Correspondance de Maria Valtorta avec Monseigneur Alfonso Carinci
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Détails de l'œuvre | |
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Auteur | Maria Valtorta, Mgr Alfonso Carinci |
Titre complet | Correspondance avec Mgr Carinci |
Pages | 123 |
Parution | Janvier 2025 |
Éditeur | Centro editoriale valtortiano |
ISBN | 978-88-7987-410-6 |
Distribution | Librairie - vente en ligne - Site de l'éditeur |
Première édition en italien | |
Titre | Lettere a Mons. Carinci |
Parution | 2006 |
Éditeur | Centro editoriale valtortiano |
Traduction française | |
Traducteur | Yves d'Horrer |
Né à Rome le 9 novembre 1862, l’archevêque Mgr Carinci a été secrétaire de la Congrégation des Rites (aujourd'hui Dicastère pour la cause des saints). Ce proche de Pie XII était donc très attaché au respect des règles liturgiques.
À l’occasion d'une de ses visites à Maria Valtorta, qu'il tenait pour sainte, il avait lui-même célébré une messe dans sa chambre.
Il n'avait aucun doute sur l’origine surnaturelle de l'œuvre, dans laquelle "la partie doctrinale n'est pas séparée du récit: elle y est entrelacée artistiquement. Elle contient de nombreux discours de Notre-Seigneur, des apôtres, ou d'autres personnages. Je n'y ai rien trouvé qui soit contraire à l'Évangile. C'en est plutôt un bon complément qui en met le sens en valeur." (lettre à l'éditeur du 17 janvier 1952).
Il mourut le 6 décembre 1963, deux ans après Maria Valtorta
L'éditeur précise :"Le présent volume recueille les lettres que Maria Valtorta avait envoyées à Mgr Alfonso Carinci, qui les lui a restituées en son temps.La plupart de ces lettres sont manuscrites, mais quelques-unes sont dactylographiées. Elles sont en date du 9 janvier 1949,20 janvler1949, 8 mars 1949,16 mars 1949, 22 avril 1949, 16 juillet 1949 et 24 juillet 1950. Maria Valtorta en écrivait le brouillon et Marta Diciotti - Ia femme qui vivait avec elle pour l'assister - les tapait à la machine, en en faisant une copie sur papier carbone. Les corrections qui rendent les brouillons presque illisibles laissent penser que la transcription se faisait sous dictée. Maria Valtorta relisait la lettre dactylographiée, corrigeait au stylo les fautes de frappe, insérait quelques virgules et y apposait sa signature. Dans certaines lettres, elle a ajouté son adresse sous sa signature.
Nous conservons également certains brouillions de lettres manuscrites.
Quant aux réponses de Mgr Carinci, elles sont toutes autographes. Il s'agit souvent de billets sur du papier à en-tête, Mgr Carinci a gardé les brouillons de certaines de ses lettres, et nous les rangeons avec celles qu'il a envoyées à Maria Valtorta.
Nous avons inséré dans ce recueil quelques notes en les mettant entre crochets."
Sommaire de l'ouvrage[modifier | modifier le wikicode]
Il comporte l'échange chronologique de courrier entre le 9 janvier 1949 et le 23 décembre 1955. Il est précédé d'une présentation de Maria Valtorta et comporte, en annexe, l'attestation soumise au pape par Mgr Carinci, en date de 17 janvier 1952.
Texte de la première lettre[modifier | modifier le wikicode]
"Viareggio, le 9 janvier 1949Excellence,
Jamais je n'aurais osé m'adresser à Votre Excellence, bien que je me souvienne du 11 avril de l'an dernier[1] comme un jour de grâce : mon âme avait alors reçu un grand réconfort par votre présence et senti grandir l'espoir que s'accomplisse bientôt la volonté du Seigneur (l'approbation de l'Œuvre) grâce à votre intérêt bienveillant.
