Pourquoi l'Œuvre de Maria Valtorta n'est pas un cinquième Évangile
Pour répondre à cette question, nous devons définir avec précision ce qu'est un Evangile, pour voir ensuite si l'oeuvre de Maria Valtorta y correspond ou non.
Un Evangile constitue pour l'Eglise le fondement de sa foi en Jésus-Christ notre Seigneur, et possède pour cela deux caractéristiques fondamentales:
1 - C'est d'abord un témoignage historique sur la vie du Christ. Or un historien travaille exclusivement sur des témoignages d'époque, réputés fiables, rédigés par des contemporains des événements décrits.
Pourquoi notre foi ne repose-t-elle pas sur des écrits reçus à postériori par révélations, puisque Dieu aurait très bien pu tout nous dire par ce moyen, sans jamais nous tromper ? Tout simplement parce qu'il nous faut ensuite transmettre notre foi au monde entier, lequel croira beaucoup plus un témoignage tangible venant des témoins de ce qui s'est passé sous leurs yeux, à telle date et à tel endroit du globe, alors qu'il serait en droit de douter de l'authenticité d'un témoignage non historique, non vérifiable, reçu seulement par une révélation ultérieure.
Ce fut pourtant le cas pour saint Paul, qui reçut directement l'Evangile par révélation privée. Mais justement, il alla ensuite soumettre tout ce qu'il avait reçu à saint Pierre le premier Pontife, détenteur du témoignage de référence sur le Christ, afin d'être en communion avec l'Eglise et ''"de ne pas risqué de courir ou d'avoir couru pour rien."'' (Galate 2,2) Il savait en effet que la révélation privée dont il avait été gratifiée ne pourrait qu'être validée par les apôtres, dont les Evangiles restaient la seule référence : et ainsi, il n'y eut jamais un cinquième Evangile selon saint Paul.
Maria Valtorta n'a pas vécu à l'époque du Christ : cela suffit à rendre impossible que ses écrits puissent constituer un témoignage historique au même titre que les quatre Evangiles, puisque s'ils parlent bien eux-aussi avec exactitude de la Vie de Jésus, l'auteur ne l'a cependant vue qu'après coup par des visions, auxquelles chacun peut croire ou non de foi humaine. Dieu en effet en a ordonné ainsi : Il n'exige la foi certaine des fidèles que dans le cas d'un témoignage historiquement attesté, et non dans le cas d'une révélation privée, inférieure en cela aux saintes Ecritures.
Pourquoi ce premier point est si fondamentale ? Parce qu'il faut une preuve tangible de l'Incarnation : si celle-ci a réellement eu lieu, alors il y a forcément des témoignages historiques écrits du temps du Christ qui l'attestent, et si elle n'a pas vraiment eu lieu, alors il n'y en a pas.
C'est une première différence majeure avec les quatre Evangiles, qui fait que l'Oeuvre ne peut absolument pas être le cinquième d'entre eux. Mais il y a encore une seconde différence, non moins importante que la première.
2 . Pour pouvoir servir d'outils liturgiques, les quatre Evangiles canoniques sont volontairement compendieux, c'est-à-dire succincts, allant à l'essentiel sans décrire tout en détail, afin qu'en un minimum de longueur, la foi puisse être transmise sans erreur, et ceci pour une raison bien simple à comprendre : notre religion est fondée sur la Liturgie de la Nouvelle Alliance, celle de la Messe, Festin de la Parole de Vie, durant lequel le Christ nourrit ses fidèles de son Corps et de son Sang, livrés en sacrifice pour nos péchés, nous accordant ainsi la Vie Eternelle.
Le caractère compendieux est donc constitutif d'un Evangile, même si sa longueur et son style peut très bien varier d'un auteur à l'autre.
Or, l'Oeuvre de Maria Valtorta est tout sauf un résumé synthétique de la Vie de Jésus ! Elle est inutilisable telle quelle durant la liturgie, qui nécessiterait de durer des jours entiers s'il fallait y lire l'intégralité de l'Oeuvre tous les ans.
Pour ces deux raisons, "l'Evangile tel qu'il m'a été révélé" ne peut en aucun cas être confondu avec un cinquième Evangile, ni remplacer l'un d'entre eux et encore moins tous les quatre, car ces derniers sont indispensables comme référence de la foi apostolique, comme témoins de l'Incarnation réelle du Christ, et comme outils liturgiques, capables d'être insérés dans la Bible, laquelle ne variera plus jusqu'à la fin du monde.
Mais pour ceux qui aiment passionnément Jésus notre Seigneur, et pour lesquels aucun détail de sa Vie n'est superflu à connaître, ces écrits sont une formidable source d'informations, d'émerveillement, de découvertes, ils sont un lieu privilégier pour encore mieux toucher, entendre, voir, connaître le Verbe de Vie qui était au commencement et qui nous est apparu (1 Jean 1), pour plonger dans une lecture vivante des Evangiles à la manière dont le recommande un saint Ignace de Loyola dans ses Exercices, qui sont on ne peut plus d'actualité aujourd'hui.