Nazareth s'interroge sur Jésus
Au sortir de la synagogue de Nazareth, les gens s'interrogent : "Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ?". Jésus leur répond "Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison." et il ne pouvait accomplir aucun miracle.
Dans les Évangiles
L'épisode est rapporté en Matthieu 13,53-58 et en Marc 6,1-6. On les rapproche généralement du texte de Luc 4,16-30, ce que ne fait pas Maria Valtorta. En effet, si dans Matthieu et Marc, les habitants de Nazareth s'interrogent sur la sagesse de Jésus et ses miracles qu'ils ne comprennent pas, dans Luc, ils le chassent. Dans Matthieu et Marc, Jésus est accompagné de ses apôtres, dans Luc il est seul. Dans Matthieu et Marc on ignore le discours qui frappe tant l'assistance, dans Luc on connaît le commentaire de Jésus. Il n'y a donc en commun dans ces récits parallèles qu'un enseignement de Jésus dans la synagogue et qu'une réaction diverse de l'assistance.
Dans Maria Valtorta
L'épisode rapporté par Luc
Il se situe au tout début de la vie publique[1] comme le suggère le texte. L'épisode se situe juste après sa tentation dans le désert et il revient à Nazareth précédé d'une grande réputation[2]. Il annonce qu'il est venu accomplir l'année de grâce, "l'année favorable" prophétisée par Isaïe[3]. Les Nazaréens pensent tenir là la gloire du pays qui leur apportera renommée et retombées financières. Jésus les détrompe : il est venu les appeler tout au contraire à se dépouiller de leurs passions et à cesser de suivre Mammon. L'assemblée murmure (EMV 106.3) et devient houleuse quand Jésus affirme "qu'en vérité aucun prophète n'est bien reçu dans sa patrie. D'autres pays m'ont accueilli et m'accueilleront avec une plus grande foi, même des pays dont le nom est pour vous un scandale." et il cite Élie et Élisée comme le rapporte Luc[4]. Ç'en est trop, l'assemblée devient menaçante et chasse Jésus qui, protégé par ses cousins, ne sera en sécurité que dans un village voisin éloigné (EMV 106.5). Sa mère alertée, l'a rejoint et le supplie de s'éloigner de Nazareth, ce à quoi Jésus finit par consentir pour quelques temps afin de rassurer la Vierge Marie (EMV 106.7).
L'épisode rapporté par Matthieu et Marc
Plusieurs mois ont passé[5], Jésus a prodigué ses enseignements aux foules venues l'écouter au mont des Béatitudes, il a chassé les démons dans un troupeau de porcs, etc. Les textes de Matthieu et de Marc le rappellent. Tout le monde en parle et les Nazaréens sont intrigués. La curiosité les pousse à écouter de nouveau à la synagogue celui qu'ils avaient chassé et qui revient auréolé de gloire et accompagné de ses premiers disciples.
La lecture du jour est l'apologue d'Abimélech[6], une fable qui met en scène les arbres qui se cherchent un roi au rabais. Jésus, lecture faite, commente longuement le texte dans un sens spirituel et non historique (EMV 246.1/6). Cet enseignement nouveau et d'une grande profondeur, frappe l'assistance : "D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ?".
Jésus propose alors un second apologue (parabole) mettant en scène un agneau qui devient un roi combattu en devenant grand (EMV 246.7/9). Tout le monde comprend que cet agneau c'est Jésus, le fils du charpentier. Comment peut-il se proclamer roi ! Ses succès lui seraient-ils monter à la tête ? "Et ils étaient profondément choqués à son sujet" disent les évangélistes[7]
Jésus s'éloigne avant d'être rejoint par un de ses disciples, Alphée de Sarah, qui est resté à débattre au sortir de la synagogue. Il rapporte à Jésus les calomnies qu'il a entendu. Jésus lui répond :"Ne t'en afflige pas. Un prophète généralement n'est pas honoré dans sa patrie et dans sa maison. L'homme est sot au point de croire que, pour être prophètes, il faut être des êtres pour ainsi dire étrangers à la vie. Et les concitoyens et ceux de la famille plus que tous connaissent et se rappellent le caractère humain de leur concitoyen et parent, mais la vérité triomphera. Et maintenant je te salue. La paix soit avec toi (EMV 246.13)."
Les "frères" et les "sœurs" de Jésus
Les "frères" de Jésus sont ses quatre cousins issus du mariage d''Alphée, le frère aîné de St Joseph et de Marie son épouse, autrement appelée par référence à son père Marie (fille) de Cléophas.
Les "sœurs" de Jésus sont les épouses des deux aînés, José(Joseph) et de Simon devenus disciples sur le tard. Les deux autres frères, Jude et Jacques sont célibataires mais apôtres de la première heure.
Datation de la vie de Jésus
Cet épisode est l'une des dix données de l'Évangile qui permettent à Jean-François Lavère[8], avec les données historiques et les données temporelles de Maria Valtorta, de dater la vie de Jésus entre le 10/11 décembre de l'an -5 (naissance) et le 5 avril 30 (mort sur la Croix).
Notes et références
- ↑ Le samedi 11 septembre 27 (23 Eloul 3787) selon l'étude sur la datation faite par Jean-François Lavère. Nazareth.
- ↑ Cf. Luc 4,14-16.
- ↑ Luc 4,21.
- ↑ Luc 4,23-28.
- ↑ L'épisode se déroule le samedi 17 juin 28 (7 Tammouz 3788) selon l'étude déjà citée.
- ↑ Juges 9,7-15. Abimélech ou Abimélek est le fils naturel de Gédéon et d’une de ses servantes de Sichem. À la mort de son père, Abimélech convainc les habitants de Sichem de le faire roi à la place d’un des 70 fils légitimes de son père. Il les fait tuer après avoir été proclamé roi. Mais le plus jeune fils de Gédéon, Jotham (Yotham) échappe au massacre et prononce, sous forme de fable (apologue), son réquisitoire contre l’usurpateur qui ne tardera pas à être tué par une femme qui l’assomme par une pierre jetée d’une muraille.
- ↑ Matthieu 13,57 | Marc 6,3.
- ↑ Enquête sur la datation de la vie de Jésus, p. 50. Déjà citée.