ne plut pas aux capucins qui en appelèrent au Pape directement pour qu'il mandate un visiteur apostolique, Mgr Maccari, qui arbitra contre le Padre Pio et le décret du cardinal Ottaviani fut annulé[1].
Le cas de Maria Valtorta
Il est important de situer la rigueur morale de Mgr Crovini pour comprendre l'importance de ce qui suit :
En 1982, écrit Emilio Pisani[2], je rencontrai par hasard Mgr Mario Crovini à Rome, dans la librairie "Propaganda Mariana". Il avait été un collaborateur du cardinal Ottaviani au Saint‑Office[3]. La propriétaire de la librairie, qui me connaissait bien, me présenta à lui. En veine de confidences, il me parla de la condamnation de 1959 en ces termes : "Nous nous sommes aussitôt repentis d’avoir mis à l’Index l’Œuvre de Maria Valtorta." Il devait en savoir beaucoup, mais une imprudence de ma part le bloqua, et il ne dit rien de plus. Je m’en mors encore la langue !
Que voulait dire cette repentance ? On ne le sait pas exactement. Était-ce une repentance propre à Mgr Crovini ? Y-a-t-il eu un lien avec l'affaire du Padre Pio ? On ne peut conjecturer que par rapport aux évènements qui suivirent la mise à l'Index :
En décembre 1960 P. Berti est convoqué par le Saint-Office (à l'origine de la mise à l'Index) où il trouve une atmosphère plus propice au dialogue auprès du nouveau commissaire qui le reçoit. On ne connaît pas la raison de cette initiative. Le P. Berti rapporte à son interlocuteur, le Père Marco Giraudo, un dominicain, les propos de Pie XII en 1948 ainsi que les prises de positions favorables écrites. La qualité des signataires semble impressionner le commissaire.
En janvier 1961, le P. Berti revient par quatre fois au Saint-Office avec un rapport et quelques documents qu'on lui avait demandés. Le Père Giraudo, prend conseil de sa hiérarchie et accorde une autorisation modérée, mais verbale pour la nouvelle édition :
"Vous avez notre entière approbation pour continuer la publication de cette deuxième édition de l’Évangile tel qu’il m’a été révélé (Poema del Uomo-Dio) de Maria Valtorta. Nous verrons bien comment l'œuvre sera accueillie."
Il rapporte cet épisode dans son affidavit.
Notes et références
- ↑ Ennemond Boniface Padre Pio de Pietrelcina: Vie, œuvres, passion. Essai historique - Une visite élogieuse de Mgr Crovini - Table ronde, 1966.
- ↑ Référence livre en cours d'édition à préciser ulrétieurement
- ↑ Il avait passé plus de quarante ans au Saint-Office et venait juste de prendre sa retraite.