Mais vu la tournure que prennent les événements, j'éprouve aujourd'hui un tel besoin d'éclaircir certains points et de demander que d'autres le soient à mes yeux, que je me sens poussée à m'adresser à vous.
Je prie donc la charité sacerdotale et paternelle de Votre Excellence d'écouter ma pauvre âme, coupable uniquement d'avoir servi le Seigneur.
J'emploie ce mot de coupable, non parce qu'il serait coupable aux yeux de Dieu et des justes de rendre au Seigneur le service ordinaire ou extraordinaire auquel il appelle une âme, mais parce qu'il semble que je sois jugée coupable par ceux en particulier dont le jugement m'importe. Je ne m'en soucie pas pour moi-même, car je m'abstiens de juger, mais parce qu'il porte atteinte à la vitalité du don de Dieu : l’Œuvre, cette façon extraordinaire de servir Dieu que je n'ai pas désiré, croyez-moi, mais que Dieu a voulu.
On me rapporte que certains prélats ne cessent de créer de fortes difficultés pour entraver la parution de l'Œuvre.
J'ignore les raisons invoquées pour justifier ces entraves, mais il me semble qu'aucune des mesures adoptées n'est fondée.
Je vous prie, je vous supplie de m'écouter. Tout prévenu, tout accusé a le droit de s'expliquer et d'en appeler au jugement des hommes.
Que cela me soit permis à moi aussi, ne serait-ce que pour faire la lumière dans mon âme qui, franchement, est comme obscurcie par la tempête provoquée par l‘écroulement de trop de certitudes.
On m'a appris que le Pape est infaillible en matière de foi et de morale, qu'il est le Chef suprême de l'Église et le Père de tous les catholiques. On m'a appris que les évêques reçoivent la plénitude du sacerdoce, donc des lumières du Saint-Esprit, et par conséquent que leur jugement est éclairé par Dieu. Voilà ce que mes professeurs de religion m'ont enseigné au catéchisme; j'y ai toujours cru et je le crois encore.
Par ailleurs, le divin Maître m'a appris que la Sagesse, c'est-à-dire encore l'Esprit Saint, ne peut donner des inspirations opposées sur quelque point que ce soit, puisque l'Esprit qui inspire est un; et aussi cela: malheur au royaume divisé contre lui-même par les points de vue contraires de ses principaux membres, car c'est alors que l'action périt puis est remplacée par une confusion qui trouble les petits du troupeau. Il m'a encore enseigné que c'est pour cette raison que, en constituant son Église, il a fait le choix de Pierre pour le mettre à sa tête: il voulait que cela dure ainsi jusqu'à la fin des siècles, car la parole du chef, en cas de contradictions, a une force qui met fin à toute opposition. Enfin, il ne cesse de me répéter que celui qui, par son élection à la chaire de Pierre, devient un autre Christ, ne peut pas ne pas reconnaître le Christ qui parle dans les pages doctrinales de l'Œuvre.
Il se peut que je n'emploie pas les termes appropriés, mais je vous prie de garder à l'esprit que je n'ai fait aucune étude de théologie. Je crois cependant avoir su exprimer l'essence de l'enseignement que j'ai reçu.
Or ce qui se produit aujourd'hui est en opposition ouverte avec tout cela, et c’est tout un monde, le monde de ma confiance absolue dans les enseignements de l'Église, qui s'écroule à mes yeux. Une stupeur douloureuse pénètre mon âme et la trouble.
S'il me suffisait de me réfugier en Dieu pour obtenir satisfaction, je ne serais pas perturbée. Mais me réfugier en Dieu, qui m'aime infiniment et que j'aime avec mes capacités, ne suffit pas à obtenir que sa volonté sur l'Œuvre soit accomplie. Pour cela, les permissions des hommes sont nécessaires, or beaucoup refusent de les donner.
On m'a assuré à de nombreuses reprises - et je ne peux imaginer que ce soit faux - que Sa Sainteté n’est pas opposée à l'Œuvre.
