Hymne à l'amour et à la souffrance

    De Wiki Maria Valtorta
    Maria Valtorta
    Le vendredi saint 1930 (18 avril), Maria Valtorta eut sa "première heure d’agonie avec le Christ". Elle confie :
    "Seuls ceux qui ont connu cette angoisse déchirante, parcourue de spasmes, de crampes, d’étouffement et de collapsus peuvent dire ce qu’elle est en réalité. Moi je l’ai éprouvée pour la première fois le vendredi saint. Pendant l’agonie de Jésus, il y eut l’agonie de Maria de Jésus. J’ai cru vraiment que j’étais en train de mourir. À cause de la foule, je ne pouvais pas sortir, et puis, dans ces moments-là, on ne peut pas marcher... J’ai dû presque me déshabiller dans l’église, parce que tout ce qui serre le corps augmente la douleur. . Mais je n’ai pas eu peur. Je sentais que Jésus me soulevait sur la croix... Ne le lui avais-je pas demandé, depuis cinq ans, de m’accepter comme victime? Maintenant était venue l’heure bienheureuse de l’assentiment divin[1]."
    Le vendredi saint 1934, elle fut "transpercée par l’amour" pendant qu'elle contemplait Jésus sur la Croix. C'est à cette occasion qu'elle compose son Hymne qu'elle répétait souvent, surtout aux heures les plus douloureuses, ou pendant le carême. Deux jours après, le dimanche 1er avril, elle se couchait pour ne plus se relever jusqu'à sa mort.

    Hymne à l’amour et à la souffrance

    "Vendredi-saint 1934.

    Il est l’Homme des douleurs, le Bien-aimé de mon cœur. Pour ressembler à Dieu, il me faut souffrir moi aussi.

    Venez donc à moi, chères épines, doux clous! Prenez-vous-en à moi, prenez-vous-en à moi, parce que l’épouse veut se parer des joyaux de son Roi.

    Vois comme son regard s’affaiblit, comme sa bouche est desséchée tandis qu’il prie sur la croix pour l’humanité mauvaise.

    Mon cœur, entends-tu la "Voix" murmurer des mots d’amour au milieu des sanglots?

    Comme sa douleur est grande ! Il meurt pour nous et pardonne, il nous promet le paradis; inclinant son doux visage, il dit: "J’ai soif!", et il attend notre pitié.    

    "Que puis-je offrir à tes lèvres bénies, à ton cœur souffrant, pour apaiser ton agonie finale? Par quel baume soulager ta poitrine, ô Rédempteur?  

    "Par ton affection fidèle et ta souffrance généreuse."

    Ah! Venez à moi, venez, douces épines et chers clous! Encerclez-moi, prenez-en-vous à moi, clouez-moi sur le bois dur! Que la tête de mon Roi repose sur ma poitrine et sur mon cœur! Je veux, par mon affection et mon amour, essuyer ses larmes, calmer sa fièvre, soulager son agonie.

    Bénie soit la souffrance qui me fait te ressembler!        

    Bénie soit ta croix qui m’élève au ciel!    

    Béni soit l’amour qui donne des ailes à ma douleur!    

    Béni soit le jour où ton regard m’a fascinée, bienheureux soit l’instant où tu m’as consacrée à toi, mais séraphiques sont les tourments qui m’unissent, ô mon Rédempteur; à la croix, à la souffrance, pour ta gloire, ô Dieu!  

    Ah, venez à moi, douces épines, chers clous! Ornez-moi, sculptez en moi l’aspect de mon Roi!

    Viens, viens, dur bois de la croix couleur de pourpre, c’est toi seul que je désire chercher ici-bas pour me soutenir!

    Le Rédempteur m’attend au ciel, dans la splendeur, non plus languissant et gémissant mais resplendissant pour l’éternité.  

    Vers lui je m’envolerai un jour, parée de la croix, la tête ceinte de ses épines, consumée par l’amour de lui.  

    Et parmi les anges en louange et les splendeurs séraphiques, il transformera tourments et souffrances en autant de joyaux.  

    Bénie soit la souffrance, bénie soit la croix, béni soit l’amour qui se réalisera pleinement au ciel !

    Elle rajoute dans son Autobiographie :

    "Écrire de la sorte, seulement l’écrire, n’aurait rien de méritoire. Ce pourrait même n’être qu’un vain exercice de mots. Mais quant à moi ces paroles, je les ai certifiées et je les certifie encore par ma souffrance que j’aime bien plus que moi-même. Et cela donne toute sa valeur à ce cri, qui s’est exprimé en un moment d’union profonde avec mon Roi crucifié.

    Ma maladie n’a cessé de s’accentuer en profondeur et en quantité de malaises, mais de mon côté je n’ai pas changé de refrain et je ne cesse de dire: “Bénis soient la douleur, la croix et l’amour”. Et je ne cesse d’appeler: “Venez donc à moi épines, clous, fouets, car ce que le monde fuit constitue mon repos, car lorsqu’augmente l’emprise de la souffrance, augmentent en même temps la paix et la béatitude, et pour toute cellule de mon corps qui se brise et pour toute force qui s’anéantit, je sens que s’ajoute pour moi une cellule de mon nouveau moi qui vivra au ciel, car le ciel appartient à ceux qui ont su mourir à la chair avant que la chair ne meure en eux.”

    Je souffre avec le Christ et c’est avec lui que je serai glorifiée. Sa vie et sa passion se manifestent en moi qui ne demande qu’à rester fixée sur la croix, sur cette croix qui est une folie pour les fils de perdition, mais qui constitue une force divine pour ceux qui sont entrés dans la voie du salut, comme le dit l’apôtre dont la parole est percutante et le cœur ardent[2].

    Deux jours après ce moment d’extase et ce cri de désir qui me fendit la poitrine, je fus mise en croix. Le Christ en descendait, dans la gloire de sa Résurrection, moi j’y montais par amour pour mes plus chers amis: Jésus et les âmes. J’avais fait un effort contre moi-même, pour ne pas donner d’inquiétude à papa, et pour éviter de rester au lit ce jour-là. Mais je ne tenais pas sur mes jambes. J’entendis, d’une radio voisine, la bénédiction papale, impartie après la canonisation de don Bosco. C’est avec ce viatique que je revenais au lit. Désormais nous avions transformé le salon en chambre à coucher et j’en pris possession… et c’est encore là que je suis[3]."

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    Notes et références

    1. Autobiographie, p. 340.
    2. St Paul dans 1 Corinthiens 1,17-25.
    3. Autobiographie, p. 429-430.