Parabole du grain planté en terre
Cette parabole n'est rapportée que par Marc 4,26-29. C'est une des nombreuses paraboles de Jésus utilisant l'image de la semence. Dans celle-ci, la semence pousse sans l'intervention de l'homme : la nature se charge de tout. Le semeur sème seulement avec foi et moissonne avec joie. Le chanoine Osty, dans sa note de bas de page, s'exclame[1] : "Belle parabole, qui peut servir de consolation à tous ceux qui croient prêcher dans le désert". C'est en effet le sens que prend cette parabole dans les écrits de Maria Valtorta.
Dans Maria Valtorta
Elle est rapportée en EMV 184.4, dans le même épisode que la Parabole du grain de moutarde (sénevé).
Le contexte
Jésus est à Magdala, au tout début de la deuxième année de sa vie publique. Il a été appelé sous l'effet d'une motion intérieure au grand scandale de Pierre qui connaît la réputation licencieuse de cette villégiature en bord du lac de Tibériade. Soudain une femme éplorée appelle à l'aide, son fils vient d'être mortellement blessé dans une rixe entre amants de la sulfureuse Marie de Magdala (EMV 183.2). Le moribond est un père de famille rendu fou de luxure. On le traîne en dehors de la villa du crime et Jésus le guérit en raison des enfants et de l'épouse éplorée. Marie Madeleine a suivi le cortège. Jésus passe devant elle sans un motJésus ralentit comme pour attendre les disciples, mais je crois qu'il le fait pour donner à Marie la possibilité de faire un geste. Mais elle ne le fait pas. Les disciples rejoignent. Jésus et Pierre ne peut se retenir de dire à Marie, entre les dents, une épithète appropriée. Et elle pour se donner une contenance éclate de rire ce qui est pour elle un bien pauvre triomphe.Tout le monde commente le drame et sa cause, la guérison et l'attitude de Jésus. On la trouve trop clémente et dénuée des reproches qu'on s'attendait à entendre. On murmure dans son dos.Mais Jésus a entendu la parole de Pierre. Il se retourne et lui dit sévèrement : "Pierre, Moi, je n'insulte pas. N'insulte pas. Prie pour les pécheurs. Rien d'autre."
Marie (Madeleine) cesse de rire, baisse la tête et s'enfuit comme une gazelle vers sa maison (EMV 183.5).
La parabole
Jésus s'adresse alors aux personnes qui discutent et éclaire son attitude :Vous doutez que Marie (de Magdala) revienne au Bien. Aucun signe, en elle, n'indique qu'elle fera ce pas. Effrontée et impudente, consciente de sa situation et de son pouvoir, elle a osé défier les gens et venir jusqu'au seuil de la maison où l'on pleure à cause d'elle. Au reproche de Pierre elle répond par un éclat de rire. Devant mon regard qui l'invite, elle se raidit orgueilleusement. Vous auriez peut-être voulu que pour l'amour de Lazare, par amour envers Moi-même, je lui parle directement, longuement, en la subjuguant par ma puissance en faisant voir ma force de Messie Sauveur. Non. Il ne faut pas. Je l'ai dit à propos d'une autre pécheresse, il y a plusieurs mois[2]. Les âmes doivent se faire par elles-mêmes. Je passe, je jette la semence. Secrètement la semence travaille. L'âme doit être respectée dans son travail. Si la première semence ne s'enracine pas, on en sème une autre, une autre encore... ne renonçant que quand on a des preuves certaines de l'inutilité de l'ensemencement. Et on prie. La prière, c'est comme la rosée sur les mottes, elle les garde fraîches et fécondes, et la semence peut germer.Jésus centre son enseignement sur le long travail de l'âme elle-même et du rôle de la prière qui accompagne l'action de Dieu. Car "le Royaume de Dieu dans les cœurs est créé par le Divin Semeur. Il vient à son domaine - l'homme appartient à Dieu car tout homme Lui appartient dès son origine - et Il y répand sa semence." Suit alors le parallèle entre la lente maturation de la plante et celle de l'âme.
"Dans les cœurs, ma parole fait le même travail. Je parle des cœurs qui accueillent la semence. Mais le travail est lent. Il faut éviter de tout abîmer par des interventions intempestives. Comme c'est dur pour la petite semence de s'ouvrir et d'enfoncer ses racines dans la terre ! Pour le cœur dur et sauvage, ce travail est difficile aussi. Il doit s'ouvrir, se laisser fouiller, accueillir des nouveautés, peiner pour les nourrir, apparaître différent parce que recouvert de choses humbles et utiles et non plus de l'attrayante, pompeuse, inutile et exubérante floraison qui le revêtait précédemment. Il doit se contenter de travailler humblement, sans attirer l'admiration pour réaliser utilement l'Idée divine. Il doit activer toutes ses capacités pour croître et former l'épi. Il doit se consumer d'amour pour devenir grain. Et quand, après avoir triomphé des considérations humaines tellement, tellement, tellement pénibles, après avoir fatigué, souffert pour s'adapter à son nouveau vêtement, voilà qu'il doit s'en dépouiller pour subir une taille cruelle [...] La vie du pécheur qui devient saint est le plus long, le plus héroïque, le plus glorieux combat. Je vous le dis (EMV 184.4)."Comme une confirmation de la puissance de l'amour dans les cœurs, Jésus interroge Matthieu :
"Est-ce que peut-être j'ai agi autrement avec toi, Matthieu ?" - "Non, mon Seigneur." - "Et, dis-moi la vérité : est-ce ma patience qui t'a davantage persuadé ou les reproches acerbes des pharisiens ?" - "C'est ta patience, au point que me voilà ici. Les pharisiens, avec leurs mépris et leurs anathèmes, me rendaient méprisant et par mépris j'agissais encore plus mal que je ne l'avais fait jusqu'alors. Voici ce qui arrive. On se raidit davantage quand, étant dans le péché, on s'entend traiter de pécheur. Mais, quand au lieu d'une insulte, c'est une caresse qui arrive, on reste stupéfait, puis on pleure... et, quand on pleure, l'armature du péché se déboulonne et tombe. On reste nu devant la Bonté et on la supplie de tout cœur de nous revêtir d'Elle-même (EMV 184.5)."