Alors je demande: "Pourquoi n’intervient-elle pas avec toute son autorité devant laquelle toutes les autres doivent plier ?"
On me répond: "Parce qu'on ne peut arriver jusqu'à lui, ni lui faire parvenir aucun écrit à ce sujet."
Mais comment un père peut-il connaître les besoins de ses enfants si l'on empêche leur voix de lui parvenir? Comment ce Père commun peut-il accorder un entretien direct et bienveillant à son enfant qui le lui demande, si l'on empêche cette supplique d'arriver à son cœur ?
Pardonnez-moi, Excellence, si cette lettre dépasse la mesure.
Mais je suis confrontée à la nécessité d'éclaircir ma pensée une fois pour toutes, et de mettre en lumière certaines vérités que l'on a peut-être perdues de vue.
Je pourrais comprendre ces obstacles si j'exigeais que l'Œuvre porte mon nom, ou même si une simple indication pouvait permettre aux curieux de découvrir la personne qui l'a reçue. Mais justement, je ne le fais pas. je veux tout le contraire. Et si j'ai parfois haussé le ton trop sévèrement, c'est parce qu'il est arrivé que certains, croyant m'être utiles, ont voulu lever le voile sur ma personne, qui doit absolument rester inconnue. Si d'autres se sont trompés, cela ne doit pas retomber sur moi qui n'y suis pour rien, ni porter atteinte à l’Œuvre : ce serait une punition vraiment disproportionnée par rapport à l'erreur commise et au bien que pourrait faire l’Œuvre, mais qu'elle ne ferait plus si on lui faisait ce tort.
Pour mon compte, je le répète et je suis prête à le soutenir devant qui que ce soit, j'ai toujours cherché à garder l'obscurité et le silence sur moi ainsi que sur la grâce extraordinaire que j'ai reçue sans aucun mérite de ma part. Même le curé de ma paroisse, qui me connaît et me confesse depuis quinze ans, peut en témoigner: c'est seulement il y a deux ans - quand les supérieurs de l'ordre des Servites de Marie interdirent aux pères servites du couvent de la ville de me porter la sainte communion, mon unique joie et ma force dans ma longue et douloureuse infirmité - qu'il a appris de moi, et en confession, le don extraordinaire que j'avais reçu. Il n’en aurait rien su si je n'y avais été contrainte par cette interdiction et par la nécessité d'expliquer pourquoi les servites de Marie ne m'apportaient plus la sainte communion alors que je suis tertiaire servite, me mettant dans l'obligation de déranger les deux prêtres de ma paroisse, déjà surchargés de travail auprès des 15 000 âmes qu'elle compte.
Je comprendrais ces obstacles si j'exigeais que l’Œuvre soit qualifiée de révélée. Mais je ne le fais pas. Dieu ne demande pas que cela soit dit dès aujourd'hui, il laisse cela pour ceux qui le pourront plus tard, et si ce n’est pas lui qui l'ordonne, moi, je ne demande jamais rien pour moi
Je comprendrais ces obstacles si l'Œuvre était contraire à la religion et à la morale. Mais ce n’est pas le cas, comme beaucoup de personnes compétentes l’ont affirmé désormais, et en premier lieu le Saint-Père qui, à ce qu'on m'a rapporté, la garde dans sa bibliothèque privée [sous la forme de la copie dactylographiée en douze fascicules, sous le titre provisoire de Paroles de vie éternelle, puisque l'Œuvre n'était pas encore publiée].
Je comprendrais ces obstacles s'il s'agissait d’un nouvel évangile, inventé par ma cervelle. Mais comme je l'ai montré au Père Berti et comme toute personne dont l'intention est droite peut le remarquer, l'Œuvre contient tous, je dis bien tous les chapitres et versets de saint Matthieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean, expliqués par Jésus. Il éclaire des points demeurés jusqu'ici obscurs et apparemment démentis par les faits de ces vingt siècles, comme le verset "Cette génération ne passera pas avant que tout soit accompli", rapporté par trois évangélistes et largement repris dans les épîtres de saint pierre et de saint Paul. Les quatre évangiles sont complétés par ces "autres choses que Jésus a faites" auxquelles saint Jean fait allusion à la fin de son évangile.
Alors pourquoi empêcher un imprimatur et rendre nulle l’approbation d'un excellent évêque, en jugeant implicitement que, en dépit de la plénitude du sacerdoce qu'il a reçu, il aurait eu un avis erroné ?
J'ai lu bien peu de livres à caractère religieux: la vie de cinq saints, celui du Père Moresco sur les enfants de Fatima, et tout dernièrement Le levain dans la pâte de l'abbé Godin. Je vois que tous ont reçu cette approbation, qu'il s'agisse de biographies de morts ou de vivants. Or il ne me semble pas que, lorsqu'ils citent des passages évangéliques, ils soient toujours restés très fidèles au texte. Ils ont néanmoins été approuvés. J'ai lu, il y a plus de vingt ans, la Vie du Christ de Papini. C'est la seule vie du Christ que j'aie lue. Littérairement, elle est belle, mais elle nous montre un Christ qui n'est pas le Christ. Et pourtant, elle n'a connu aucune opposition.
Même si je n'en ai pas lu, je sais qu'il existe des livres contenant des théories vraiment opposées à Dieu, que j'ai dû combattre, par amour de la vérité, dans la tête de ceux qui les tenaient pour bonnes.
Ces ouvrages se répandent tranquillement dans les foules, et personne n'en prend ombrage car ils passent pour des livres scientifiques. Une bien pauvre science, si l'on nie le Créateur, la création, l'âme et l'au-delà, selon ce que nous enseigne Jésus-Christ !
Eh bien ! tous ces ouvrages ne sont pas aussi combattus que Paroles de vie éternelle.
Comment cela se peut-il? Pour ma part, j'affirme que cette bataille est la meilleure preuve que l'Œuvre vient vraiment de Dieu, car, comme tout ce qui est de Dieu, elle est "signe de contradiction".
Toutefois, il déplaît à Dieu que son don gise, inerte, alors qu'il serait tellement nécessaire qu'il soit lu par tant d'égarés...
Excellence : le 11 avril, je vous ai demandé une seule chose : l'approbation de l'Œuvre dans l'intérêt suprême du Saint-Père.
Je vous le redemande aujourd'hui.
Et c'est les yeux posés sur le petit cadre que vous avez bien voulu me laisser en souvenir de votre visite, c’est en regardant sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus qui m'a servi de maîtresse en offrande d'amour pour le Seigneur, pour l'Église et pour les âmes, que je vous supplie : "Soyez pour moi un très doux Pasteur, compréhensif comme le fut l'évêque de Bayeux pour la petite Thérèse Martin."
Portez mon cri de supplication à Sa Sainteté ! Tous mes espoirs reposent sur 1ui.
Aidez-moi à satisfaire le Seigneur, qui veut que l'Œuvre atteigne les foules que trop de doctrines politiques et de mondanités effrénées ramènent à un paganisme terrifiant, ou même, plus qu'à un paganisme, à de la haine envers Dieu et son Église. Cela épouvante et peine tous les catholiques et les justes d'esprit, ainsi que moi-même parmi eux, qui voudrais mettre fin à tour prix à ce qui attriste le Saint-Père, comme toute la chrétienté, et offense le Seigneur.
Je vous demande pardon de vous avoir importuné et de m'être permis de vous adresser une lettre dactylographiée. Mais mon état a bien empiré depuis deux mois et cela m'interdit d'écrire de ma main.
Je baise l'anneau pastoral de Votre Excellence, et je vous demande votre bénédiction.
Maria Valtorta
113, via Fratti, Viareggio[2]"